yogourt [jɔguʀt] 🔊 n. m., yoghourt
◆ Lait caillé par l’action de ferments lactiques, souvent aromatisé ou mélangé à des
fruits. Yogourt aux fruits, yogourt nature, yogourt bifidus. Yogourt ferme, yogourt partiellement
écrémé. Yogourt maison. Ferment de yogourt. ⇒ séré II.
1 « Il faudra vivre avec huit cents francs par mois, à moins qu’Honoré donne signe de
vie, ou plutôt de mort, et puis il faut encore que Silvia meure, et elle qui passe
son temps au lit, elle peut vivre jusqu’à cent ans, j’en aurai cent dix. Il faut dès
à présent me nourrir de yoghourt. » C. Colomb, Le Temps des anges, 1962, p. 152.
2 « Il but une infusion de plantes glaciaires. Il se fit préparer un grog au miel. Il
accumulait sur lui, en lui, les produits naturels. Voyez, cela donne de la foi dans
la carcasse. De la gelée royale d’abeilles, du yoghourt, des germes de blé, de tout dans sa cuisine et dans son corps. Il aurait voulu devenir
alpage*, montagne*. » M. Chappaz, Portrait des Valaisans, 1965, p. 132.
3 « En temps normal, sa boisson préférée est le lait pasteurisé, et le dessert dont elle
ne se rassasie jamais : le yogourt pur fruit, aux myrtilles ou aux framboises. » C. Bille, La Fraise noire, 1968, p. 209.
4 « Faites facilement vos yogourts. Méthode simple et sûre. » Nouvelliste et Feuille d’Avis du Valais, 10 mai 1973, p. 14.
5 « Arrêtons-nous à la fabrication du yoghourt maison. Grâce aux différents modèles mis sur le marché, on réussit très facilement
une dose familiale de yoghourt avec du lait frais et des ferments naturels. » Tribune-Le Matin, 28 avril 1976, p. 5.
6 « Mais au petit déjeuner, elle avait demandé un yogourt. Sa gourmandise revenait au galop. Il lui fut servi dans un verre enchâssé d’argent. » C. Bille, Les Invités de Moscou, 1977, p. 75.
7 « Nos spécialités maison : Jura*, yoghourts, lait pasteurisé, crème fraîche, beurre. » Courrier du Val-de-Ruz, 19 février 1993, p. 6.
8 « Entre les “dommage, ils n’ont pas les bons yogourts de chez nous” et les “t’as vu, ils ont ce vinaigre extra qu’on trouve en Suisse”, les clients profitaient de l’affluence pour déambuler tranquillement entre les rayons. » Le Nouveau Quotidien, 6 septembre 1993, p. 11.
9 « Et puis, au pays du lait et du fromage, les Genevoises ne couvrent pas la quantité
recommandée en calcium dont elles auraient besoin chaque jour. Soit l’équivalent d’un
yoghourt, d’un verre de lait et d’un bon morceau de fromage. » Journal de Genève et Gazette de Lausanne, 24 avril 1995, p. 18.
10 « De la viande de bœuf aux légumes en passant par le fromage, les fruits et les yoghourts, les Suisses mangent de plus en plus bio ! » 24 Achats (suppl. du 24 heures), 12 septembre 1995, p. 3.
11 « Le marché du yogourt, qui pèse 410 millions de francs, est fortement secoué. » Le Nouveau Quotidien, 19 juillet 1996, p. 12.
◇ (emploi fig.)
12 « […] quand tu étais là, il n’y avait pas tout autour de moi cette matière élastique
où il est impossible de graver quelque chose, même son propre nom pour voir qu’on
existe, même un frôlement d’espoir ; on enfonce son poing rageusement, on croit que
ce creux, témoignage de révolte, va subsister, mais à peine a-t-on retiré le bras
que la matière a repris sa forme lisse, inerte, ce vertige lustré, un yogourt, vierge de tout pli […]. » A.-L. Grobéty, Pour mourir en février, 1970, p. 32-33.
