les citations
prétériter v. tr.
1.◆ Léser, causer du tort à, porter préjudice à. Prétériter la croissance, le développement. Prétériter un client. Prétériter une région.
1 « La Confédération assume entièrement les frais de transport afin de ne pas prétériter les régions écartées, particulièrement touchées par de telles dépenses. » Le Sillon romand, 7 février 1975, p. 21.
2 « Il ne faut pas oublier que des décennies sont nécessaires pour qu’un arbre soit adulte et qu’il convient de maintenir dans les parcs un mélange harmonieux d’espèces et d’âges différents. Si bien que l’on procédera aussi à la suppression de quelques arbres prétéritant le développement de jeunes plants. » L’Express, 5-6 novembre 1977, p. 6.
3 « Les Genevois sont fort mécontents de cette réduction qui prétérite Cointrin par rapport à Kloten. » Gazette de Lausanne, 17 avril 1982.
4 « Et si C. N., patron de la manifestation, avait tenu vendredi à convoquer les journalistes, c’était parce que, revenant du Midem cannois, il y avait déjà exprimé ses projets pour l’été ; il voulait donc ne pas prétériter la presse suisse. » Le Nouveau Quotidien, 7 février 1994, p. 23.
5 « Cet agacement traduit une impatience, une urgence. Des entrepreneurs sont venus rappeler que la non-intégration de la Suisse [à l’Europe] les prétérite – en particulier Swissair, qui ne saura que le 21 novembre si les transports feront aussi partie du paquet de négociations sectorielles. » Le Nouveau Quotidien, 31 octobre 1994, p. 1.
6 « [titre] Fonds juifs : sous pression extrême à New York, les banques suisses changent de ton / Les 13 et 17 février, l’État de New York procédera à des auditions qui pourraient prétériter les établissements suisses. » Le Nouveau Quotidien, 23 janvier 1997, p. 1.
(fréquent dans des tournures passives)
7 « Il ne fait donc pas l’ombre d’un doute que Le Levron n’aurait pas été prétérité s’il avait réservé ses droits d’eau et il aurait été indépendant des autres villages de la commune, et seigneur et maître chez lui […]. » Cl. Bérard, Bataille pour l’eau, 1976 [1re éd. 1963], p. 171-172.
8 « Nous espérons que le Conseil* d’État pourra infirmer nos craintes, faute de quoi notre agriculture neuchâteloise serait prétéritée par rapport à celle d’autres cantons*. » Bulletin officiel des délibérations du Grand Conseil, Neuchâtel, 11 décembre 1972, p. 1050.
9 « En investissant des sommes importantes sur le BLS [= la ligne Berne-Lötschberg-Simplon], n’empêche-t-on pas d’autres investissements ferroviaires qui pourraient être utiles, voire nécessaires ailleurs ? C’est en particulier les intérêts de la Suisse romande qui risquent d’être prétérités. » Tribune-Le Matin, 5 février 1976.
10 « En lice dans le seul groupe à cinq équipes, la Suisse, si elle terminait deuxième, ne serait pas prétéritée par rapport aux formations des autres groupes. » Le Matin, 23 janvier 1994, p. 31.
2.◆ prétérité, ‑ée part. passé-adj. Qui a subi un préjudice ; lésé. Intérêts prétérités. Industries prétéritées par la hausse du franc. Se sentir prétérité. La partie prétéritée d’une région. Être prétérité, subir un préjudice.
11 « [titre] Mesures de relance au Conseil* des États : la Suisse romande est-elle prétéritée ? » Gazette de Lausanne, 4 mars 1976, p. 7.
12 « En Allemagne, la sélection a même provoqué un conflit de deux semaines entre le HC [= Hockey-Club] Cologne – qui se sentait prétérité par rapport à Düsseldorf – et la fédération. » Le Démocrate, 4 février 1993, p. 15.
◇ Défavorisé (personne). Les membres les plus prétérités de la société.
13 « Il faut convenir qu’il est plus facile à l’État d’accorder une allocation extraordinaire aux plus prétéritées des personnages âgées lorsque les comptes bouclent* par un bénéfice plutôt que par un déficit. » Bulletin officiel des délibérations du Grand Conseil, Neuchâtel, 20 mai 1974, p. 104.
◇ Désavantagé (chose). Produit prétérité par rapport à un produit concurrent plus performant.
14 « En principe prétérités par rapport aux télécopieurs, qui traitent directement le papier, ces engins s’avèrent irrésistibles pour les pécéistes [= utilisateurs de micro-ordinateurs] précisément parce qu’ils permettent de faxer sans papier ! » Tribune de Genève, 10 mars 1993, p. 21.
(en emploi substantif) Personne qui a subi un préjudice, qui a été lésée.
15 « Il pense que dans le Chablais, où la chasse n’est pas aussi facile qu’ailleurs, les chasseurs chablaisiens* étant un peu les prétérités dans ce domaine, c’est un secteur où vit le sanglier qui pourrait être comparé à un parc national que l’on pourrait appeler le parc cantonal* du Chablais. » Nouvelliste et Feuille d’Avis du Valais, 20 janvier 1981, p. 15.
Remarques. N’est guère senti comme régional. Le Fichier français de Berne, après l’avoir proscrit en 1961, l’a réhabilité en 1980 et considère qu’il peut « prendre sa place dans le vocabulaire français ». Il est toutefois beaucoup plus fréquent dans la langue administrative, journalistique ou politique que dans la langue littéraire (aucune attestation dans Suistext ; aucune attestation littéraire au fichier du Centre de Neuchâtel). — Le sens de “omettre (une chose)”, attesté au xixe s. (v. premières attestations ci-dessous), n’est plus usité de nos jours.
Commentaire. Premières attestations : 1864, GrangFrib (avec le sens de “omettre”, mais aussi celui de “faire un passe-droit” : « On l’a prétérité en donnant cette place à son cousin ») ; 1867, avec le sens de “omettre” (« L’auteur de la lettre y manifeste en termes peu dissimulés l’impression défavorable que lui a produite l’exposition des petites races à Genève. Il met beaucoup d’attention et de scrupule à ne prétériter aucun des défauts dont, selon lui, nos races du Valais seraient entachées » Gazette du Valais, 28 avril 1867 ; cité dans Le Pays où les vaches sont reines, Y. Preiswerk et B. Crettaz, 1986, p. 77). Il pourrait s’agir d’une réfection (sur la forme du part. passé prétérit) de mfr. preterir “omettre un héritier nécessaire dans le testament (t. de droit)” (v. FEW), ou encore d’une suffixation (suff. ‑er formateur de verbes du premier groupe) sur une base prétérit- adaptée de lat. præteritus. Selon toute vraisemblance, le mot doit être une création de la langue des notaires de Suisse romande. — À ajouter à FEW 9, 322b, praeterire.
Bibliographie. GrangFrib 1864 ; FichFrBE n° 20 (juillet 1961) et n° 449 (juillet 1980) ; IttCons 1970 (> DFV 1972) ; GR 1985, 2001 ; PLi depuis 1989 ; OffScrabble 1995.
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