les citations
pouet, pouette [pwɛ,pwɛt] adj. et n. 〈(VD, FR, NE)〉 rarement poët, -e ; peut, peute [pœ,pœt] 〈(BE, JU)〉
1.◆ Laid, vilain (d’un animé). Une pouette femme. Une pouette bête.
1 « [en parlant d’académies et de confréries*] Leurs membres s’enveloppent dans de magnifiques robes de chambre moyenâgeuses et se coiffent de romantiques bérets de troubadours ; ça fait jeune, ça valorise, ça réconforte les pouets. » E. Gardaz, Oin-Oin et ses nouvelles histoires, 1973, p. 201.
2 « Elle nous a rappelé, il y a quelques mois encore, qu’elle avait formellement interdit à Léon de venir l’applaudir, se trouvant trop “pouette” aux yeux de son prétendant. » IttÇà, 1975, p. 68.
3 « Mais voilà t’y pas qu’il en vient une seconde de ces pouètes bêtes. » IttÇà 1975, p. 237.
(proverbe) Pouette chatte a beaux minons, une femme laide a souvent de beaux enfants.
4 « Pouette chatte a beaux minons, c’est bien connu dans le Canton*, la mère accoucha d’une coquine de petite fille qui mit, un peu plus tard, la contrée à feu et à sang. » J. Chessex, Portrait des Vaudois, 1969, p. 89-90.
2.◆ Mauvais, vilain (d’une chose). Une pouette affaire.
5 « Et puis, vous avouerez que par un “pouet” temps, taper le carton c’est aussi bien qu’un jeu d’importation. » W. Dubois, En poussant nos clédars, 1959, p. 76.
6 « […] tant de beaux jours doublement appréciés avant la grande entrée en scène de la “poëte” saison. » W. Dubois, En poussant nos clédars, 1959, p. 178.
7 « Il y avait une rue qu’on appelait la Poutaroie, la pouète rue. » RSR, 1er avril 1976.
8 « Une pouëtte année que 1978, en tout cas pour la viticulture ! » Feuille d’Avis de Neuchâtel, 24 avril 1979, p. 28.
3.◆ Malhonnête, méchant. Une pouette langue. ⇒ crouille.
9 « […] au gré des récits, tout ce monde entrait dans la pièce ; ceux que nous aimions prenaient place parmi nous ; les autres, les méchants, les “poëts” restaient tapis dans les encoignures sombres en attendant notre départ pour nous effrayer dans le corridor ténébreux. » W. Dubois, En poussant nos clédars, 1959, p. 184.
10 « Pour parler en bon français, je pense que J. D. de C. est une bien pouette personne. » Radio-TV-Je vois tout, 17 février 1977.
4.◆ Sot (GrafBern 1987).
Localisation. 1 : Canton de Vaud, Canton du Valais St-Gingolph, Canton de Fribourg, Canton de Neuchâtel, Canton de Berne (Jura Sud), Canton du Jura (Jura Nord). 2 et 3 : Canton de Vaud, Canton de Fribourg, Canton de Neuchâtel. 4 : Canton de Berne (Jura Sud).
Remarques. Tous ces emplois appartiennent au registre oral fam. et sont plutôt rares à l’écrit. — En fonction d’adjectif épithète, le mot se trouve toujours en antéposition, parallèlement au fonctionnement syntaxique des adjectifs mauvais ou vilain. — La traduction “sale” donnée par ZumthorGingolph (1962) pour pouè concerne un type lexical à rattacher à pŎrcu (et non à pŪtĬdus), comme il l’a confirmé dans ZumthorGingolph 1966, p. 515.
Commentaire. Dialectalisme qui perpétue un adjectif bien attesté en afr. et mfr. sous la forme put, ‑e avec le sens de “mauvais, méchant”. Le sens de “laid” est secondaire et s’est développé dans l’Est de la France (depuis 1840, v. FEW). La phonétique d’origine est généralement conservée : en patois, [pwɛ(t)] prévaut dans le Jura vaudois et Neuchâtel, et le Jura a [pœ(t)]. En français régional de SR, la forme pouet, ‑ette est attestée pour la première fois en 1861 (CalletVaud), tandis que la forme peut(e) remonte à 1594 (v. Pier). En français régional de France, la Lorraine, la Franche-Comté et la Bourgogne connaissent également l’adjectif sous la forme peut, ‑e (v. bibliographie ci-dessous et DRF).
Bibliographie. CalletVaud 1861 ; BonNeuch 1867 ; BeauquierDoubs 1881 ; WisslerVolk 1909 ; Pier, PierSuppl ; Mâcon 1926 ; BiseHBroye 1939 (p. 301 s.v. pou et 305 s.v. pouet) ; FEW 9, 632a-633a, pŪtĬdus (où manquent, sous I 1 a et b, les mat. de Pier) ; ZumthorGingolph 1962, p. 244 ; IttCons 1970 ; ChuardVaud 1979 ; RoquesNancy 1979 (peute bête) ; DoillonComtois 1980 ; Had 1983 ; Pid 1984 (p. 127 s.v. pouet et 170 s.v. peut) ; GrafBern 1987 (p. 80 s.v. peut) ; ChapuisMots 1988 (s.v. peut) ; TavBourg 1991 ; ColinParlComt 1992 ; DuchetSFrComt 1993 ; ArèsParler 1994 ; Lengert 1994 (qui cite à tort HumbGen 1852 p. 112, où la forme pouai se rattache en fait à pŎrcu) ; MichelNancy 1994 ; DRF 2001 s.v. peut.
Pierre KNECHT
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