les citations
brasser v. tr.
Brasser la neige, marcher péniblement dans la haute neige, en s’y enfonçant ; se frayer un passage dans la neige vierge.
1 « […] ce terrible hiver de 1685 où leurs ancêtres, fuyant leur pays, avaient traversé les forêts du Jura, brassant la neige jusqu’aux genoux. » A. Rivaz, Sans alcool, 1961, p. 43.
2 « Les flocons chassés presque horizontalement blessent les yeux, durs comme si c’était du grésil plutôt que de la neige. Mes pieds brassent une épaisseur considérable de neige fraîche. Depuis combien d’heures aucun triangle* n’a-t-il plus passé ? Çà et là des bourrelets ralentissent encore la marche ; j’y enfonce jusqu’à mi-jambe. » R.-L. Junod, Une Ombre éblouissante, 1968, p. 156.
3 « […] les genoux qui ont brassé une montagne de neige, craqués, fendus, qui ont perdu la moëlle sur la piste […]. » M. Chappaz, La haute route, 1974, p. 66.
4 « Le dimanche, notre animateur […] organise parfois des sorties en groupe. En février, nous sommes allés brasser la neige à la Givrine, sous un ciel sans nuage. » Trente Jours, juin 1976, p. 33.
5 « Ici les hivers sont rudes, il faut “brasserla neige mais, comme dans le Midi, il y a le soleil. Jamais je n’ai eu réellement froid. » 24 heures, 12-13 mars 1977, p. 33.
6 « En effet, durant les rigueurs hivernales, lorsqu’elle devait se déplacer dans le haut de la paroisse, il lui est arrivé d’ouvrir la route enneigée du Champ des Bois, brassant la neige jusqu’aux genoux. » Journal d’Yverdon, 14-15 novembre 1987.
↪ V. encore s.v. vers 3.
Remarques. La locution brasser la boue “marcher péniblement dans la boue” est bien attestée chez les glossairistes du xixe siècle ainsi que dans Pier, mais on n’en trouve guère d’attestations récentes dans la langue écrite. — Cette locution est inusitée au Québec ; pour rendre la même idée, on dit caler dans la neige “s’enfoncer dans la neige” (DQA 1992) ou marcher en calant dans la neige.
Commentaire. Première attestation : 1727-28 (éd. 1835-38 ; v. Pier). Aussi attesté dans les dialectes (v. GPSR). Relevé sporadiquement en Franche-Comté et en Savoie, mais mal représenté dans la lexicographie générale (une att. neuchâteloise dans GR 1985) ; cf. Frison-Roche (Premier de cordée, Éd. Fred Gilliard, 1943, pp. 131, 132, 146 et 161 ; La grande crevasse, Éd. Arthaud 1948, p. 124) pour de nombreux exemples de la locution chez un auteur français, dans des romans dont l’action se déroule en haute montagne.
Bibliographie. CalletVaud 1861 ; CarrezHJura 1906 ; CollinetPontarlier 1925 ; Pier ; BoillotGrCombe 1929 ; FEW 1, 483a, brace ; DuprasSaxel 1969 ; GPSR 2, 742a s.v. brasser 2° 7 ; GR 1985 ; DurafHJura 1986 ; ColinParlComt 1992 ; DQA 1992 ; Lengert 1994 ; GR 2001.
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