dommage adj. inv.
◆ (dans des tournures négatives) Qui a de la valeur et que l’on n’aimerait pas endommager. Il ne faut pas mettre des habits dommage pour repeindre sa chambre.
◇ Pas dommage loc. adj. Dont la détérioration ou la perte ne serait pas sentie comme spécialement regrettable
(choses). Avec des enfants, vaut mieux avoir des meubles pas dommage.
1 « Pour faire ce travail au jardin je te demande de porter un habit pas dommage. » Enq. CD/II, 1975-1981 (VD Arnex).
2 « Pour charrier du fumier ou du purin j’ai préparé des vêtements pas dommage. » Enq. CD/II, 1975-1981 (NE Le Landeron).
3 « Nous allons faire une torrée*. Vous mettrez des habits pas dommage. » Enq. CD/II, 1975-1981 (BE Moutier).
4 « Pour trafiquer autour de la maison, mon père porte une vieille culotte militaire pas dommage. » Enq. CD/II, 1975-1981 (JU Porrentruy).
5 « Profitez du week-end pour faire une balade en forêt afin d’en rapporter quelques belles
branches de hêtre que vous ferez immédiatement tremper dans un bon demi-litre de glycérine
anglaise […] que vous aurez versée dans un vase pas trop dommage. » 24 heures, 20 octobre 1976, p. 17.
6 « Avant même d’avoir enfilé les gants de chirurgien et le t-shirt “pas dommage”, vous ne savez plus où donner de la tête. » Le Nouveau Quotidien, 18 mars 1994, p. I (suppl.).
Que l’on ne souhaite pas ménager spécialement (personnes). On a mis les invités pas dommage dans le fond. Il n’est pas plus dommage que moi,
qu’il travaille lui aussi ! C’est du vin pour les visites pas dommage.
7 « Madame-mère, en revanche, me répétait que des générations de femmes enceintes avaient
fait les effeuilles*, qu’elles n’en étaient pas mortes, et que je n’étais pas plus dommage [en italique dans le texte] qu’elles. Je l’écoutais avec le respect qu’une bru doit à sa belle-mère. » R. Molliex, Chantevin, 1972, p. 36.
8 « À ce maître, on lui laisse les élèves pas dommage. » Enq. CD/II, 1975-1981 (NE Cortaillod).
9 « Votre serviteur, que les hasards de la vie ont mis naguère en situation de responsabilité
avant que d’être sec derrière les oreilles, peut vous en faire la confidence : à 30
ans, si vous êtes chef, vous devez, pour obtenir quoi que ce soit, vous battre comme
dix […]. Il est vrai qu’alors on est solide, et pas dommage. » La Suisse, 30 mars 1987.
10 « Pas besoin, pourtant, d’employer un super imparfait du subjonctif pour dire à Lorette
qu’on a envie de se rouler dans les foins. […] “Tu viens, chérie ? Tu n’est [sic] pas plus dommage qu’une autre. C’est toujours ton père qui tient l’épicerie ?” » E. Gardaz, Construire, 26 janvier 1994, p. 30.
11 « En cas de refus […], vous en subirez les conséquences jusqu’aux prochaines vacances,
du chef qui vous culpabilisera paternellement aux collègues qui vous feront comprendre
que vous n’êtes pas plus dommage qu’un autre […]. » Contact, 10 novembre 1994.
Commentaire. Première attestation : 1885, M. de Riedmatten, Journal intime, t. I, p. 164 (v. GPSR). Innovation du français régional, attestée très sporadiquement dans les patois (VD Blonay et VS Savièse ; op. cit.),
et qui pourrait bien représenter un calque de constructions allemandes très proches :
cf. all. jemand / etwas ist für jemanden / etwas zu schade “jemand / etwas ist zu gut für jemanden / etwas” et sich für etwas zu schade sein “etwas als unter seiner Würde ansehen” (LangenscheidtGroß). — Ces emplois manquent dans FEW 3, 11a, damnum.
Bibliographie. PludFranç 1890, p. 25 ; OdinBlonay 1910, p. 85a ; Pier ; GPSR 5, 844a-846b.
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