◇ (fig.) Pédaler dans le yogourt loc. verb. Faire des efforts en pure perte, s’enfoncer dans les difficultés (sur le modèle de
pédaler dans la choucroute, la semoule, etc. ; v. KublerExpr 1995, p. 279 ; CellardRey 1991 donne la loc. équivalente pédaler dans le yaourt).
Remarques. La forme yaourt, bien que plus rare, est également attestée dans l’usage suisse romand, mais surtout
à l’écrit (« Un verre de jus d’orange, un yaourt, une tasse de café. » J. Chessex, Les Yeux jaunes, 1979, p. 188). — Cf. encore le dér. yog(h)ourtière n. f. “appareil ménager servant à confectionner du yogourt” (« Yogourtière […] 35.– seulement » Coopération, 10 novembre 1977 ; « On vend en effet toujours plus de yoghourtières » Tribune-Le Matin, 28 avril 1976, p. 5).
Commentaire. Bien qu’aucun dictionnaire français ne le mentionne (mais cf. DQA), la forme yog(h)ourt est plus rare en France que la forme yaourt. En Suisse romande, en Belgique (selon HanseChasse 1980 et Belg 1994) et au Québec,
c’est la situation inverse qui règne. Cette préférence est peut-être due à l’influence
de la langue d’adstrat ; cf. all. Joghurt, angl. yog(h)(o)urt. L’exploitation des banques de données textuelles permet de jeter un éclairage nouveau
sur le problème de ce régionalisme de fréquence. La prépondérance de la forme yogourt dans l’usage oral et dans la langue commerciale, en Suisse romande, n’est confirmée
qu’à moitié par la banque de textes littéraires Suistext : celle-ci fournit six attestations
de yog(h)ourt, de 1962 à 1977, mais aussi cinq attestations de yaourt, de 1963 à 1990. En ce qui concerne les auteurs français, la banque Frantext nous
a permis de relever sept attestations de yog(h)ourt, de 1906 à 1987, mais 38 attestations de yaourt (auxquelles on ajoutera deux att. de J.-L. Benoziglio, auteur d’origine suisse romande), de 1930 à 1989 ; le rapport
s’incline cette fois-ci largement en faveur du second. Cette tendance est confirmée
par un sondage dans le CD-rom du journal Le Monde (1995-1996), qui donne deux attestations de yoghourt pour 59 de yaourt. Du côté des sources québécoises, la banque de textes littéraires Québétext nous a
permis de relever sept attestations de yogourt pour une seule de yaourt ; quant aux CD-ROM “Actualité Québec” (1992, 1994 et 1996), regroupant le texte intégral de plusieurs quotidiens et hebdomadaires,
ils permettent d’observer le rapport suivant : 317 fois yogourt (plus une fois yoghourt) et 45 fois yaourt. La préférence très marquée en faveur de yogourt s’accompagne d’une grande stabilité dans la graphie ; la forme yoghourt semble très rare au Québec. Pour la Belgique, l’exploitation des archives électroniques
du journal bruxellois Le Soir (3 janvier 1994 au 30 septembre 1996) présente des résultats plutôt surprenants :
on y trouve 61 articles contenant la forme yaourt, pour seulement cinq présentant la forme yogourt. Il semble que la « chasse » aux belgicismes (Hanse) ait porté ses fruits – à tout le moins dans l’usage de la
presse écrite bruxelloise ; et ce, pour une forme qui fait pourtant partie du français
de référence. — FEW 20, 37b, jugurt ; HanseChasse 1980 ; R. Arveiller, RLiR 52, p. 109-114 ; DFPlus 1988 ; DQA 1992 ;
Belg 1994 ; ThibQuébHelv 1996, p. 360.
Bibliographie. [Collaboration spéciale : Robert Vézina, TLFQ, Université Laval, Québec.]
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