crevée n. f.
◆ Gaffe, maladresse, bêtise, bévue, faute. Une sacrée, une belle, une grosse crevée ; faire les pires crevées ; ne faire que
des crevées.
1 « Vous avez fait une belle crevée en vendant votre maison. » Enq. CD/II, 1975-1981 (NE Le Landeron).
3 « […] chaque fois qu’il arrivait quelque chose ou qu’on faisait une crevée, il fallait qu’il aille redire à papa ! Il ne pouvait pas souffrir qu’on s’amuse ou
qu’on ne fasse pas comme lui, on aurait dit que cela l’embêtait ou qu’il était jaloux,
je ne sais pas… » G. Clavien, Le Partage, 1976, p. 43-44.
4 « J’ai fait une crevée en plaçant M. X à côté de Mme Y. » Enq. CD/I, juillet 1976 (BE Moutier).
5 « J’ai fait une crevée dans mes calculs. » Enq. CD/I, juillet 1976 (BE St-Imier).
6 « Nous avons toujours rêvé d’acheter un kiosque à journaux. On voyait passer les gens,
on pensait que ce serait un travail agréable. Et bien, c’est la plus grande “crevée” que nous ayons faite dans notre vie. Aujourd’hui, nous passons quinze heures dans
notre magasin. Tous les jours, dimanches compris, par tous les temps. Nous sommes
épuisés et mon mari est tombé malade. » Le Nouvel Illustré, 25 mai 1977, p. 37.
7 « […] j’ai fait la plus grande crevée qui soit de partir en vacances avec lui ; je me suis bien juré que c’était la dernière
fois !… » G. Clavien, Le bel aujourd’hui, 1978, p. 59.
8 « Une fois dans le train, notre Marianne se rend compte qu’elle a sûrement fait une
crevée. En effet, sa coiffure est crispée au possible et la gêne à chaque mouvement. » Le Rai-Tiai-Tiai aidjolat [journal de carnaval, JU Ajoie], n° 17, 1994, p. 23.
9 « Êcoute, mon beau Guapo, la crevée que j’ai faite hier. Comme j’étais un peu enrhumée, j’ai fait des inhalations. Les
pastilles que j’ai prises, bon Dieu, ce que c’était fort. Après, j’ai vu que c’était
des suppositoires. » Le Rai-Tiai-Tiai aidjolat [journal de carnaval, JU Ajoie], n° 18, 1995, p. 12.
↪ V. encore s.v. déjeuner I.
Commentaire. Part. passé fém. substantivé de crever. Première attestation : 1867 (BonNeuch). Aussi attesté dans ce sens à Pontarlier (Doubs).
Le sens “grande quantité de qch.” (VD, VS, GE ; v. GPSR) n’est plus attesté à époque récente en Suisse romande ; on
le trouve toutefois encore dans le Haut-Jura, où il serait « très usuel » (DurafHJura).
Bibliographie. BonNeuch 1867 ; OdinBlonay 1910, p. 292a ; Pier ; CollinetPontarlier 1925 ; FEW 2, 1318a, crĔpare I 1 ; GPSR 4, 550a ; TLF 6, 482a s.v. crevé III B ; SchüleListeLar 1978 ; GR 1985 ; BourquinPays 1985, p. 107 ; DurafHJura 1986 ;
ChapuisMots 1988, p. 42 ; GR 2001.
Simone QUENET
Copyright © 2022, tous droits réservés
|