bénichon n. f. (parfois écrit avec une majuscule)
◆ Fête traditionnelle ayant lieu normalement à l’automne, à l’époque des récoltes et
de la boucherie*, dans le canton de Fribourg.
★ Les festivités de la bénichon durent souvent jusqu’à trois jours (dont un dimanche) ; elles se caractérisent surtout
par des repas très copieux où la gastronomie locale est à l’honneur, ainsi que par
des danses en plein air sur le pont* de danse. Grande bénichon. Dîner, souper, assiette, repas de bénichon. Menu traditionnel de
bénichon. Spécialités de bénichon. Restauration de bénichon. Concert de bénichon.
Grand bal de bénichon. Bénichon de la plaine, de la montagne. ⇒ abbaye 2 ; Saint-Martin ; vogue.
1 « Fondée il y a quelques mois, l’Amicale des Fribourgeois de Monthey et environs, groupe
une bonne partie de ceux-ci dont plus de 400 habitent la région. Samedi soir, à l’hôtel
du Cerf, ils avaient “leur bénichon”. Pour la circonstance, le menu ne comprenait que la soupe aux choux et le jambon
à l’os, une des spécialités du pays fribourgeois. » Nouvelliste et Feuille d’Avis du Valais, 18 novembre 1968.
2 « C’était un lundi de Bénichon, le deuxième de septembre. La fête battait son plein. » A. Layaz, Malvallée, 1976, p. 154.
3 « vendredi – samedi – dimanche / 3 soirs de bénichon avec Alphonse, accordéoniste / Salle à manger au 1er : Véritable menu complet de bénichon […]. » La Liberté, 10 septembre 1976, p. 23.
4 « Une grasse bénichon [titre] / La bénichon de la Plaine a suscité, hier, malgré le temps maussade et froid, une belle animation.
Et les menus pantagruéliques ne sentaient pas trop la récession. / La bénichon de la Plaine se fête à Fribourg, à Bulle, et dans la plupart des localités de la
Sarine rive gauche, de la Broye et de la Glâne. Elle est opposée à la bénichon de la Montagne qui, elle, s’inscrit au calendrier en octobre et concerne la Gruyère
principalement et Sarine-Campagne rive-droite. » 24 heures, 13 septembre 1976, p. 5.
5 « Le bel automne était encore là pour la bénichon de Châtel-Saint-Denis qui, chaque année, crée dans le chef-lieu veveysan la toute
grande animation de la saison. Fribourgeois bien sûr, mais Vaudois en foule aussi
venaient y fêter l’une des dernières bénichons fribourgeoises de l’année, la plus caractéristique aussi. » 24 heures, 18 octobre 1976, p. 7.
6 « On ne mangeait de beurre qu’une ou deux fois par année, à la Bénichon et au Nouvel-An. » Coopération, 12 mai 1977, p. 7.
7 « À vendre / 5 agneaux d’env. 30 kg pour la bénichon / Fr. 5.– le kg » La Liberté, 11 août 1977, p. 7.
8 « La Bénichon, c’est la fête de l’automne fribourgeois par excellence, qui se déroule généralement
le deuxième dimanche de septembre, dans la plaine. Les gens de la montagne et de la
Gruyère ont la leur, le deuxième week-end d’octobre, quand les troupeaux sont descendus
de l’alpage*. » Tribune de Genève, 16 décembre 1986.
9 « La bénichon, c’est ce somptueux et gargantuesque repas que prennent les Fribourgeois une fois
dans l’année, en automne. » Le Nouveau Quotidien, 4 octobre 1993, p. 36.
◇ La bénichon peut aussi avoir lieu, exceptionnellement, à d’autres périodes de l’année :
10 « Ne manquez pas ce beau rendez-vous printanier ! / LA BÉNICHON D’ANTAN / samedi 4 mai 1974 à LA JOUX » Tribune-Le Matin, 27 avril 1974, p. 14.
