les citations
carnet n. m.
I.◆ 1.◆ carnet (d’épargne, de placement) n. m. Petit cahier émis par une banque et dans lequel sont inscrits les versements, les retraits et les intérêts du bénéficiaire d’un compte d’épargne (ou de placement). Carnet nominatif, au porteur. Il s’est fait voler son carnet d’épargne. Il a égaré son carnet.
1 « Oui, ça sert à quoi, cet argent. Alors voilà. Mon carnet tu l’as vu. Faut me dire combien je te dois pour les bêtes avec les frais que tu as eus. Pour les intérêts, ça veut* déjà* assez* s’arranger. » A.-L. Chappuis, Juste avant l’orage, 1973, p. 229-230.
2 « Le livret d’épargne N° […] a été égaré. La personne qui l’aurait trouvé ou le détiendrait à quelque titre que ce soit, est sommée d’en donner avis sans tarder à l’Union de banques suisses à Sion. A défaut de présentation dans le délai de trois mois à dater de la présente publication, le carnet sera annulé conformément à l’article 90 du Code des obligations. » Bulletin officiel du Canton du Valais, 12 octobre 1973, p. 895.
3 « Un cambrioleur qui s’est introduit vendredi après-midi dans un appartement biennois* au moyen d’une fausse clé a fait main basse sur une cassette contenant 1300 fr., des carnets d’épargne et des certificats de dépôt pour une valeur de 25 300 fr., ainsi que divers documents. » Tribune-Le Matin, 6 juin 1976, p. 18.
4 « Un délit sexuel ne peut être exclu, mais rien ne vient corroborer une telle thèse. Un brigandage en revanche est exclu, car on a retrouvé tout l’argent et les carnets d’épargne de la victime. » L’Express, 22 juillet 1976, p. 15.
↪ V. encore s.v. livret de service ; vreneli 1.
I. 2.◆ (par métonymie) Compte d’épargne. Carnet d’épargne « Jeunesse ». Carnet d’épargne « Troisième Âge ». Avoir un carnet à la banque.
5 « C’est probablement parce qu’on juge les êtres sur leurs actes et non sur leurs sentiments que tante Louise m’avait laissé une partie de son petit avoir, trois mille deux cents francs, somme qui me parut énorme, et que ma famille, éblouie elle aussi, me conseilla de placer immédiatement sur un carnet d’épargne. » A. Rivaz, Sans alcool, 1961, p. 56-57.
6 « […] j’ai un carnet à la banque, moi, si ça vous fait rien ; quand on se mariera, mon mari i’ tombera pas sur une fille qui a rien du tout… » G. Clavien, Les Moineaux de l’Arvèche, 1974 (1re éd. 1962), p. 18.
7 « Il faut qu’il aille chez le cordonnier et puis aussi chez le notaire pour y déposer un peu d’argent sur son carnet d’épargne. » A.-L. Chappuis, À petit feu, 1964, p. 88.
8 « Il a d’abord fait un passage dans sa banque, à la succursale de la ville voisine, pour vérifier l’état de ses finances. Là, l’employé l’a mis en garde contre les dangers que l’inflation fait courir aux rentiers, et lui a proposé de placer ses valeurs de façon plus productive que sur un simple carnet d’épargne, si riche soit-il. » E. Barilier, Passion, 1974, p. 78.
9 « Les grandes banques baissent leur taux d’intérêt pour les carnets d’épargne et les hypothèques. » L’Express, 22 septembre 1976, p. 9.
10 « Le carnet d’épargne est utilisé avant tout pour les dépôts d’argent et non pour le règlement de dettes comme d’autres comptes en banque. » SBSDict, 1987, p. 20.
↪ V. encore s.v. moindre II 2.
Remarques. Le carnet d’épargne est aujourd’hui progressivement remplacé par le compte d’épargne.
II.◆ carnet (de l’épicerie, de la boucherie, etc.) Livret dans lequel un commerçant inscrit les achats que les clients font à crédit, surtout dans les épiceries de village ; compte de marchandises achetées à crédit. Acheter au carnet, acheter à crédit. Carnet du lait, livret dans lequel est noté le nombre de litres de lait livrés au laitier par l’exploitant agricole, matin et soir.
11 « Le choix des plumes ? J’aurais pu lui réciter un petit cours sur le stylo-feutre : le stylo-feutre rend des services. Il lui manque la subtilité. Il a un côté technicien, un côté architecte socialiste qui m’ennuie. Un dépanneur, un point c’est tout. Le bic est plus mariolle. Il fait facture, carnet du lait, mais il est recommandé d’en avoir un ou deux dans sa musette. » J. Chessex, Carabas, 1971, p. 81.
12 « La table, le bahut, la lampe, les bancs, les gravures aux murs, le carnet du lait suspendu vers* la porte, cette cuisine, ça faisait vingt-quatre ans qu’il connaissait ce cadre, vingt-quatre ans qu’il s’était assis trois fois par jour aux heures des repas à cette même place […]. » A.-L. Chappuis, Juste avant l’orage, 1973, p. 134-135.
13 « – Dis-moi combien coûte un kilo de pain dans ton pays, et cent grammes de beurre ? […] – Ça varie parfois, et puis je ne paie pas tout de suite. Au magasin, ils inscrivent dans un carnet. » C. Bille, Œil-de-Mer, 1989, p. 172.
14 « Mes finances propres ne dépassaient jamais le carnet d’épicerie. Atteignaient celui de la boucherie. » M. Chappaz, Le Garçon qui croyait au paradis, 1989, p. 42.
Remarques. Vieilli (le mot et la chose), mais on emploie encore le mot dans des contextes plaisants et ironiques, en parlant de quelqu’un qui achète à crédit. — Équivaut approximativement au français de référence ardoise.
Commentaire. I. Première attestation : 1934 (« vous croyez que je vais payer la différence ? vous pourrez la prendre sur vos carnets d’épargne ! » C. Colomb, Pile ou face, p. 11). Le syntagme carnet d’épargne est donné sans aucune marque dans TLF 5, 221a s.v. carnet A, mais on n’en trouve aucune attestation dans Frantext (cf. toutefois carnet de caisse d’épargne, attesté trois fois chez H. Bazin : La Tête contre les murs, 1949, p. 207, 385 ; La Mort du petit cheval, 1950, p. 182). GR 1985 le donne avec la marque « régional (Suisse) », ce qui semble plus approprié, mais s’avère encore incomplet : le syntagme est aussi d’un emploi courant en Belgique. — II. Première attestation (mais sûrement plus ancien) : 1947 (« Avant de se coucher, il fallait encore répondre à une lettre de créancier, vérifier le carnet du lait. » W.-A. Prestre, La lente agonie, p. 169). Emploi spécialisé d’un mot du français général qui désigne ou a désigné un petit livre où sont notées les échéances d’un commerçant (Fur 1690 – Ac 1798), un livret sur lequel les marchands écrivent les achats (SavBr 1723 – Land 1851), et d’une façon générale un petit registre de poche pour notes, comptes, etc. (depuis Ac 1835) ; v. FEW. Cet emploi du français régional est passé dans les patois (v. GPSR). — À ajouter à FEW II, 1437b, quaterni I 3.
Bibliographie. GPSR 3, 100b s.v. carnet 3° ; Pid 1983, 1984 ; GR 1985 ; SBSDict 1987 ; Lengert 1994 ; Belg 1994.
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