cagnard n. m.
◆ (fam.) Réduit, cagibi.
1 « J’ai pénétré dans l’obscur “cagnard” de la ferme paternelle en poussant la porte basse. » W. Dubois, En poussant nos clédars, 1959, p. 113.
2 « Dans le village d’où je viens, on appelle encore “cagnard” l’armoire du corridor dans laquelle on entasse les provisions pour l’hiver. » Courrier neuchâtelois, 12 août 1987.
↪ V. encore s.v. tablar 1.
Localisation. 〈Canton de Vaud〉, 〈Canton de Neuchâtel〉.
Remarques. Très rare dans la langue écrite. — En français de référence, cagnard connaît de nombreuses acceptions marquées tantôt comme vieilles ou vieillies (“arche de pont servant d’abri à des chemineaux, à des vagabonds ; lieu de prostitution ;
endroit malpropre, recoin où s’amoncellent les immondices ; abri de planches sur le
pont d’un bateau”), tantôt comme régionales (Provence, Languedoc “lieu ensoleillé, abrité du vent”) ; v. GLLF 1971, TLF, GR 1985 et DRF 2001. L’emploi relevé dans les cantons de Vaud
et de Neuchâtel (v. ci-dessus) n’a pas été répertorié jusqu’à maintenant dans la lexicographie
française.
Commentaire. Premières attestations en Suisse romande : 1597 (“lit ?” VD Vevey) ; 1693 (“cabinet” VD Lausanne) ; aussi attesté avec des sens proches dans les patois, v. GPSR. Type
lexical originaire du sud galloroman, passé en français de référence avec les marques
« rég. » ou « arch. » ; le mot attesté en Suisse romande pourrait avoir été « emprunté du mfr. cagnard », comme le suppose le GPSR, mais il pourrait aussi être venu directement du sud, avec
évolution sémantique indépendante. Les sens les plus anciennement attestés en Suisse
romande (“lit ; cabinet”) sont en effet assez éloignés des sens relevés en moyen français (“coin de rue où peuvent se retirer les fainéants”, v. GdfC ; “lieu exposé au soleil et abrité contre le vent”, v. FEW), à l’exception d’un hapax chez Montaigne (“coin où l’on se retire, réduit, abri misérable”) ; or, chez cet auteur, il pourrait facilement s’agir d’un méridionalisme, et non
d’un emploi de la langue centrale qui aurait essaimé en Suisse romande.
Bibliographie. DeveleyVaud 1808, n° 358 ; DeveleyVaud 1824 ; GuilleDial 1825, p. 87a ; CalletVaud
1861 ; BonNeuch 1867 ; GdfC 8, 406bc ; « lieu bien exposé au soleil » PuitspeluLyon 1894 ; OdinBlonay 1910, p. 251b ; Pier ; FEW 2, 185b, *cania I 3 a ; GPSR 3, 30b-31a ; IttCons 1970 (> DFV 1972, CuenVaud 1991) ; Pid 1983, 1984.
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