les citations
septante adj. numér. card. inv.
◆ Sept fois dix, soixante-dix. Les années septante. Il va sur ses septante. La guerre de septante(-et-un), la guerre franco-prussienne. ⇒ huitante ; nonante.
1 « Et sur quoi d’autre fonder cette froide église (froide, et peu démonstrative !) sinon sur les aïeules noirâtres, ces veuves au visage cuivré, ces vierges millionnaires de septante ans. » J. Chessex, Portrait des Vaudois, 1969, p. 91.
2 « Le retour de la mode des années septante, avec les pattes d’éléphant et les grands cols, nous l’avons anticipé il y a deux ans. Depuis lors, tout le monde s’y est mis. » L’Hebdo, 3 juin 1993, p. 54.
3 « Septante minutes de jeu n’ont pas suffi, en effet, pour départager les deux formations, à égalité 2-2 au terme du temps réglementaire comme après dix minutes de prolongations. » Le Nouveau Quotidien, 28 février 1994, p. 27.
4 « Après une nouvelle période de stabilité jusqu’en 1969, le franc [français] connaîtra, à l’intérieur du “serpent monétaire” européen, de nouvelles tourmentes dans les années septante et jusqu’au milieu des années quatre-vingt, perdant de sa valeur par rapport au mark. » Le Nouveau Quotidien, 16 août 1995, p. 11.
↪ V. encore s.v. bourgeois I 1 ; corvée ; régional.
(en composition) Mil neuf cent septante-cinq. Septante mille francs.
5 « Dire qu’il faut avoir vécu toute une vie d’homme, avoir eu des enfants, avoir conduit des trains, avoir coupé des arbres, fait du ciment, bu des verres, cogné, dorloté, bercé, pour se retrouver à septante-cinq ans battu, humilié, ou simplement contraint, privé. » J. Chessex, Portrait des Vaudois, 1969, p. 64.
6 « À Stockholm, dans le cadre des Nations Unies, à Bonn où se sont réunis les membres de la Communauté européenne, à Londres où septante-neuf nations ont signé un accord contre la pollution des mers, à La Haye enfin avec les pays riverains du Rhin, dont la Suisse, cette protection a été organisée. » Bulletin officiel des délibérations du Grand Conseil, Neuchâtel, 22 novembre 1972, p. 987.
7 « Vers la fin du xviie siècle, le village fut ravagé par la peste. L’épidémie, apparue à Marseille, où elle fit, dit-on, septante mille victimes, s’étendit ensuite sur une partie du continent occidental. » V. Darbellay et al., Liddes, 1976, p. 29.
8 « Le Grand Palais, à Paris, accueille actuellement une remarquable exposition à la gloire du Pharaon-Soleil, Ramsès II le Grand. Le Musée du Caire a prêté pour six mois à la France septante-deux sculptures, monuments et objets rares. » Tribune-Le Matin, 7 juin 1976, p. 1.
9 « Septante-huit tireurs, dont deux femmes ont participé à ce concours. » Nouvelliste et Feuille d’Avis du Valais, 1er juin 1993, p. 14.
10 « T. M. a les épaules rondes, pas de cou et des mains aussi larges que des steaks d’élan. Un roc ! Quatre-vingts kilos pour un mètre septante-huit, et rien que du muscle. » Le Matin, 14 février 1994, p. 19
↪ V. encore s.v. huitante.
(ex. métalinguistiques)
11 « Permettez à un de vos lecteurs, pas chauvin pour un sou au demeurant, de s’étonner de la francomanie qui, depuis quelque temps, sévit sur nos ondes et à la télévision. En a-t-on entendu, lors des émissions rétrospectives de décembre dernier, de ces : “Durant l’année dix-neuf cent soixante-seize !”. Nous étions, il y a quelques semaines, en l’an mille neuf cent septante-six, nous sommes aujourd’hui, en mille neuf cent septante-sept ! » L’Illustré, courrier des lecteurs, 2 février 1977, p. 6.
12 « Entendu à la radio et à la TV* aux derniers jours de 1977 (septante-sept) : – Bonne année soixante dix-huit… – Rétrospective soixante dix-sept… et bien d’autres quatre-vingt-treize. […] La Romandie, c’est presque Paris à écouter ces bouches en cul de poule qui perdent jusqu’à leur propre identité. » Nouvelliste et Feuille d’Avis du Valais, 5 janvier 1978.
↪ V. encore s.v. huitante ; nonante.
