rèze n. f.
◆ Cépage blanc traditionnel du Valais, aujourd’hui presque abandonné, dont on tirait
selon un mode de vinification spécial le fameux vin* du glacier. Des grappes de rèze. Des vignes de rèze. ⇒ amigne ; arvine ; fendant ; humagne ; johannis(berg) ; païen ; vin du glacier.
1 « Le sentier suivait le rebord d’une vigne de rèze, et je fus saisi, étouffé presque par l’odeur suffocante du sulfate qui recouvrait
en couche épaisse feuilles, grappes et leurs grains durs, déjà bien formés. » C. Bille, La Demoiselle sauvage, 1974, p. 194.
2 « Cette rèze, cette rèze rèche déjà sur le sarment nourricier, cette vigne avortée d’on ne sait quelle plante,
elle-même sans pedigree, tous ces grains de chapelet de petite bigote du raisin ont
donné un vin unique au monde, qui, une fois la vendange faite, ne peut acquérir sa
personnalité que dans les hauts villages d’Anniviers. » J. Follonier et al., Vins du Valais, 1977, p. 44.
3 « C’est au printemps, vers la Saint-Joseph, que les montagnards-vignerons du val d’Anniviers
descendent, bannière en tête, au son des fifres et tambours, pour y travailler les
vignes bourgeoisiales*. Il y a quelques années encore, les habitants de cette haute vallée récoltaient ici
la célèbre rèze [en italique dans le texte], cépage autochtone, duquel ils tiraient le légendaire “vin* des glaciers”. Aujourd’hui, hélas, ce cépage est en voie de disparition et rares sont ceux qui
en possèdent encore quelques parchets*. Ce vin rarissime ne quitte jamais les caves des bourgeoisies*, que ce soit celle de Grimentz, Saint-Luc ou Saint-Jean et bienheureux ceux qui y
ont accès. » J. Follonier et al., Vins du Valais, 1977, p. 150.
4 « […] la rèze, presque introuvable aujourd’hui, […] donnait un vin âpre et rude, qui ne trouvait
sa réelle justification qu’après quelques années passées dans les vases d’arole* des caves bourgeoisiales* de montagne, en devenant le “vin* du glacier”. On peut encore, de temps à autre, déguster ce liquide ambré, légèrement madéré [sic], au goût de résine marqué, témoin d’un autre âge davantage que régal gastronomique. » J. Montandon, La Cuisine au fil du Rhône, 1977, p. 44.
Localisation. 〈Canton du Valais〉 (connu ailleurs par les œnologues).
Commentaire. Premières attestations (d’abord sous des formes patoises) : regy (1313, v. Aebischer > FEW) ; rési (H. Schiner, Description du Département du Simplon, 1812, p. 287, 395, 396), raisi (ibid., p. 436 ; Lengert 1994 donne à tort la forme rèze pour cette datation au fichier CD) ; rèse (1877, LittréSuppl) ; rèze (Micheli 1878, p. 204). Dialectalisme ; forme francisée des formes patoises correspondantes
qui remontent au lat. rætica (uva), nom d’un raisin de la région de Vérone mentionné par Virgile et Pline l’Ancien.
Bibliographie. LittréSuppl 1877 s.v. vin ; P. Aebischer, VoxRom 2 (1937), 360-1 ; P. Aebischer, Élucubrations bachiques et étymologiques sur les
noms des vieux cépages valaisans, Les Propos de l’Ordre de la Channe 2, Savièse, 1959, 28-32 ; FEW 10, 28b, ræticus ; GR 1985, 2001 ; Lengert 1994.
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