les citations
bourrée n. f.
1.◆ Grande affluence. Les heures de bourrée dans les trains. La bourrée du samedi dans les supermarchés.
1 « Il y avait une de ces bourrées à l’entrée du cinéma, on ne pouvait même pas entrer. » Enq. CD/II, 1975-1981 (NE Colombier).
2 « Y’avait une bourrée de gens devant le bureau de vote. » Enq. CD/II, 1975-1981 (BE Moutier).
3 « À l’approche des fêtes de Noël, c’est la bourrée dans les magasins. » Enq. CD/II, 1975-1981 (JU Porrentruy).
↪ V. encore s.v. huitante ; tip(p)er 1.
2.◆ Tâche, travail fatigant qui survient par à-coups et qu’il faut exécuter en peu de temps. Les bourrées des moissons et des foins. Travailler par bourrées.
4 « [description du travail d’un cantonnier :] On a le temps. La route est longue. On pose sa brouette vers les nids de poules, on déverse un peu de gravier. Bon, ça va pour une journée. […]. Parfois, une bourrée, en novembre, lors des grosses pluies. » M. Zermatten, L’Été de la Saint-Martin, 1962, p. 138.
5 « Puis il s’est attaqué aux cuisines et je dois reconnaître qu’il a abattu un immense travail. Il n’a jamais ménagé ses efforts. Au moment des “bourrées” il s’est révélé une aide précieuse dans tous les domaines. » Bouquet, 8 décembre 1976, p. 15.
3.◆ Grande quantité (en parlant de choses). Une bourrée de fautes. Avoir une bourrée de dossiers à étudier ; une bourrée de leçons à apprendre. ⇒ crachée 2 ; craquée 2 ; épéclée 3 ; trâlée.
6 « Il y avait cette année une bourrée de noix. » Enq. CD/II, 1975-1981 (VD Arnex).
Remarques. GR 1985 donne bourrée n. f. “période d’activité intense” (qui correspond aux sens 1 et 2 ci-dessus) comme « fam. et rare » et cite un exemple d’Hervé Bazin (né à Angers). — Pour le sens 2, cf. frm. être à la bourre loc. fam. “être obligé de se presser, être en retard dans ce qu’on a à faire” NPR 1993.
Commentaire. Plus anciennes attestations : 1835 (« bourrées d’examen », v. Pier) ; 1852 (« travailler par bourrées » HumbGen). Part. passé fém. substantivé de fr. bourrer v. tr. “remplir complètement (qch.)”, mais aussi “maltraiter”. Les sens “coup, bourrade” et “coup de vent” ont déjà été courants en Suisse romande (v. Pier), mais semblent aujourd’hui désuets. Cf. Grand’Combe bourrée “coup qui peut renverser quelqu’un”, Savoie bourrée n. f. “rebuffade, réprimande faite avec éclat ; volée de coups ; travail acharné, mais de courte durée (avoir une bourrée à la fin de l’année, travailler par bourrées) ; averse accompagnée d’un grand vent et de coups de tonnerre ; bourrasque”, Beaujolais “pluie d’orage”, Lyon “pluie froide, bruine”, Pilat “poussée douloureuse”, Poncins “crise douloureuse dans une maladie”, Québec “travail forcé et rapide ; réprimande, remontrance ; grande quantité ; espace de temps (travailler par bourrées)”, Acadie “moment ; ondée” ; cf. encore Québec, Louisiane bourrée de vent “bourrasque”. — Ce mot et sa constellation de sens dérivés sont à distinguer de frm. bourrée n. f. “fagot de menues branches” (vx. ou rég.), qui relève d’une motivation très spécifique (proprement, “ce avec quoi on bourre un fagot” ; v. TLF).
Bibliographie. MolardLyon 1803 ; HumbGen 1852 ; GrangFrib 1864 ; BonNeuch 1867 ; ConstDésSav 1902 ; OdinBlonay 1910, 61b ; Pier ; FEW 1, 642a, burra III ; BoillotGrCombe 1929 ; GPFC ; DitchyLouisiane 1932 ; GPSR 2, 666b-667a ; MassignonAcad 1962 ; IttCons 1970 (> DFV 1972) ; ALEC q. 1175, pt 156 ; GononPoncins 1984 ; GR 1985 ; MartinPilat 1989 ; Nic 1990 ; DQA 1992 ; VurpasMichelBeauj 1992 ; VurpasLyonnais 1993 ; Lengert 1994 ; ThibQuébHelv 1996, p. 344-345.
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