huchée n. f.
◆ Long cri servant entre autres à héler, à interpeller à distance, en particulier à la montagne. Pousser une huchée. ⇒ hucher.
1 « Pour aller vers nos galeries nous commencions par une route dans les forêts. On grimpait.
On minait. Une trompette d’enfant signalait la fin des explosions. Or un ouvrier se
trouva juste sous un haut mélèze qui trembla, qui frémit un instant. Nos cris, nos
furieuses huchées, son regard. » M. Chappaz, Chant de la grande Dixence, 1965, p. 31.
2 « Au-delà c’était l’éclaircie d’un alpage* qui lui semblait maintenant si proche avec ses deux ou trois petites maisons de bergers.
Puis son regard retombait dans le val où les mayens*, sur l’autre rive du torrent, s’isolaient ou se groupaient. Le plus grand avait une
façade blanchie à la chaux et des volets sang-de-bœuf. Et elle voyait courir autour
d’un pré fauché une petite dame noire, courir comme un insecte pris de folie. D’en
bas partirent des huchées et ceux d’en haut répondirent. / – C’est ainsi la vie des mayens*. C’est la première fois que je connais cette vie. » C. Bille, Forêts obscures, 1989, p. 40-41.
Remarques. Fréquent dans la langue littéraire.
Commentaire. Première attestation : 1889 (A. Ceresole, À la veillée ; v. Pier). Plutôt qu’un archaïsme (le mot n’est pratiquement pas attesté en moyen
français ni en français classique), il doit s’agir d’un déverbal de hucher* (courant dans l’usage romand), par substantivation du part. passé fém., processus d’une fréquence part. élevée en Suisse (v. l’index inverse des formes en fin d’ouvrage). Le type est attesté
dans quelques parlers dialectaux (Normandie, Bretagne, Savoie, Dauphiné ; v. FEW).
En français régional de France, on relève une att. angevine chez Du Pineau (1746-1748) et une att. bretonne chez Chateaubriand (1848 ; v. LittréSuppl, TLF) ; le mot serait en outre
connu en Franche-Comté (DurafHJura).
Bibliographie. RézeauDuPinAng (1746-1748) ; LittréSuppl 1877 ; Lar 1907-1930 ; Pier ; FEW 4, 505a, *hŪccare 1 ; « vx et dialect. » GLLF 1973 ; « vx, région. » TLF ; « vx ou régional (notamment Suisse) » GR 1985, 2001 ; « cri pour héler quelqu’un » DurafHJura 1986 ; Lengert 1994.
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