Remarques. Cf. encore les dér. septantaine n. f. “quantité égale à soixante-dix ou environ” (« une école de danse qui accueille toutes les années une septantaine d’élèves » Le Pays, 2 février 1977, p. 4) et “âge de soixante-dix ans ou environ” (« Veuf dans la septantaine, ayant sa maison, cherche dame de 50 à 60 ans » Construire, 3 février 1982, p. 14), ainsi que septantième adj. numér. ord. “soixante-dixième” (« leur très chère et regrettée maman, grand-maman, sœur, tante, parente et amie, que Dieu a reprise à Lui, dans sa septantième année » L’Express, 1er novembre 1976, p. 2). — L’équivalent du français de référence, soixante-dix, se rencontre assez souvent dans la littérature, et sporadiquement dans les médias ; il est toutefois très rare dans l’usage oral, scolaire et administratif.
Commentaire. Première attestation (en SR) : 1370 (v. Pier). Archaïsme ; en France, le mot commence à céder la place dès le xve s. à soixante-dix (v. FEW). Type également attesté dans les patois romands. Absolument courant en Suisse romande, au Val d’Aoste, en Belgique, au Zaïre et au Rwanda, le mot se rencontre encore à l’occasion dans le français régional de l’est de la France (mais jamais dans l’usage scolaire), avec une vitalité qui varie toutefois beaucoup d’un point à l’autre (v. bibliographie ci-dessous) ; v. en outre GoosseBelg 1977, p. 358 sqq. pour une liste d’attestations littéraires relevées chez de nombreux auteurs français contemporains et une cartographie des matériaux. — NPR 1993 donne le mot comme usuel en Acadie ; en fait, il n’est attesté que pour deux points en Nouvelle-Ecosse, dans MassignonAcad ; le reste de l’Acadie ne connaît que le type soixante-dix.
Bibliographie. Poulain 1691, p.18 ; BrunFrComté 1753 ; Develey Vaud 1808, n° 283 ; Dumaine 1810, p. 243 s.v. huitante ; DeveleyVaud 1824 ; GuilleDial 1825, p. 16 ; GuilleNeuch 1829-32 ; HumbGen 1852 ; GrangFrib 1864 ; BonNeuch 1867 ; « n’est guère usité que par des personnes appartenant au midi de la France » Littré 1871 ; PuitspeluLyon 1894 ; OdinBlonay 1910, p. 520a ; BlochVosges 1921, p. 128 ; Pier ; « cette forme est usitée concurremment avec l’expression française » BoillotGrCombe 1929 ; Brunot III, p. 286 et VI, 1434 ; « employé encore chez les vieux » BrunMars 1931 ; MiègeLyon 1937 ; RostaingPagnol 1942, p. 33 ; BorodinaChabag 1963, p. 474 ; « encore en usage en Belgique, en Suisse et dans certains parlers régionaux » Lar 1964 (> Lexis 1975, 1992) ; FEW 11, 484b-485a, septuaginta ; Voillat 1971, p. 228, 231 ; « presque la seule forme employée en français belge » BeatensBruxelles 1971 ; DFV 1972 ; HanseNChasse 1974 ; « vx ou dialect. (en France, mais encore usité en Belgique et en Suisse) » GLLF 1977 ; GoosseBelg 1977, p. 358-362 ; « régional (Belgique, Suisse et France de l’E.) » Alpha 1982 ; « Rwanda, Zaïre » IFA 1983 ; MartinAost 1984 ; « fréquent, écrit, oral, tous milieux » JouannetRwanda 1984 ; « vx ou dialectal (Belgique, Suisse romande, encore vivant dans une partie de l’Est de la France, depuis la Belgique jusqu’à la Provence) ; en Belgique comme en Suisse, le mot est absolument usuel, soixante-dix étant marqué comme français de France » GR 1985 ; « Jura et Alpes du Nord » RézeauBibl 1986 ; MassionBelg 1987 ; « en Suisse et en Belgique » PLi 1988 ; « Belgique, Suisse, Zaïre » PLi 1989 ; « usuel à partir de 60 ans, en déclin au-dessous » MartinPilat 1989 ; « perçu comme vieilli » LanherLittLorraine 1990 ; « septantaine » DucMure 1990 ; DromardFrComté 1991 ; « vieilli ou région. (notamment Belgique, Suisse romande, frange orientale de la France) » TLF ; « usuel au-dessus de 40 ans, en déclin au-dessous » VurpasMichelBeauj 1992 ; « Belgique, Suisse, est de la France, Acadie [sic ; v. rem. ci-dessus] » NPR 1993 ; « officiel en Belgique et en Suisse » GrevisseGoosse13, § 573 ; « bien connu » VurpasLyon 1993 ; « suranné, connu au-dessous [sic] de 20 ans » BlancRouatVill 1993 ; Lengert 1994 ; Belg 1994 ; « en disparition, sauf chez les personnes âgées » RobezMorez 1995 ; SalmonLyon 1995 ; « Suisse, Belgique, Rwanda » DictUniv 1995 ; OffScrabble 1995 ; « usuel à partir de 40 ans » FréchetAin 1998.
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