effeuilles n. f. pl.
◆ Épamprage, action d’enlever les feuilles et les bourgeons des plants de vigne qui
nuisent ou pourraient nuire à la maturation du raisin ; (par métonymie) période à laquelle se déroule cette activité. Faire les effeuilles. L’époque, le temps des effeuilles. ⇒ effeuiller, effeuilleuse.
1 « Les effeuilles, c’est comme le mariage. Au début, on s’emporte, on menace de tout casser, au moindre
affrontement. Puis, peu à peu, on apprend à se supporter. De la résignation on passe
parfois à la tendresse. » R. Molliex, Chantevin, 1972, p. 84.
2 « Bref, chez les Ansermoz, je n’allais point à la vigne, ni pour les effeuilles, ni pour les vendanges. Je ne “rendais” pas, avaient-ils décrété à juste titre, et puis j’avais suffisamment d’ouvrage à
la maison. Je me contentais donc de leur porter à manger à la vigne, puis de préparer
pour toute l’équipe le souper* qui marquait la fin de la récolte : rôti de porc, haricots verts, crème au kirsch. » Fr.-Ch. Gehri, Un Sou d’or, 1974, p. 37.
3 « La fin de mai apporte souvent une légère accalmie dans les occupations vigneronnes.
Une trêve avant la grande bataille des effeuilles, qui sera le moment le plus pénible pour le vigneron. Lorsque les effeuilles sont terminées, les travaux diminuent doucement jusqu’au calme plat de septembre.
[…] Les effeuilles sont moins bruyantes que les vendanges, mais, quand tout va bien, on entend pourtant
quelques chants en patois. Des voix qui s’élèvent tout au long des charmus*. » E. Gardaz et al., Le Vin vaudois, 1975, p. 114.
4 « Elles sont plus de 1230 dans le vignoble vaudois à alléger les ceps de feuilles qui
cacheraient le soleil aux futures grappes. C’est le temps, en effet, des effeuilles, et, pour respecter une coutume de longue date, grand nombre de femmes de la vallée
d’Aoste se sont répandues dans les domaines viticoles vaudois. Elles sont la majorité.
On compte moins d’Espagnoles et de Portugaises. Les Savoyardes qui, au siècle passé,
traversaient le lac à [sic] bateaux à rames et épousaient même les vignerons vaudois se font toujours plus rares. » Tribune de Genève, 19-20 juin 1976, p. 13.
5 « Le “Buffet de la Gare” est ouvert sans interruption, des effeuilles aux vendanges : le patron ne ferme jamais en été. » Le Nouvel Illustré, 20 avril 1977, p. 104.
↪ V. encore s.v. dommage.
Commentaire. Première attestation : 1758 (v. GPSR). Déverbal de effeuiller v. tr. (v. ce mot) ; type également attesté dans les patois. Le mot est passé en français régional de Savoie.
Bibliographie. HumbGen 1852 ; CalletVaud 1861 ; BonNeuch 1867 ; OdinBlonay 1910, p. 136a ; Pier ;
FEW 3, 681a, folium I 1 c ; ZumthorGingolph 1962, p. 260 ; GPSR 6, 140ab ; IttCons 1970 ; TLF 7, 752a
s.v. effeuiller ; GR 1985 ; GagnySavoie 1993 ; PLi 1998 ; GR 2001.
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