cornet n. m.
I.◆ Sac de papier, de plastique ou de jute, pour denrées alimentaires ou autres articles
d’usage courant. Un cornet en papier, en plastique. Vous voulez un cornet pour mettre tout ça ? Désormais, il faut payer les cornets au supermarché. Se dit aussi de l’emballage d’un seul produit (et de son contenu) : un cornet de farine, de sucre, de sel, de tisane.
1 « […] j’ai flanqué aux balayures tous mes restants de cornets de tisane […]. » W. Dubois, En poussant nos clédars, 1959, p. 143.
2 « Le cornet de farine est sur la table, puis voici le lait, un bol, la salière, le pot de graisse,
la livre de beurre… » A. Rivaz, Sans alcool, 1961, p. 128.
3 « […] la confection des cornets de sel pour la régie et le ramassage des betteraves sucrières dans les champs mornes
de la plaine de l’Orbe. » J. Chessex, Portrait des Vaudois, 1969, p. 76.
4 « Qui m’apportera un cornet d’oranges, qui m’écrira une lettre pour le dimanche ? » Id., p. 79.
5 « Alors tu vois, je t’ai préparé les cornets [de haricots], dans chacun y a un kilo […]. » G. Clavien, Un Hiver en Arvèche, 1970, p. 102.
6 « […] ils tirèrent du fond des sacs, les cornets de fruits écrasés et le paquet de viande sèche, coupée en minces pelures grenat. » C. Bille, Juliette éternelle, 1971, p. 72.
7 « Pendant qu’il fourre dans un cornet les restes de notre repas, le garçon se tient debout, immobile, son regard sombre
allant de l’un à l’autre, écoutant cette langue dont l’accent lui est inconnu. » J. Mercanton, L’Été des Sept-Dormants, 1974, p. 488.
8 « Grand-mère domine la situation de sa toute-puissance. Elle remplit des cornets, des sachets, des flacons : un vrai préparateur en pharmacie. » IttÇà, 1975, p. 138.
9 « L’intellectuelle au pétrin, hyperréaliste, les bourrelets agglutinés à la peau, sous
les ongles, l’écaille légèrement rose de la terrine, le cornet de farine de la coopé [= coopérative] et ma mèche ouverte en deux sur le front. » A.-L. Grobéty, Zéro positif, 1975, p. 24.
10 « Marie alla chercher un cornet ficelé avec de la grosse laine, qu’elle tendit à Cathy. – Pour le voyage… ce sont
des noix ! » M. Métral, Un Jour de votre vie, 1976, p. 98.
11 « Son cornet de sauge coûte 8 fr. 50 les 100 g. Je vends le même pour 2 fr. 20. » Femina, 14 juillet 1976, p 11.
12 « Perdu fin juillet dans train pour Morges un dimanche soir : cornet plastique contenant 1 livre, 1 brevet, 1 bourse + affaires militaires. Récompense. » Lausanne-Informations, 7 septembre 1977, p. 4.
◇ (spécialement) Petit sac de friandises qu’on offre aux enfants, à l’occasion d’une fête, de la Saint-Nicolas,
etc. Cornet surprise. Un cornet de bonbons.
13 « Mais au retour, dans la profonde poche de sa robe des dimanches, il y a toujours un
cornet de bonbons pour les enfants. » G. Clavien, Les Moineaux de l’Arvèche, 1974 (1re éd. 1962), p. 67.
14 « Par conviction ou par tradition, nous allons tous à l’église écouter la belle histoire
du pasteur, et chaque enfant reçoit un cornet qui ressemble comme un frère à ceux de mon enfance. » Femina, 8 décembre 1976, p. 101.
15 « L’assemblée, rehaussée par quelques productions de nos enfants qui reçurent, Saint-Nicolas
étant proche, un cornet de friandise et le verre de l’amitié, permet aux parents de fraterniser dans une
ambiance familiale et amicale. » Le Pays, 15 décembre 1976, p. 5.
16 « Dès le retour en voiture, les chères petites commencent à s’empiffrer. On freine un
peu avant le repas, mais à quinze heures, les cornets sont vides. » La Liberté, 18 février 1993, p. 21.
