les citations
hucher v.
1.◆ (v. intr.) Pousser de longs cris, appeler à pleine voix. Hucher à pleins poumons. ⇒ huchée ; jodler ; youtzer.
1 « Il hucha, quatre ou cinq fois, écouta son cri se répercuter dans les roches voisines, se perdre dans les épaisses nuées. Personne ne répondit sauf un écho sinistre. » M. Zermatten, L’Été de la Saint-Martin, 1962, p. 91.
2 « Ainsi youtzent* et huchent les bergers des grands chalets* et c’est sûrement avec les vieux maîtres des Ormonts qu’il a appris, Walter, car son you hou hou se taille de grands cercles de ciel bleu sur des pierriers* où sonne l’écho. You hou hou ! » J. Chessex, Portrait des Vaudois, 1969, p. 41-42.
3 « Elle lui avait donné une bouteille de vin. Il l’avait mise entre sa chemise et son poitrail et il était parti en huchant. » C. Bille, Forêts obscures, 1989, p. 70.
4 « Et j’ai fait face à un cri. Speak White “Parle blanc” toi, Monsieur le métis, ou l’indigène du lointain Poitou ou de l’ex-Bretagne, on crachait cela dans la rue natale. A répondu un poème en langue franque en majuscules contre les murs, cela tient en plein air, cela tiendrait en plein fleuve. C’est l’affiche-sœur de Liberté à l’aube de Voisard. Une femme a huché, Michèle Lalonde. Je l’ai vue, j’ai touché son intimité meurtrie. Le drame public mord si souvent sur le drame privé. Le Québec est une grande cause servie par la poésie – qui dépasse toutes les causes. » M. Chappaz, L’Océan, 1993, p. 70.
2.◆ (v. trans.) Interpeller, héler en poussant de longs cris.
5 « Des familles de montagnards travaillent groupées, les mères huchent Raimundo ou Rosita qui s’attardent à contempler un lézard vert ou des papillons, fleurs volantes dans les clairs-obscurs des feuillages au soleil. » La Liberté, 1er mars 1982, p. 5.
Remarques. Très fréquent dans la langue littéraire (à tout le moins comme intransitif).
Commentaire. Première attestation : 1906. Archaïsme-dialectalisme. Type courant en ancien et en moyen français, et très fréquent dans de nombreux dialectes d’oïl et francoprovençaux (v. FEW), le mot est encore attesté à l’époque contemporaine dans le français régional de l’Ouest (cf. La Varende, Châteaubriant et Vercel dans TLF ; BrasseurNantes), de Franche-Comté (cf. Collinet, RobezMorez), de Haute-Provence (cf. Giono dans TLF) et de Suisse romande.
Bibliographie. RézeauDuPinAng (1746-1748) ; VurpasDuPinLyon (env. 1750) ; BGl 5 (1906), p. 61 (forme dial. et rég.) ; OdinBlonay 1910, p. 624a (forme dial. et rég.) ; « hucher “manifester sa joie par un cri de longue haleine et spécial à la montagne” » CollinetPontarlier 1929 ; FEW 4, 504b, *hŪccare 1 ; « très vivant » ZumthorGingolph 1957, p. 172 et ZumthorGingolph 1962, p. 252 ; « vx et dialect. » GLLF 1973 ; « vieilli, région. » TLF ; « régional (Ouest, Suisse…) » GR 1985, 2001 ; « appeler quelqu’un d’une voix forte ; crier » BrasseurNantes 1993 ; Lengert 1994 ; « crier fort pour appeler » RobezMorez 1995 (comm. étym. à corriger).
Copyright © 2022, tous droits réservés