les citations
jodler [jɔdle] 🔊 v. intr. (var. yodler)
◆ Chanter, vocaliser en passant rapidement et sans transition de la voix de tête à celle de poitrine (autrefois pour communiquer en haute montagne, de nos jours surtout comme loisir, comme activité culturelle). Savoir jodler. Ils jodlent / jodèlent. ⇒ jodel, jodleur ; hucher ; youtzer.
◇ (graphie jodler)
1 « Des troupes burlesques trimbalent dans leurs cortèges le Diable et sa grand-mère, un ramoneur, une chèvre, un gros bouc, une femme avec un balai. On échange les vêtements. Les gars mettent des chemises et des bonnets de femmes, les filles s’enfilent dans des pantalons d’hommes. Les jeunes gens pillent, ripaillent, jodèlent, lutinent, rôdent, attaquent… » M. Chappaz, Lötschental secret, 1975, p. 47.
2 « Ils ont fêté la victoire jodlant avec des Ormonans* et un Bernois venu tout exprès de Lauenen […]. » L’Illustré, 26 janvier 1977, p. 2.
3 « [titre] Messe jodlée / Aigle baignant dans cette atmosphère depuis deux jours, le service œcuménique du dimanche matin ne pouvait être que… jodlé ! » La Presse, 13 juin 1994, p. 24.
◇ (graphie yodler)
4 « À l’autre table, une jeune femme […] s’est mise à yodler et c’était étrange ce cri d’alpage*, ce cri des montagnes perdues, dans cette salle enfumée. Mademoiselle de M. envia la démence de cette femme. Elle yodlait comme on boit, comme on se noie, ses grands yeux d’obsidienne pleins d’une transparence désespérée. » C. Bille, Juliette éternelle, 1971, p. 130.
5 « On skie comme on youtze*. On yodèle dans une finale danse d’adoration. Sauvages qui godillent, se courbent, virent, la quittent, la reprennent, font la révérence devant la face. L’effrayante icône blanche. » M. Chappaz, La Haute route, 1974, p. 149.
(exceptionnellement, en emploi trans.) Héler en jodlant.
6 « C’est à ce moment que les statues de bois se mettent à parler. Et qu’interpellés par les alpages* sans fin, prestement debout […] nous nous mettons à yodler sur les pentes tel arbre, telle bête, telle vierge qui sont à nous soudain en plein ciel bleu comme notre nom ou notre ombre. » M. Chappaz, À rire et à mourir, 1983, p. 131.
7 « Ma bien-aimée me fera signe quand je la yodlerai dans les ténèbres. » Ibid., p. 205.
Remarques. La transcription phonétique [ʒɔdle], donnée par TLF et GR 1985, est erronée. Elle a été rectifiée dans GR 2001. — Cf. encore le dér. yodlée n. f. “cri poussé en yodlant” (« Par moments, leurs cris, leurs yodlées, montent jusqu’à nous. » C. Bille, La Fraise noire, 1968, p. 98 ; v. Pier).
Commentaire. Première attestation : 1872 (iodler, v. Pier). Adapté de l’all. de Suisse jodeln v. intr., de même sens ; le mot est passé dans la lexicographie française depuis Lar 1931 (du reste sans aucune marque régionale).
Bibliographie. TappoletAlem s.v. jodeln ; Pier s.v. yodler ; Lar 1931 s.v. jodler ; Rob 1958 s.v. jodler ; FEW 16, 284b, jodel ; GLLF 1975 s.v. jodler ; Alpha 1982 s.v. jodler ; TLF s.v. jodler ; GR 1985, 2001 s.v. jodler, iodler ; Lengert 1994.
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