Remarques. Dans les autres pays francophones, cornet ne désigne que des sacs de forme conique (cf. par ex. cornet de dragées, de frites NPR 1993). — Le français de référence cornet de glace est tout à fait courant en Suisse romande.
II.◆ Récepteur téléphonique, combiné.
17 « [le médecin au patient qui consulte par téléphone] – Essayez voir de vous taper sur
la poitrine. – Faut que je pose le cornet alors ? – Non, vous appliquez le cornet juste à côté de l’endroit pour voir la résonance. » RSR, 8 mai 1976.
18 « Je me traitais intérieurement de tous les noms, et Jean-Pierre s’apprêtait à téléphoner
à la police sans beaucoup d’espoir, lorsque la sonnerie retentit. C’est moi qui ai
pris le cornet. » Bouquet, 18 mai 1977, p. 112.
Localisation. 〈Canton de Vaud〉, 〈Canton de Genève〉.
Remarques. Certains témoins disent plutôt cornette n. f. (VS, NE, BE, JU) ; cf. ital. cornetta n. f. “récepteur téléphonique” (Zingarelli).
Commentaire. I. Première attestation : 1902 (ConstDésSav). Extension d’emploi à partir du mot du
français général (v. rem. ci-dessus) ; également attesté en Lorraine, en Franche-Comté ainsi qu’en Savoie.
V. encore DRF s.v. cornet1 — II. Première attestation : 1954 (« C’est à propos du téléphone qu’éclatent ses plus graves carences. Ayant répondu “voilà la gouvernante de M. le Docteur”, Séraphine n’entend pas abdiquer ses privilèges. Impossible de lui arracher le cornet. […] Une fois le cornet posé, rien de ce qu’elle explique ne me donne la plus infime lueur sur le sens de
l’entretien. » R. Burnand, Secret des visages, p. 64-65). Emploi encore courant en Suisse romande d’un mot rare et vieilli en France :
« partie évasée, destinée à amplifier les sons des phonographes, téléphones, radios
(cf. actuellement haut-parleur, récepteur) » TLF ; cf. les att. suivantes dans Frantext : « Une pièce était pointée et prête ; il n’y avait qu’un mot à dire dans le cornet du téléphone » Alain, Propos, 1936 [1922], p. 383 ; « Au milieu, cette tache noire, ce n’était pas la crosse d’une viole, mais le cornet d’un téléphone. » G. Duhamel, La passion de Joseph Pasquier, 1945, p. 27. Le mot a également déjà eu cours au Québec (une dizaine d’att. de 1896 jusqu’aux années 1950 dans le fichier du TLFQ) ; il est d’un usage très répandu
en Wallonie et à Bruxelles (comm. pers., M. Francard, 14 août 1996). Dans l’usage québécois contemporain, le mot le plus
répandu pour désigner ce référent est acoustique n. m. (att. depuis 1895, fichier TLFQ) ; il pourrait s’agir d’une substantivation de l’adj. à partir du syntagme cornet acoustique n. m. *“récepteur téléphonique”, mais ce dernier n’est pas attesté avec ce sens (il existe cependant en français
depuis 1762 avec le sens de “instrument qui renforce le son et dont se servent les personnes sourdes” ; l’analogie formelle et fonctionnelle entre cet instrument et les premiers récepteurs
téléphoniques est très grande).
Bibliographie. ConstDésSav 1902 ; BoillotGrCombe 1929, p. 195 ; GPFC 1930 ; FEW 2, 1197a, cŎrnu I 1 c ϑ et 24, 277b-278a et note 1, akoustikos ; GPSR 4, 332a s.v. cornet 8° ; IttCons 1970 ; TLF 6, 194b s.v. cornet II B ; SchüleListeLar 1978 ; GR 1985 ; DurafHJura 1986 ; GuichSavoy 1986 ; PLi depuis 1989 ; LanherLittLorraine 1990 ; DondaineMadProust 1991, p. 70 ; ColinParlComt 1992 ;
StRobert 1993 ; NPR 1993 ; MartinVosges 1993 ; DuchetSFrComté 1993 ; Lengert 1994 ;
« usuel » MichelNancy 1994 ; Zingarelli 1994 ; DRF 2001 ; GR 2001.
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