les citations
grand-papa n. m.
◆ Père du père ou de la mère, grand-père. Des grands-papas gâteau. Être plusieurs fois grand-papa. Il est l’heureux grand-papa de huit petits-enfants. Grand-papa, j’ose* avoir un fondant* ? ⇒ grand-maman.
1 « Nos vignes ! Oui, Anne, c’est une façon de parler… Elles n’étaient plus à nous… Elles avaient toutes été vendues après la mort de ton grand-papa, pour payer les cautions qu’il avait signées… » A. Rivaz, L’Alphabet du matin, 1968, p. 182.
2 « Grand-papa a tort de vouloir vendre cette maison… » Y. Z’Graggen, Chemins perdus, 1971, p. 105.
3 « M. B. est de nombreuses fois grand-papa. » La Gruyère, 7 août 1976, p. 2.
4 « Grand-papa, après on va direct* à la maison. » Entendu dans un bar, Lausanne, 1976.
5 « De cette union naquirent trois filles, toutes mariées, et M. et Mme G. ont le bonheur d’être grand-papa et grand-maman* de trois petits-enfants. » Le Pays, 17 juin 1977, p. 15.
6 « J’espère bien, nous a dit le grand-papa de Michel, que le président du tribunal réalisera que l’on ne déménage pas un enfant comme un meuble. » Le Nouvel Illustré, 6 juillet 1977, p. 74.
7 « Michel a hurlé, il s’est cramponné au cou de son grand-papa d’où sa maman n’a pu le prendre. » Le Nouvel Illustré, 24 août 1977, p. 62.
8 « – Eh bien, oui, quoi, ton grand-père… / Sa petite bouille marrante tombe dans un abîme de réflexions, dont elle ressort pour me dire que c’est drôle, papa, elle sait bien qu’elle en a un, de grand-père, enfin : qu’elle en avait un, forcément, mais que, des fois, on dirait que… / – Que ? / – C’est pas comme grand-papa Charles, tu comprends ? » J.-L. Benoziglio, Cabinet portrait, 1980, p. 216-217.
(par ext.) Vieil homme.
9 « […] il est gentil le vieux monsieur, mais tu sais il n’entend pas, il est sourd comme on dit le vieux monsieur […] mais non, mais non, il n’entend rien le grand-papa, tu n’as pas peur n’est-ce pas, entre vite mon chat, va dans le grand fauteuil et assieds-toi. » J. Chessex, Le Séjour des morts, 1977, p. 14-15.
Remarques. Dans la langue littéraire, grand-père est beaucoup plus fréquent (Suistext), mais grand-papa domine à l’oral, en contexte familier et affectif. — Cf. encore arrière-grand-papa n. m. “bisaïeul” (« […] ont le chagrin de faire part du décès de leur cher époux, papa, grand-papa, arrière-grand-papa » Le Pays, 4 février 1977, p. 15).
Commentaire. Première attestation en France : Rich 1680 (v. FEW). Première attestation en Suisse romande : 1761 (« J’embrasse mon grand-papa, j’embrasse mes oncles […]. » J.-J. Rousseau, La Nouvelle Héloïse, p. 176 dans Frantext – près d’un siècle avant le « 1849 » non référencé de Lengert 1994). Tout comme son correspondant féminin (⇒ grand-maman), grand-papa n’est presque jamais donné comme régional dans la lexicographie générale (à l’exception de GR 1985 ; v. bibliographie ci-dessous) ; or, les nombreux témoins français interrogés disent ne jamais l’employer, alors qu’en Suisse romande il est d’un usage courant. Dans la base Frantext, si l’on met de côté les attestations dues à des auteurs suisses (Rousseau, Amiel, Cendrars et Benoziglio), on relève (avec ou sans trait d’union) 10 att. au xviiie s., 28 au xixe s., et 12 au xxe s. Le mot semble donc être en réelle perte de vitesse en France dans l’usage contemporain, mais paraît se maintenir un peu mieux que grand-maman. On lui préfère pépé ou papi (cf. encore bon-papa « fam. » NPR 1993), termes plutôt inusités en Suisse romande. Au Québec, le mot est très courant (plusieurs dizaines d’att. dans Québétext), mais commence à subir la concurrence de papi. Pohl le mentionne aussi pour la Belgique ; on le relève effectivement dans une quinzaine d’articles (mais surtout en emploi fig.) dans les archives électroniques du journal bruxellois Le Soir (janv. 1994 à sept. 1996). Michel Francard (comm. pers., avril 1997) nous signale cependant que le mot est rarement entendu de nos jours, et qu’on lui préfère bon-papa (vieilli) ou papi (comme en France). En Suisse, il est rare dans l’usage littéraire : Suistext n’en fournit que 7 att. (trois chez G. Borgeaud, Le Préau [1952] ; une chez C. Bille, La Fraise noire [1968] ; deux chez A. Rivaz, Sans Alcool [1961] et L’Alphabet du matin, 1968, v. ci-dessus ; une chez J. Chessex, Le Séjour des morts, 1977, v. ci-dessus). Ces données ne reflètent toutefois pas la situation dans le registre oral familier, qui fait largement usage du mot. En somme, on semble bien avoir affaire à un archaïsme ayant connu son apogée en France au siècle dernier, et encore bien représenté aujourd’hui dans les aires périphériques, mais dont le marquage dans la lexicographie générale est imprécis ou insuffisant, voire inexistant (il est donné sans aucune marque dans Li et DG, qui datent toutefois du siècle dernier, mais encore dans NPR 1993 s.v. papa).
Bibliographie. « les enfans disent aussi Grand-Papa » Ac 1798 s.v. papa ; « les enfants et ceux qui leur parlent disent aussi, Grand-papa » Ac 1835, 1878, 1935 s.v. papa ; « nom donné par les enfants à leur grand-père » Lar 1874, 1903, 1932 s.v. papa ; « “grand-père ; arrière-grand-père” enf. ou fam. » Pohl 1950 ; « t. d’enf. » FEW 4, 221b, grandis I 2 b ; sans marque, FEW 7, 588b, pappus II ; « langage enfantin » Lar 1962 ; « fam. » Rob 1956 et PR 1967, 1984 s.v. grand-père ; « langage enfantin » GLLF 1973, Lexis 1975, 1992 ; « avec une connotation affective gén. hypocoristique » TLF s.v. grand-père ; « style familier » Alpha 1982 ; « langage enfantin, comme appellatif » Lar 1983 ; « vieilli ou régional (Suisse) ; dans le langage enfantin » GR 1985, 2001 ; « fam. » Hachette 1987 (> DFPlus 1988) ; « plus courant [que grand-père] chez les enfants » DQA 1992 ; Lengert 1994 ; Thibault, RLiR 58 (1995), p. 263 (c. r. de Lengert 1994) ; ThibaultQuébHelv 1996, p. 360 ; VerreaultFrancismes 1996, p. 203.
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