11 « ROMONT les 7 et 8 août / Hôtel-Restaurant du St-Georges / Sur le pont* de danse (cantine* chauffée) / GRANDE BÉNICHON D’AUTREFOIS / avec l’orchestre populaire “FANDANGO” / Danse : samedi dès 20h / Dimanche : Concert apéritif dès 11 h – Danse dès 15 et
20 h. / MENU DE BÉNICHON servi à toute heure avec ses plats traditionnels : Soupe aux choux – Vol-au-vent
– Jambon de campagne – Gigot et ragoût d’agneau. » La Liberté, 6 août 1976, p. 10.
12 « Mis à part la ville de Broc qui fête la bénichon en même temps que le carnaval (un incendie ayant ravagé le village en septembre 1890,
la fête dut être repoussée en février), tous les villages alentour fêtent la bénichon à la même période de l’année. » La Liberté, 30 août 1991.
◇ (Par ext.) Fête patronale.
13 « Avec quelques semaines de retard, la commune du Lieu [VD] a fêté la Saint-Denis, ou
sa Bénichon, si vous préférez. » 24 heures, 11-12 décembre 1976, p. 21.
◇ Moutarde de bénichon, raisiné dans lequel on a délayé un peu de farine et qu’on assaisonne d’épices et
de graines de moutarde (GPSR 2, 329b). La moutarde de bénichon se mange sur le pain,
en tartine, et remplace la confiture.
14 « À l’occasion de la Bénichon nous vous proposons de goûter aux spécialités fribourgeoises : Moutarde de Bénichon / boîte 500 g / 4.20 » Coopération, 9 septembre 1976.
15 « On y étale généreusement la merveilleuse “moutarde de bénichon”, pour laquelle chaque famille a ses secrets, et qui remplacera la confiture les jours
suivants. » Tribune de Genève, 16 décembre 1986.
16 « Si la “cuchaule*” est une spécialité que l’on trouve toute l’année, la moutarde de bénichon est, quant à elle, plus typique de cette fête. Il s’agit d’un vin cuit, onctueux
raisinné [sic] de poires, allié à une décoction de graines de moutarde moulues. S’y ajoutent des
épices parmi lesquelles différentes sortes d’anis. » La Liberté, 30 août 1991.
↪ V. encore s.v. cuchaule.
Localisation. Réalité propre au canton de Fribourg, mais connue dans toute la Suisse romande. Dans
le canton de Vaud, on célèbre plutôt les abbayes, en Valais et à Genève les vogues, et dans le Jura nord (district d’Ajoie) la Saint-Martin (v. ces mots).
Remarques. Cf. aussi les dérivés bénichonner v. intr. “fêter la bénichon” (« On bénichonne avec nos uniques “Les Texans” » La Liberté, 10 septembre 1976, p. 24 ; « Venez bénichonner à Villarlod au Restaurant […]. » La Liberté, 11-12 septembre 1993) et bénichonneur n. m. “personne qui fête la bénichon” (« D’aucuns prétendent que, dans les villes, les vrais bénichonneurs se font rares. » La Gruyère, 7 septembre 1957) ; non attesté dans GPSR 2, 330a s.v. bénichonner.
Commentaire. Emprunt du français régional à une forme héréditaire, doublet du latinisme bénédiction, correspondant à l’afr. beneiçon (v. Gdf ; FEW). La bénichon était à l’origine une fête commémorant la « bénédiction » ou dédicace de l’église paroissiale. Première attestation en Suisse romande : 1414
(sous la forme benission, v. Pier) ; première attestation sous la forme bénichon : 1864 (GrangFrib). Dans le Jura, on a connu la forme beniesson, qui désignait la Saint-Martin* (v. G. Lovis, “La Saint-Martin dans le Jura”, dans Présences, Pully 1988, p. 60).
Bibliographie. GrangFrib 1864 ; Gdf 1, 619c-620a ; WisslerVolk 1909 ; Pier, PierSuppl s.v. bénission ; FEW 1, 324a, benedictio 1 ; GPSR 2, 328a-330a s.v. bénichon et bénichonner ; Pid 1983, 1984 ; Lengert 1994 ; PLi 1998.
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