giclée n. f.
I.◆ Petite quantité (d’une matière gazeuse, liquide, semi-liquide ou solide, sans idée
de giclement). Verser une giclée de kirsch dans la fondue. Tu me sers une giclée de mousse au chocolat,
s’il-te-plaît ?
1 « […] le pain, la tomme*, le café, çà et là une giclée de lait ou de quoi faire une soupe, il est à l’aise. » S. Chevallier, Ces Vaudois !, 1966, p. 106.
2 « Et sous l’haleine du Saint, le cristal de cent coupes, de nouveau se détend, chante,
rit et se repose dans une giclée d’Arvine*, d’Amigne*. » M. Chappaz, Le Match Valais-Judée, 1968, p. 14.
3 « On emporte des tranches de jambon et une giclée de moutarde sur des assiettes en carton, on dispute aux guêpes des tranches de gâteau* aux cerises, on fait une traversée de cantine*, on reboit, on scrute les médailles, hé les champions, sur qui est-ce qu’on tirera,
une fois ? » J. Chessex, Portrait des Vaudois, 1969, p. 74.
4 « Le temps bat à mes tempes à se rompre, on se fait vieux, tu vois, à se rompre dans
la marche ; cette montagne météore froid, cette grimpée dans la forêt mouillée, chatouillée
par la verdeur des sapins, et ces giclées de mousse, barbe pousse lisse et douce, pives* épaisses, un avril-octobre sans ordre tout en odeurs et en secousses sous le pied,
sous les dents, croquer dans la médecine dure d’une aiguille de pin. » A.-L. Grobéty, Zéro positif, 1975, p. 130.
5 « Après chaque opération nécessitant une brève mise à l’air du vin, telle que transvasage,
filtrage, mise en bouteilles, on lui injecte à nouveau une giclée d’anhydride sulfureux […]. » J. Follonier et al., Vins du Valais, 1977, p. 119.
6 « Je me racle la gorge, je rebois une giclée de cognac et j’y vais. » J. Chessex, Judas le transparent, 1982, p. 161.
II.◆ Chute ou saut involontaire accompagné d’un rebond. ⇒ gicler II.
7 « Il s’est pris une de ces giclées contre un arbre ! [en parlant d’un skieur] » Témoin âgé d’env. 20-25 ans, NE, 5 janvier 1995.
III.◆ Averse, ondée. Des giclées de printemps. ⇒ gicler III.
8 « Tous ces poèmes qui ne dureront pas sont des giclées de printemps. » M. Chappaz, À rire et à mourir, 1983, p. 11.
9 « Ce n’était qu’un petit orage ; ce n’est pourtant pas si difficile de se lever, de
prendre le chemin de chez lui, lui dire, lui raconter comme c’était beau de voir le
jardin soulagé de sa chaleur, les escargots qui ont poussé sous la giclée, les fleurs aux bagues transparentes, aux couleurs ravivées, l’odeur – l’odeur des
fruits humides. » A.-L. Grobéty, La Fiancée d’hiver, 1984, p. 369.
◇ Giclée de neige, chute de neige.
Remarques. En français de référence, le mot ne s’applique qu’aux liquides et implique une idée
de jaillissement (giclée “jet de liquide qui gicle” NPR 1993). Il est bien sûr aussi usité en SR avec ce sens plus restreint.
Commentaire. Premières attestations : 1820 (“jaillissement” Gaudy) ; 1861 (“soupçon, très petite quantité” CalletVaud) ; 1876 (“averse”, v. Pier) ; 1923 (“chute, rebond”, fasc. VI de Pier). Dér. de gicler (v. ce mot). Également attesté en français régional de Mâcon (Saône-et-Loire) et de la Grand’Combe (Doubs). — À ajouter à FEW 2, 713, *cĪscŬlare II 2 auprès des attestations de Blonay et Ollon.
Bibliographie. GaudyGen 1820, 1827 ; PeterVoc 1828 ; PeterCacol 1842 ; HumbGen 1852 ; GrangFrib 1864 ;
BonNeuch 1867 ; CalletVaud 1861 ; WisslerVolk 1909, p. 123 ; OdinBlonay 1910, p. 130a ;
Pier, PierSuppl ; Mâcon 1926 ; BoillotGrCombe 1929, p. 183 ; IttCons 1970 ; GR 1985 ;
Lengert 1994 ; GR 2001.
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