les citations
cuire v. tr. et intr.
I.◆ 1.◆ (v. tr.) Faire bouillir (de l’eau, du lait, etc.) à des fins comestibles. Cuire de l’eau pour faire du thé ; cuire du thé.
1 « En plus de ce vaccin et des mesures d’hygiène publique, il incombe à tous les voyageurs se rendant dans une zone menacée de prendre personnellement certaines précautions : […] Cuire tous les aliments, y compris le lait et l’eau destinée à la consommation […]. » Bouquet, 26 janvier 1977, p. 97.
2 « Quant aux biscuits à la peau du lait [sic], ils représentent, si je puis dire, une production annexe à celle du kéfir que l’on peut fabriquer chez soi et qui nécessite que l’on cuise, chaque jour ou tous les deux jours, une certaine quantité de lait entier […]. » Lausanne-Informations, 4 mai 1977, p. 11.
↪ V. encore s.v. carotte rouge ; costume de bain.
(en emploi abs.) Une bouilloire qui cuit bien.
(v. intr.) Bouillir (en parlant de l’eau, du lait, etc.). L’eau, le lait cuisent. Il ne faut pas que l’eau cuise à gros bouillons.
3 « L’eau cuit, tu peux faire le thé. » Enq. CD/II, 1975-1981 (NE Neuchâtel).
(En construction factitive) Faire cuire de l’eau pour les pâtes. Mettre cuire l’eau pour le thé.
4 « – Fais donc des compresses de thé* noir ! conseillera-t-elle. / – Bonne idée ! je vais mettre cuire l’eau. » Fr.-Ch. Gehri, Un sou d’or, 1974, p. 169.
I. 2.◆ (v. tr.) Faire bouillir (la lessive, des vêtements, des draps, etc.) à des fins de lessivage. Cuire les draps. Cuire le linge avec de la cendre.
5 « Quelques coups de ciseaux dans un tissu tout frais, pur coton, facile à laver et à cuire et vous voilà parée pour l’après-baignade. » Femina, 14 juillet 1976, p. 26.
6 « Une boucherie, ma pauvre petite, c’est comme je te dis. Une vraie boucherie. Il s’est acharné toute la nuit. Au matin elle était ensanglantée, à moitié morte, c’était horrible, elle n’a jamais osé donner les draps à la blanchisserie, elle les a cuits et recuits, elle n’a jamais pu les détacher complètement. » J. Chessex, Où vont mourir les oiseaux, 1980, p. 83.
(en emploi abs.) Une machine à laver qui cuit mais qui n’essore pas.
(v. intr.) Bouillir, subir un lavage dans une eau portée à très haute température (en parlant de la lessive, des vêtements, des draps, etc.). La lessive cuit. Ces blouses cuisent ou peuvent cuire, on peut les faire bouillir, les faire laver à très haute température.
(En construction factitive) Faire cuire les draps, les mouchoirs.
II.◆ (v. intr.) Cuisiner, faire la cuisine. Elle sait bien cuire. Il a cuit pour nous toute la journée.
7 « La patronne cuit pour les cochons, elle a le chignon défait, les pommettes rouges, elle brasse la soupe de farine de glands et de pommes de terre qui fait de grosses bulles brunes dans la marmite ! » J. Chessex, Portrait des Vaudois, 1969, p. 88.
8 « Je me rappelle ma grand-mère, jamais elle a voulu cuire dans une casserole en aluminium. » RSR, 18 avril 1976.
9 « Nous cherchons pour le 1er septembre / JEUNE FILLE / sachant cuire et faire le ménage. » La Gruyère, 7 août 1976, p. 8.
10 « On vous a répété pendant des années, et plusieurs fois par jour, que la Suissesse devait cuire à l’électricité […]. » Tribune-Le Matin, 3 octobre 1976, p. 11.
11 « [publicité] Tout pour cuire chez soi » Coopération, 4 novembre 1976.
Remarques. Cf. encore cuite n. f. “quantité de linge que l’on fait bouillir en une fois” (GPSR 4, 649b-650a ; cf. Morez [Haut-Jura] cuite “lessive” RobezMorez 1995), encore très courant (cf. ChapuisMots 1988) ; le mot est aussi attesté dans IttÇà 1975 (p. 171, 221, 240) avec le sens de “cuisson (du pain, des pommes de terre)” et dans GPSR (ibid.) avec le sens de “ce qui est cuit en une fois (se dit des aliments, surtout du pain)”. — Cf. encore cuit-lait n. m. “petite casserole à parois élevées, d’un diamètre d’env. 15 cm, d’une capacité d’env. 2 litres, destinée à faire bouillir le lait” (Haushaltapparate / Articles ménagers / Articoli elettrodomestici ‘95, catalogue de la maison Electroline, p. 10, 15) ; correspond à l’all. Milchkocher n. m.
Commentaire. Première att. au sens I : 1829-32 (Guillebert) ; au sens II : 1864 (Grangier). L’emploi classé sous I est très bien attesté dans les patois suisses romands (v. GPSR) ; on le retrouve aussi en français régional de Belgique, de Lorraine, d’Alsace et de Haute-Saône. Cf. en outre les nombreuses données dialectales de l’est galloroman où le représentant local de cŎquĔre a les sens de “bouillir ; faire bouillir” (Moselle, Vosges, Doubs, Aoste, Haute-Savoie, Lozère, Haute-Loire ; v. FEW). Quant à l’emploi classé sous II, non attesté dans les patois romands mais connu en français régional de Lorraine et d’Alsace, il pourrait s’agir d’un germanisme (< all. kochen, qui a entre autres le sens de “cuisiner”), ou d’un emploi absolu de cuire v. tr., bien attesté en français de référence (et d’un usage particulièrement fréquent en Suisse romande) avec des compléments directs désignant des aliments (cuire de la viande, des légumes, des fruits, de la pâtisserie, etc. ; v. par ex. TLF, GR 1985) ; cf. en outre frm. cuire v. tr. abs. “cuire le pain”. V. aussi DRF.
Bibliographie. GuilleNeuch 1829-32 ; PeterCacol 1842 ; Humb Gen 1852 ; CalletVaud 1861 ; GrangFrib 1864 ; BonNeuch 1867 ; Pier, PierSuppl ; BoillotGrCombe 1929, p. 204 ; « a parfois le sens de “faire la cuisine” » RobillotMetz 1936, p. 54 ; FEW 2, 1165a, cŎquĔre I 1 c ; GPSR 4, 637b-638a s.v. cuire 1° 1 et 639ab s.v. cuire 2°, 3° ; MeijerEnq 1962, p. 175 ; Corbellari 1968, p. 708 ; Voillat 1971, p. 227 ; DondaineAuth 1976, p. 59 ; HanseChasse 1980, p. 23 ; Had 1983 ; WolfFischerAlsace 1983 ; Hanse 1983, 1987 ; Nic 1987, 1990 ; ChapuisMots 1988 ; LanherLitLorraine 1990 ; DuchetSFrComté 1993 ; Lengert 1994 ; Belg 1994 ; DRF 2001.
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