schmolitz [ʃmɔlits] 🔊 n. m. (aussi schmollitz, schmollis)
◆ Faire schmolitz loc. verb. Passer au tutoiement, se mettre à se tutoyer.
★ Le rituel, dans sa forme la plus traditionnelle, consiste à offrir le tutoiement,
croiser les verres (le plus souvent de vin blanc), et faire cul sec. Il y a belle lurette qu’ils ont fait schmolitz. ⇒ vousoyer.
1 « Pensez donc, ils s’étaient raconté leur vie, ils avaient fait schmolitz… » IttCons, 1970, p. 198.
2 « On vient à la recherche de l’oncle Auguste : “Connais pas, qu’il a fait, mais ça n’a pas d’importance. On va examiner le cas. On
est organisé pour ! Ah ! Vous êtes suisses ! Beau pays ! Buvons un pernod, en attendant !” On en a bu dix. On a fait “schmolitz” ! On a chanté […]. » J.-P. Moulin, L’Humour des Suisses, 1975, p. 52.
3 « De son côté, M. J.-J. C., syndic* et conseiller* national – et surtout grand ami d’O. H., avec lequel il a fait “schmolitz” il y a déjà belle lurette ! – a eu des paroles très aimables pour l’heureux centenaire,
relevant notamment combien l’activité de celui-ci avait été bénéfique à la vie des
sociétés. » L’Est vaudois, 21 mai 1977, p. 3.
4 « En Suisse allemande, on peut observer parfois que certaines personnes de milieux différents
décident, autour d’un verre, de se tutoyer à l’avenir (“faire schmollitz”). En Suisse romande par contre, le tutoiement est largement déterminé par l’appartenance
à un milieu défini. » Nouvelliste et Feuille d’Avis du Valais, 28/29 janvier 1978.
5 « Le conseiller* d’État L., plein d’esprit à son habitude, célèbre en son ex-collègue, la santé, un
appétit à la mesure de ses légitimes ambitions et “cette faculté de vous souvenir du nom des cent mille personnes avec qui vous avez fait schmollitz !” » Gazette de Lausanne, 15 décembre 1983.
6 « Il est vrai que la glace est rompue. Nous avons fait “schmolitz” et je l’ai invitée à skier, mais cela il n’y a pas besoin de l’écrire. » La Suisse, 9 septembre 1988.
7 « D’ailleurs pour les tutoiements importants, ceux qui représentent vraiment un pas
dans une relation, les Romands utilisent un vocable germanique : ils font “schmollis” comme le faisaient les étudiants allemands dans leurs corporations en buvant cul
sec les bras entrecroisés en signe de fraternité. Aujourd’hui les Alémaniques disent
plutôt “duzis machen”. Mais souvent ils hésitent à le proposer à des Romands […]. » Le Nouveau Quotidien, 18 janvier 1994, p. 17.
8 « [Ce qu’on a vu en 1994] Le flic Petit-Gnafron, avant son exil aux Franches-Montagnes,
faire schmolitz avec l’Hubert, chef de district* puis demander : – Schmolitz, ça veut dire quoi ? » Le Rai-Tiai-Tiai aidjolat [journal de carnaval, JU Ajoie], n° 18, 1995, p. 20.
9 « Ce que j’aime le plus dans le métier, c’est cette possibilité de se nouer des relations
imprévues en des milieux très différents ; de fâcher très fort un notable, par exemple,
à cause d’un article que je ne renierai point, et finir quand même par faire schmolitz avec lui. » 24 heures, 10 avril 1997, p. 9.
Commentaire. Première attestation : 1889 (« – Jean-Louis ! – que m’a dit après le président, en venant vers moi, en me tendant
son verre et en me prenant par le bras, – à présent, nous allons faire Schmollitz ! / — Comment dites-vous ? que je lui fais. / — Nous voulons* faire Schmollitz ! / Il m’a alors expliqué la cérémonie et la manœuvre en trois temps et deux mouvements ;
je me suis levé ; on a vidé son verre ensemble ; on s’est ensuite tendu la main comme
des frères, puis on s’est dit tu, mais tu, jusqu’à la dernière minute… » A. Ceresole, À la veillée, p. 245). Emprunt à l’argot estudiantin allemand du xviiie siècle, probablement passé dans la langue générale par l’entremise de l’argot estudiantin
romand. Cette expression est absolument inconnue en Suisse allemande, où l’on dit
Duzis machen (v. ex. ci-dessus, et Duden-Schweiz 1989).
Bibliographie. Lar 1870, p. 1090c s.v. étudiant (en réf. aux mœurs des étudiants allemands) ; TappoletAlem s.v. Schmollis ; Pier ; FEW 17, 45a, schmollis ; IttCons 1970.
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