les citations
brique n. f.
1.◆ Éclat, fragment, tesson (d’un objet cassé) ; miette ; morceau, pièce (en général). Une brique de pain, de chocolat. Faire des briques, casser. ⇒ briquer ; ébriquer.
1 « C’est plein de briques de verre. » Enq. CD/I, 1974 (NE Neuchâtel).
(emplois fig.)
2 « Il y a quand même une petite brique de vérité. » RSR, 19 octobre 1975.
3 « Et pourtant, savent-ils ces puissants, ces représentants du libéralisme économique, […] que c’est leur propre avenir qu’ils sacrifient par briques et morceaux en renonçant à continuer à aider cette presse qui a toujours défendu leurs privilèges ? » Nouvelliste et Feuille d’Avis du Valais, 19 novembre 1976, p. 3.
(Mettre) en (mille) briques, (mettre) en morceaux, (réduire) en pièces. Il a mis le miroir en mille briques. Être en (mille) briques, être en (mille) morceaux.
Brique par brique, brique après brique. Morceau par morceau ; un morceau à la fois.
2.◆ (loc. adv. nég.) Pas une brique, pas du tout. Pas une brique de neige ; pas une brique de soleil, de vent. J’y comprends pas une brique, je n’y vois brique, je n’y comprends rien. Ça ne vaut pas une brique, ça ne vaut rien.
4 « Pour te punir, on ne te donnera pas une brique de ce gâteau. » Enq. CD/I, 1974 (NE Le Landeron).
5 « Tu n’as pas une brique de patience. » Enq. CD/I, 1974 (NE Le Landeron).
6 « Pas une brique de peau qu’on lui voyait. » IttÇà, 1975, p. 95.
7 « Encore la vieille ruche du bout de la rangée, je suis sûr : y avait déjà pas une brique de miel, l’année passée ; toujours à essaimer celle-là ! » G. Clavien, Châtaignerouge, 1977, p. 241.
8 « Six centimètres de neige sur les cerisiers en fleurs ! On avait peur ; ça a pas fait une brique de mal. » Sujet âgé de 80 ans, horticulteur, 25 juin 1980 (GE).
9 « Pour nous, la formation militaire ne vaut pas une brique. » Le Nouveau Quotidien, 26 juillet 1993, p. 1.
Commentaire. Première attestation en Suisse romande (sous la forme bricque) : 1527, Genève (v. GPSR). Cf. mfr. brique n. f. “morceau, pièce” (bien attesté au xvie siècle, v. FEW) ; également très répandu dans les dialectes de l’est du domaine galloroman (essentiellement en Bourgogne, Champagne, Lorraine et Franche-Comté ; mais on en relève aussi des attestations en Savoie, dans le Lyonnais, dans le Dauphiné et même en domaine occitan ; v. FEW). En français régional de France, cf. Mâcon brique n. f. “morceau (par ex. d’une assiette cassée, d’un gâteau)”, Doubs “morceau (par ex. de pain)”, La Grand’Combe “débris, éclat, morceau d’une chose cassée ; chiffon, morceau d’étoffe”, Pontarlier “morceau, fragment ; pièce d’étoffe servant à raccommoder”, Morez “éclat d’un objet brisé”, Savoie “morceau, éclat d’un objet cassé ou brisé ; objets entiers mais de peu de valeur”, Lyon “morceau, débris”, Magny (Côte-d’Or) en briques “en morceaux”, Agde (env. 1770) brique “un peu”. La locution adverbiale négative connaît aussi des correspondants, en ancien français (xiiie s. ; v. MöhrenRenfNég) et dans quelques parlers galloromans (v. FEW).
Bibliographie. SchneiderRézDoubs 1786 ; GaudyGen 1820, 1827 ; DeveleyVaud 1824 ; GuilleNeuch 1829-32 ; PeterCacol 1842 ; HumbGen 1852 ; CalletVaud 1861 ; GrangFrib 1864 ; BonNeuch 1867 ; BeauquierDoubs 1881 ; PludFranç 1890, p. 10 ; PuitspeluLyon 1894 ; ConstDésSav 1902 ; CarrezHJura 1906 ; VachetLyon 1907 ; OdinBlonay 1910, p. 66b ; CollinetPontarlier 1925 ; Pier ; Mâcon 1926 ; BoillotGrCombe 1929 ; BiseHBroye 1939 ; GPSR 2, 757b-758b s.v. brə̩ka ; Pohl 1950 ; AhokasGenève, p. 109 ; MeijerEnq 1962 ; ZumthorGingolph 1962, p. 255 ; FEW 15, I, 277b, bricke 2 ; IttCons 1970, p. 238 ; TLF 4, 975a s.v. brique, commentaire historique ; MöhrenRenfNég ; RouffiangeMagny 1983 ; PR depuis 1984 ; GR 1985 ; GuichSavoy 1986 ; DromardFrComt 1991 ; DuchetSFrComt 1993 ; LagueunièreSéguier [env. 1770] ; NPR 1993 ; Lengert 1994 ; « courant » RobezMorez 1995.
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