cayon [kɑjɔ̃] 🔊 n. m. (aussi caïon, kayon)
◆ (pop., rural) Porc, cochon ; (p. méton.) viande de cet animal.
1 « Pendant le Comptoir* moudonnois* au restaurant de la Nouvelle Poste / Civet de caïon tous les jours » Journal de Moudon, 11 octobre 1968.
2 « Accompagnez ce ragoût de “caïon” du vin que vous avez utilisé pour sa cuisson. » M. Vidoudez, J. Grangier, À la mode de chez nous, 1976, p. 99.
3 « Il était défendu d’acheter des bœufs ou kayons dans les quinze jours qui précédaient et suivaient la St-Martin. » Cl. Cotting, Fribourg au moyen-âge vu par un Bolze, 1976, p. 37.
4 « Eh bien, avec le quart de la grosse vache à Gisèle on pourra manger de la viande à
volonté, même le vendredi ! […] Ça nous fera oublier le fameux cayon de l’année passée ! » La Dzapate (journal de carnaval, VS), éd. jaune, 1976, p. 4.
5 « Le paysan ne le nia pas ; l’affirmation venait d’un spécialiste qui s’y connaissait
en la matière. Il resta un instant pensif puis ajouta : “Ouais, mais avec ça, il n’y a rien [= il n’y a pas] de petites [pommes de terre] pour
donner aux cayons.” » La Liberté, 6 août 1976, p. 13.
6 « LOTO de CHEXBRES […] 5 beaux caïons à la cheminée, sans compter le reste ! » 24 heures, 18-19 décembre 1976, p. 49.
◇ (Comme terme d’insulte)
7 « Les injures pleuvaient et pleuvent encore. Injures humaines à la ressemblance ! Tête
de cochon ! Espèce de cayon ! Porc ! Goret ! » J. Chessex, Portrait des Vaudois, 1969, p. 108.
Localisation. Essentiellement 〈Canton de Vaud〉, 〈Canton du Valais〉, 〈Canton de Genève〉, 〈Canton de Fribourg〉 ; éventuellement connaissance passive dans les autres cantons.
Remarques. Les graphies caïon et cayon sont à peu près aussi fréquentes l’une que l’autre ; kayon est beaucoup plus rare.
Commentaire. Premières attestations en Suisse romande (déjà sous la graphie cayon) : 1539 (NE Bôle, v. PierSuppl) ; 1619 (VD Vevey, v. Pier). Mot de l’aire francoprovençale,
attesté en Forez au xive s., puis à Lyon dès 1560. Dans les patois, on le relève dans le sud du Jura français,
dans le sud-est de la Saône-et-Loire, dans l’Ain, la Haute-Savoie, la Savoie, le Rhône,
la Loire, la Haute-Loire, l’Isère, le nord de l’Ardèche et de la Drôme, dans l’ouest
du Val d’Aoste, ainsi qu’à Faeto (AIS 246, point 715), ce qui confirme son ancienneté.
En français régional, son extension est pratiquement aussi étendue que dans les patois
(v. bibliographie ci-dessous et DRF). Selon Wartburg, ce mot d’origine inconnue pourrait
avoir un étymon préroman ou même pré-indoeuropéen.
Bibliographie. HumbGen 1852 ; CalletVaud 1861 ; Bridel 1866 s.v. kaïon ; ToubinJura 1869-70 ; BeauquierDoubs 1881 ; PuitspeluPatLyon ; PuitspeluLyon 1894 ;
OffnerGrenoble 1894 ; Gdf 1, 770c ; ConstDésSav 1902 ; ALF 1061 ; VachetLyon 1907 ;
WisslerVolk 1909 ; Pier, PierSuppl ; Mâcon 1926 ; MiègeLyon 1937 ; BiseHBroye 1939,
p. 304 ; ALLy 321 ; GononForez, p. 224 ; ZumthorGingolph 1962, p. 259 ; FEW 22, II, 1a-2b ; IttCons 1970 (> CuenVaud 1991) ; ALJA 731, 732 ; ALFC 668 ; RLiR 42, 1978, p. 163 ;
TuaillonVourey 1983 ; Pid 1983, p. 133 ; Pid 1984 ; MartinAost 1984 ; GermiLucciGap
1985 ; ALP 771 ; DurafHJura 1986 ; MartinPellMeyrieu 1987 ; MartinPilat 1989 ; DucMure
1990 ; TavBourg 1991 ; MazaMariac 1992 ; VurpasMichelBeauj 1992 ; VurpasLyonnais 1993 ;
FréchetMartVelay 1993 ; GagnySavoie 1993 ; BlancRouatVill 1993 ; Lengert 1994 ; RobezMorez
1995 ; SalmonLyon 1995 ; GermiChampsaur 1996 ; FréchetAin 1998 ; DRF 2001.
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