thé n. m.
◆ Infusion, tisane. Thé aux herbes. Thé de menthe, de marjolaine, de camomille, de verveine. Des thés
sauvages. ⇒ cynor(r)hodon ; portion ; tirer.
1 « Parfois le thé glacé / les feuilles de menthe recroquevillées dans l’eau qui s’élargissent et s’étendent
/ le thé bouscule le gosier, durcit l’estomac sous la blouse […]. » A.-L. Grobéty, Zéro positif, 1975, p. 339.
2 « En buvant du thé de thym (excellent, le thé de thym !), j’apprends comment fonctionnent les communes. » Femina, 14 juillet 1976, p. 15.
3 « Ils burent du thé de marjolaine, croquèrent des biscuits aux raisins secs. Elles ne désiraient pas
souper*, non vraiment, ce voyage en train leur avait coupé l’appétit. » C. Bille, Le Bal double, 1980, p. 8.
4 « À part ça quelle saveur dans une gourde de thé de menthe froid ou un café brûlant ! » M. Chappaz, Le Livre de C, 1986, p. 89.
◇ Un thé noir, une infusion de thé (et notamment de thé noir, par opposition au thé vert et aux
différentes sortes de thé aux herbes). Un thé noir avec de la crème. Un thé noir au lait.
5 « Et d’ailleurs lorsqu’elle sera tout à fait habituée à notre genre de vie, elle n’ira
plus à la cuisine boire du thé noir avec la femme de ménage, d’ailleurs quelle charmante simplicité ! » C. Colomb, Le Temps des anges, 1962, p. 45.
6 « Assise devant son bol de thé noir, croquant un biscuit, elle parle d’un ton léger […]. » J. Mercanton, L’Été des Sept-Dormants, 1974, p. 275.
7 « J’ai dû m’asseoir dans le grand canapé bien coupé, avoir sous mes lèvres la mince
cloison de la porcelaine rose où brûle un thé noir, des œillets compliqués dans un beau vase, je me suis presque sentie en sécurité,
les fesses dans le velours, le liquide chaud, son gentil sourire déjà embourgeoisé,
la platitude de ses cheveux. » A.-L. Grobéty, Zéro positif, 1975, p. 29.
8 « Quelle autre boisson possède autant de qualités que le thé noir ? Jugez-en vous-même : Le thé noir est délicieux. Il est dépourvu de calories. Faites-le infuser pendant deux minutes :
sa théine en fait un stimulant. Prolongez l’infusion : l’arôme du thé se développe
et le tanin le transforme en breuvage calmant pour les voies digestives. En outre
le thé noir contient du fluor contribuant à prévenir la carie et d’autres substances minérales
précieuses à l’organisme. » Bouquet, 12 janvier 1977, p. 3.
9 « […] il est plus que facile de préparer un thé noir dont la saveur et l’arôme se développent encore mieux. » Bouquet, 13 juillet 1977, p. 67.
↪ V. encore s.v. cuire I 1.
Remarques. En fr. de France (et du Canada), le syntagme thé noir n’est pas véritablement lexicalisé et évoque plutôt un thé sans lait ni crème ayant
infusé assez longtemps pour acquérir une couleur très sombre (à moins qu’on ne l’utilise
pour désigner les feuilles de thé fermentées et séchées, par opposition aux feuilles
de thé seulement séchées, qu’on appelle thé vert).
Commentaire. Premières attestations : 1829-32 (thé de Suisse “plantes vulnéraires, cueillies dans les montagnes et desséchées” GuilleNeuch 1829-32) ; 1861 (thé de violettes, de lierre terrestre, CalletVaud) ; 1864 (thé de camomille, thé de mauves, GrangFrib) ; 1945 (« la directrice qui buvait en cachette du thé noir en soutenant de la main gauche sa vaste poitrine » C. Colomb, Châteaux en enfance, p. 183). Cet emploi, également courant en Belgique et en Alsace, est stigmatisé comme
germanisme par certains puristes (Déf., du fr., Arès). Or, si l’allemand Tee n. m., qui désigne aussi les tisanes, a probablement contribué à son maintien et à sa diffusion,
l’emploi du mot thé en français de France pour désigner par ext. différentes plantes à infusion n’est pas inconnu (v. FEW, GR 1985, TLF). Sa fortune
dans certaines régions s’explique peut-être par la connotation trop médicale ou pharmaceutique
des équivalents tisane et infusion. J. Gilliéron note en 1922 que le mot tisane « en Suisse et en Belgique, et probablement aussi dans plus d’une province de France,
est un mot qui n’est pas employé par le peuple ». Pour un phénomène comparable, cf. bouteille “biberon” (v. bouteille à la nomenclature). — L’emploi romand est à ajouter à FEW 20, 111b-112a, t ?h.
Bibliographie. CalletVaud 1861 ; GrangFrib 1864 ; OdinBlonay 1910, p. 74b s.v. buno̩mo et 328a s.v. makoré̩ (dans la métalangue définitionnelle) ; J. Gilliéron, Les étymologies des étymologistes et celles du peuple, Paris, Champion, 1922, p. 1-3 ; Voillat 1971, p. 227 ; Défense du français n° 136,
janvier 1974 et n° 310, mai 1991 ; Hanse 1983, 1987 (> « en Belgique » GR 1985, 2001, TLF) ; WolfFischerAlsace 1983 ; MassionBelg 1987 ; « Belgique, Suisse » PLi depuis 1989 ; « um Tee (3) u. Tee (4) zu unterscheiden, wird Tee (3) oft schwarzer Tee u. Tee (4) Kräutertee genannt » LangenscheidtGroß 1993 ; ArèsParler 1994 ; Belg 1994.
Copyright © 2022, tous droits réservés
|