les citations
emposieu [ɑ̃pɔzjø] 🔊 n. m. (pl. -ieux)
◆ Excavation circulaire en forme d’entonnoir dans le sous-sol calcaire par où s’écoulent les eaux des hauts plateaux du Jura.
1 « Il ne faut plus jeter les déchets dans les emposieux. » Enq. CD/II, 1975-1981 (BE Moutier).
2 « Cette vache est tombée dans un emposieu. » Enq. CD/II, 1975-1981 (JU Porrentruy).
3 « La route reliant Saignelégier à Tramelan s’affaisse à la hauteur de l’étang de la Gruère. Pendant quinze jours, la route sera fermée à la circulation pour procéder à la consolidation de la chaussée. Le trop-plein de l’étang provoque l’agrandissement d’un emposieu proche de la route. » Le Nouveau Quotidien, 24 octobre 1994, p. 20.
4 « En outre, des expériences réalisées en 1900 prouvent que l’eau, colorée à la sortie du lac [des Taillères], traverse les roches sous les Fontenettes et ressort à six kilomètres de là dans le pittoresque cirque de Saint-Sulpice. Il donne naissance à l’Areuse, qui se jette dans le bassin du Rhin, via le lac de Neuchâtel. Alors que l’eau de l’emposieu de l’Aneta, à très courte distance du lac des Taillères, réapparaît quelque quatre jours plus tard dans le Doubs, donc dans le bassin du Rhône. » Construire, 11 janvier 1995, p. 50.
(par métonymie) pl. Endroit où se trouvent des emposieux.
5 « L’ombre des servantes s’est mise devant elle, plus noire que le trait de suie des forêts, mais elle marche, et, glacée jusqu’aux os, tandis qu’elle se rapproche de sa maison, elle murmure pour elle toute seule des bouts de paroles. […] Autour d’elle, est monté le grincement des girouettes. Elle arrive maintenant sous le vent qui souffle des emposieux quand il tourne à l’ouest. » J.-P. Monnier, L’Allégement, 1975, p. 57.
(emplois fig.)
6 « J’ai vu mon visage dans mon café ; je voyais mes yeux inquiétés qui se regardaient dans l’emposieu noir de mon café […]. » A.-L. Grobéty, Pour mourir en février, 1970, p. 115.
7 « Je disparais à moi-même pendant plusieurs jours. On me nourrit avec du miel et des thés* sauvages. On me pose des compresses sur le front. J’émerge soudain. Je patauge entre les murmures, les rais d’ombre et de soleil, dans le dédale des meubles de la chambre comme dans une ouverture d’abîme, un “emposieu”, un “avale-l’âne” dans un pré mouvant d’où je ressors timidement. » M. Chappaz, À rire et à mourir, 1983, p. 117.
Localisation. Arc jurassien.
Remarques. En SR, tous les documents écrits attestent le pluriel ‑ieux, alors que GrevisseGoosse13(§ 502 b) signale l’occurrence d’un pl.ieus en France. — Dans la lexicographie française, le mot se trouve à la nomenclature des ouvrages suivants, le plus souvent comme « mot du Jura » : Lar 1870, 1901, 1930, 1961 ; LittréSuppl 1877 ; GLLF 1972 ; Lexis 1975, 1992 ; Alpha 1982. Il manque (entre autres) à Rob, TLF, GR 1985, Hachette 1987, 1993 et GR 2001. — Le français de référence a adopté le synon. aven n. m. (v. FEW 24, 33a, *ABINKO‑ 1), également d’origine régionale.
Commentaire. Attesté depuis le xve siècle dans des toponymes, et depuis 1856 comme appellatif (v. GPSR). Dialectalisme ; dérivé parasynthétique appartenant à la famille de fr. puits ; type également attesté dans les patois et le français régional de Franche-Comté.
Bibliographie. Pier, PierSuppl ; FEW 9, 627b, pŬteus I 2 b α ; GPSR 6, 337ab ; « très usuel » DurafHJura 1986, p. 85 (embossieu ou emposieu) ; DromardFrComt 1991 ; ColinParlComt 1992 s.v. embossieu et empusou (comm. étym. à rectifier) ; Lengert 1994 (où la première att. est à corriger : « CN 1163 » dans GPSR renvoie à la Carte nationale de la Suisse, et ne représente pas une année) ; RobezMorez 1995 s.v. amposieux (comm. étym. à rectifier).
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