les citations
éd. 1999 vêque n. f. (aussi veque)
◆ Variété de pain sucré à base de pâte au lait et de beurre. ★ Il s’agit traditionnellement d’un aliment de fête de forme rectangulaire, triangulaire ou ovale et de grandeur moyenne ; on en trouve sous forme plus petite souvent appelée petite vêque, mais aussi simplement vêque. Certaines d’entre elles sont couvertes de petites pointes de pâte. La vêque a été peu à peu supplantée par la tresse* ; il arrive que cette dernière soit tout de même appelée vêque. Faire, acheter, manger de la vêque, une vêque. ⇒ cuchaule ; taillaule ; tresse.
1 « L’Association jurassienne des boulangers a décidé de récompenser le D. B. qui, pendant chaque reportage de hockey, répète inlassablement “avecque, avecque, avecque” […]. Ce serait bien le pire, soulignent les boulangers, si, à l’entendre, aucun auditeur n’avait envie d’acheter quelques vêques et d’en manger avecque un bon café. » Le Rai-Tiai-Tiai aidjolat [journal de carnaval, JU Ajoie], n° 17, 1994, p. 22.
2 « Après ce plantureux repas des 60 ans, au dessert, il y avait aussi des vêques. On saura bientôt s’il y avait aussi un évêque, ce qui suscite déjà quelques récriminations parmi le clergé jurassien. » Le Rai-Tiai-Tiai aidjolat [journal de carnaval, JU Ajoie], n° 21, 1997, p. 7.
Localisation. Canton du Jura (Jura Nord) ; vieux ailleurs.
Remarques. Sans véritable équivalent, le référent et le signifiant semblent aujourd’hui ne plus être connus de tous dans le Jura et ne constituer qu’un mot-souvenir ailleurs. — Vêque ne semble pas s’appliquer aux petits pains au lait pourvus d’une fente profonde les séparant en deux moitiés, appelés Weggli en Suisse alémanique (v. comm. ci-dessous).
Commentaire. Emprunt à l’alémanique wègge n. m. (v. TappoletAlem ; DudenSchweiz Weggen ; SchwId qui mentionne quelques formes de genre féminin sans point commun au niveau de leur localisation et explique cette variation par une influence vraisemblable du pluriel). Les dialectes alsaciens connaissent wèk n. m. (Tappolet ; BaderSundgau n’indique que la forme plurielle Wecke ou le diminutif Weckli). Wegg a également été emprunté par le romanche sous la forme vetga n. f. (HDR ; SchwId), qui désigne un pain blanc. Bien qu’il ne se trouve pas dans Vatré, les diverses autres attestations (v. ci-dessous) font postuler l’intermédiaire du patois pour le passage des dialectes alémaniques au français. Déjà présent chez les glossairistes romands du xixe siècle (Guillebert 1829-32 veck, Grangier 1864 vêque, Bonhôte 1867 veck) et stigmatisé par Quinche (1909, p. 311), vèque est attesté pour la première fois en 1772 sous la forme véque (v. Pier ; erreur dans le FEW qui ne donne que 1802 comme première date). Pier choisit la graphie vec comme en-tête tout en citant de nombreuses variantes graphiques et indique que le mot est de genre féminin en français régional du canton de Berne d’alors et de genre masculin dans VD-FR-NE-BE. Tappolet atteste aussi ce phénomène pour les patois et explique le genre féminin comme une influence de michette, galette. On retrouve le type vèque en dehors de la Suisse romande, avec alternance du genre, sous une forme semblable ou sous forme patoisée (vouitye chez Vautherin) ou dérivée (suffixe ‑ITTA) : en Wallonie, dans le Haut-Rhin, les Vosges, en Haute-Saône, dans le Territoire de Belfort et dans le Doubs (v. FEW) ; DuvernoyMontbéliard, au début du xixe, atteste le dérivé vicotte. À époque récente, il est attesté en français régional pour le Jura (vecque n. f., v. Pid 1984, p. 173) et pour la Franche-Comté (wek et le dérivé vicotte n. f., v. ColinParlComt 1992). Le dérivé véquelet donné par Pier et TappoletAlem n’est plus attesté à époque récente.
Bibliographie. DuvernoyMontbéliard ; GuilleNeuch 1829-32 ; GrangFrib 1864 ; BonNeuch 1867 ; VautherinChâtenois 1896 ; Quinche 1909 ; TappoletAlem ; Pier ; FEW 17, 551b, WECKE(N) ; SchwId 15, 990 s.v. Wegg I, 2 ; Pid 1984, p. 173 ; DudenSchweiz 1989 ; ColinParlComt 1992 ; HDR 1994 ; BaderSundgau 1997 ; QuenetJura 1998, p. 76.
Simone QUENET
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