les citations
boiton [bwatɔ̃] 🔊 n. m., boîton
1.◆ Porcherie ; loge des porcs dans une étable, compartiment séparé dans lequel sont gardés les porcs. ⇒ écurie (à cochons).
1 « [scène pré-électorale] On enfermera à l’ultime moment dans les écuries – les boîtons dont la fermeture est une cheville de bois clouée – quelques ennemis, surpris après les avoir soûlés. » M. Chappaz, Portrait des Valaisans, 1965, p. 164.
2 « Les cris les plus aigus, c’est le matin de la boucherie* qu’il les pousse, quand on l’extrait du boiton et qu’il débouche dans la cour, terrifié. Le patron doit le traîner par l’oreille ou le presser à la fourche jusqu’au lieu de l’exécution. » J. Chessex, Portrait des Vaudois, 1969, p. 106.
3 « Dans un village du Pied du Jura, le syndic* avait livré, à bon compte, du bois débité pour construire un boîton à un pauvre diable qui ne l’avait jamais payé. » IttCons, 1970, p. 196.
4 « Sache aussi qu’autrefois les cochons n’étaient pas cloîtrés dans des “boîtons”, mais qu’ils vivaient à l’air libre, propres, qu’ainsi ils ne se baignaient pas dans cette purée parfumée qui leur a valu une si fâcheuse réputation. » G. Duttweiler, Joyeusetés du Pays de Vaud, 1972, p. 109.
5 « La région se caractérise en outre par ses boitons séparés, petites constructions rectangulaires bien à part. Ils sont entièrement maçonnés et coiffés le plus souvent d’un pan incliné, ou à l’occasion d’un toit en croupe […]. Les loges donnent sur un enclos étroit où se trouve l’auge. » P. Hugger, Le Jura vaudois, 1975, p. 104.
6 « Vers 11 heures, lorsqu’on put enfin pénétrer dans le boîton des porcs, on s’attendait à trouver les malheureuses bêtes carbonisées. Surprise chez les sauveteurs ! qui entendirent d’abord des grognements, puis des cris perçants. Les trois cochons étaient vivants, protégés par une dalle et des murs en béton. » Nouvelliste et Feuille d’Avis du Valais, 4 janvier 1977, p. 18.
7 « Mais revenons à notre cochon “Oliver”. Pas de bonne humeur, ni hardi, le bougre, quand on le sortit de son boiton, sur le coup de huit heures. Mais cela devait s’arranger trois minutes plus tard : occis d’un coup de mandrin, crachant dru ses sept litres de sang dans un seau, il ne protestait plus. » 24 heures, 14 janvier 1987.
↪ V. encore s.v. courtine.
(proverbe) Tous les caïons* ne sont pas dans les boitons. (1903, R. Morax, v. WisslerVolk 82-83).
2.◆ (sens fig.) Local exigu, étroit, dépourvu de confort.
8 « Les compartiments des vieux wagons étaient de vrais boitons. » Enq. CD/I, 1974 (NE Le Landeron).
◇ Logement sale, mal rangé. Quel bordel, cet appartement : un vrai boiton !
◇ Taudis.
9 « Il a fallu qu’un locataire soit hospitalisé, pour découvrir qu’il vivait dans un boiton. […] Malade, grabataire, le locataire vient d’être hospitalisé grâce à un ami. Tout le monde l’avait oublié au fond de son taudis. » Vevey-Riviera, 15 juin 1990.
◇ Endroit mal famé.
10 « “Le Centre autonome ? Un ‘boîton’ subventionné !” Hier, à l’heure de son réquisitoire devant le Tribunal correctionnel de Lausanne, où l’on jugeait “Boum” pour avoir vendu du haschisch, le procureur général n’a pas eu de couleurs assez sombres pour dépeindre la maison de Saint-Martin et les activités qui ont marqué jusqu’ici sa brève existence […]. Drogue au vu et au su de tous, provocation, vandalisme […]. » 24 heures, 21 janvier 1982, p. 21.
Remarques. La graphie boîton est due à une étymologie populaire qui rattache le mot à boîte.
Commentaire. Les plus anciennes attestations apparaissent dans un texte rédigé en latin médiéval sous les formes buatonus (1471, Lausanne) et buaton (1506, Fribourg ; tous les deux GPSR). La première attestation dans un texte écrit en français date de 1616 (sous la forme buatton, v. Pier). Le sens 2 est documenté depuis 1820 (« se dit par extension d’un vilain appartement » GaudyGen). Ancien mot d’origine gauloise (*bŌte(g)- + suff. -Ĭttu + ‑Ōne) ; pour la discussion étymologique, cf. GPSR, qui critique avec vraisemblance l’étymon proposé par Wartburg. Emprunt du français régional à un type dialectal attesté dans le Doubs et le Jura français, en Suisse romande ainsi qu’en Savoie (v. FEW). En français régional de France, cf. Grand’Combe bwĕtõ “étable à porcs, plus exactement compartiment séparé dans l’écurie où sont enfermés les porcs ; petite maison”, Pontarlier boiton “logement des porcs ; habitation malpropre”, Haut-Jura boîton “soue ; petite salle ou pièce exiguë sans commodité”, Saxel (Haute-Savoie) bwatõ “soue ; chacun des compartiments où l’on conserve les pommes de terre, les betteraves, etc. pendant l’hiver ; maison malpropre”.
Bibliographie. GaudyGen 1820, 1827 ; DeveleyVaud 1824 ; HumbGen 1852 ; CalletVaud 1861 ; GrangFrib 1864 ; BonNeuch 1867 ; LittréSuppl ; PludFranç 1890, p. 15 (boîton) ; Lar 1897, 1928 ; CarrezHJura 1906 ; WisslerVolk 1909 ; OdinBlonay 1910, p. 82b ; CollinetPontarlier 1925 ; Pier s.v. boiton, éboiton ; PierSuppl ; BoillotGrCombe 1929 ; FEW 1, 653b, *bŬta 3 ; BiseHBroye 1939 ; GPSR 2, 574b-576a s.v. bou̯ato̩n1 ; P. Gardette, RLiR 24 (1960), p. 362-372 ; ZumthorGingolph 1962, p. 258 ; DuprasSaxel 1969 ; IttCons 1970 (> DFV 1972) ; TLF 4, 639b-640a ; Alpha 1982 ; PR depuis 1984 ; GR 1985 ; DurafHJura 1986 ; PLi depuis 1989 ; DromardFrComt 1991 ; NPR 1993 ; Lengert 1994 ; « connu dans tout le Haut-Jura » RobezMorez 1995 ; OffScrabble 1995 ; GR 2001.
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