caquelon [kɑ(:)klɔ̃] 🔊 n. m.
![]() ◆ Récipient de cuisine en terre cuite émaillée, sans couvercle, circulaire et pourvu
d’un manche, que l’on installe sur un réchaud au milieu des convives pour consommer
la fondue au fromage. Caquelon à fondue. ⇒ brûlon ; religieuse.
1 « […] autour du caquelon règne une douce quiétude, un bien-être certain. Autour du caquelon revivent aussi les souvenirs qui semblent éclater de chaque bulle crevant la surface
de la crème onctueuse. » W. Dubois, En poussant nos clédars, 1959, p. 35.
2 « Les ennemis ruminent leurs rognes, puis ils mangent des fondues dans le même caquelon, puis ils se lancent des bâtons dans les jambes, et la guerre d’usure reprend dans
les pintes* et au Grand* Conseil. » J. Chessex, Portrait des Vaudois, 1969, p. 123.
3 « Pour préparer cette vraie fondue, rien ne vaudra jamais les bons caquelons de terre qu’autrefois les potiers de Bonfol amenaient à Neuchâtel dans de grands
chars remplis de paille, au milieu de laquelle, jaunes et fragiles, ils étaient rangés
en bon ordre pour supporter les cahots de la route. Cette terre poreuse est seule
capable de s’imprégner des parfums combinés de l’ail et du vin. Le caquelon à fondue ne doit servir qu’à cet usage, et il se culotte comme une pipe, devenant
toujours meilleur au fur et à mesure qu’il vieillit. » M. North, J. Montandon, Neuchâtel à table, 1973, p. 178.
4 « Nous nous souvenons naturellement des joies ineffables de chacun quand toute la famille
était réunie autour de nombreux caquelons où mitonnaient des fondues crémeuses fleurant bon l’ail. » IttÇà, 1975, p. 270.
5 « […] c’est socialement très liant la fondue, et démocratique, tous dans le même caquelon sans distinction de sexe. » A.-L. Grobéty, Zéro positif, 1975, p. 138.
6 « Et toutes les ménagères romandes étaient, à juste titre, convaincues qu’il n’était
de bonne fondue que celle faite dans un caquelon de Bonfol, et que rien n’aurait pu remplacer ce récipient, pièce maîtresse de toute
cuisine qui se respectait ! » J. Montandon, Le Jura à table, 1975, p. 15.
7 « Les trois fromages ayant des pâtes différentes qui fondent plus ou moins rapidement,
il convient de verser d’abord dans le caquelon celui dont la pâte est la plus dure […]. » M. Vidoudez, J. Grangier, À la mode de chez nous, 1976, p. 45.
8 « Connaissez-vous quelque chose d’aussi triste qu’une seule fourchette dans un caquelon ? » Eve chez elle, octobre 1976, p. 11.
9 « Les bonnes fondues entretiennent l’amitié ! Et rien ne remplace l’ambiance qui règne
autour d’un caquelon fumant. » Coopération, 29 septembre 1977.
10 « Ma recette ? Je fais ma fondue uniquement au gruyère, mais au moins de deux meules
différentes. Avec cela du vin suisse à fondue, un petit verre de kirsch et du fenouil…
Croyez-moi, il y a toujours de la joie autour du caquelon. » L’Express, 11 novembre 1977.
11 « Frottez le caquelon d’une ou de deux gousses d’ail, sur toute sa surface. Posez à l’intérieur les lamelles
de fromage, et versez sur le tout la valeur de 4 dl de vin blanc sec du pays […].
Allumez le feu sous le caquelon, doux tout d’abord, et brassez en croix, au moyen d’une spatule de bois, le mélange
vin-fromage. » RecettesNeuch 1993, p. 11.
◇ Par analogie, se dit aussi des récipients en métal, moins évasés et souvent accompagnés
d’un couvercle, dans lesquels on fait la fondue bourguignonne ou chinoise. Caquelon à fondue bourguignonne.
12 « Caquelon à fondue […]. / Votre fondue bourguignonne, Bacchus ou chinoise sera une vraie réussite. » Catalogue Jelmoli, aut./hiver 1982, p. 510.
13 « Le Pierrot […] décide de manger une bonne fondue chinoise […]. Il se porte volontaire
pour apporter la viande. Lorsqu’il arrive de la boucherie, un appétissant bouillon
frémit déjà dans les caquelons. » Le Rai-Tiai-Tiai aidjolat [journal de carnaval, JU Ajoie], n° 18, 1995, p. 35.
Remarques. Seul mot employé pour désigner ce référent en Suisse romande.
Commentaire. Premières attestations : quaquellon (1707, BE), caquelon (1717, Franches-Montagnes, JU), quoquelon (1772, NE) ; SchüleMsCD. Dér. (suff. à valeur diminutive ‑on) d’un type dialectal kakęl n. f. “carreau, brique vernissée” puis “écuelle en poterie”, attesté dans NE, BE et JU depuis le xve siècle, et emprunté à l’alémanique Kachel, de même sens (⇒ catelle). L’étymologie proposée dans RobSuppl, qui veut rattacher le mot à la famille de frm. caque, du néerl. caken, est erronée ; quant aux commentaires étymologiques de GR 1985, 2001 et NPR 1993,
2000, leur formulation manque de clarté et semble confondre les deux étymologies ;
on se référera plutôt au TLF (> DHLF). Le mot suisse romand est passé au français
rég. de Savoie (v. ex. de Frison-Roche dans RobSuppl ; GuichSavoy) ; quant à l’attestation franc-comtoise
dans Colin, elle relève du patois d’après l’exemple cité ; mais le mot serait « courant dans le Haut-Jura » d’après RobezMorez. On le trouve aussi à Nancy avec le sens de “petit poêlon à queue, destiné à aller au four”, et dans l’Ain avec le sens de “petite casserole en terre”. Jusqu’au xixe siècle, caquelon est attesté essentiellement dans NE, BE et JU. C’est grâce au succès de la fondue
que la désignation du poêlon spécial dans lequel on la prépare s’est répandue par
la suite dans toute la Suisse romande, puis dans le reste de la Confédération : cf. all. de Suisse Caquelon n. n. (DudenSchweiz) et ital. de Suisse caquelon n. m. (relevé dans des prospectus trilingues, 1975). Le romanche, pour sa part, traduit
caquelon par padella da fondue.
Bibliographie. GuilleDial 1825, p. 48, 52, 77 ; GuilleNeuch 1829-32 ; GrangFrib 1864 ; BonNeuch 1867 ;
TappoletAlem, p. 83-84 ; Pier, PierSuppl ; Schoell 1936, p. 90 ; FEW 16, 292b-293a, kachel ; MüllerMarécottes 1961, p. 158 ; IttCons 1970 (> DFV 1972) ; RobSuppl 1976 ; SchüleMsCD ;
TLF s.v. caquelon et fondue ; SchüleListeLar 1978 ; Lar 1979 ; RoquesNancy 1979 ; PLi depuis 1980 ; Alpha 1982 ; PR depuis 1984 ; GR 1985 ; GuichSavoy 1986 ; DudenSchweiz 1989 ; ColinParlComt 1992 ; DHLF
1992 ; NPR 1993 ; PledariGrond 1993 ; Lengert 1994 ; RobezMorez 1995 ; FréchetAin
1998.
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