traluire v. intr.
◆ (t. de viticulture) Devenir translucide (en parlant du raisin blanc qui commence à mûrir) ; prendre de
la couleur (en parlant du raisin rouge ou noir). Le raisin, la vigne, les grappes commencent à traluire.
1 « Le raisin traluit, un dernier sulfatage, un ultime soufrage, et c’en est terminé avec les traitements.
Boilles*, atomiseurs et pompes sont soigneusement nettoyés et rangés. » E. Gardaz et al., Le Vin vaudois, 1975, p. 118.
2 « C’est encore l’été, mais le bisse* en haut des vignes est à sec, il n’a plus de vie. Oui, le raisin tourne au bleu,
au violet pour le rouge, tourne à l’ambre pour le blanc, le raisin traluit. » J. Follonier et al., Vins du Valais, 1977, p. 99.
3 « Une jolie coutume veut que l’on célèbre les premières grappes mûres dans le vignoble
vaudois. Cette fois-ci, la cérémonie s’est déroulée hier dans le vignoble d’essai
de la Confrérie* des vignerons de Vevey, au-dessus de La Tour-de-Peilz. La confrérie* entreprend elle-même des recherches sur des plants divers et avec des tailles différentes.
Les premières grappes ayant “tralui” furent présentées par le vigneron A. M., médaillé des Fêtes des vignerons de 1955
et de 1977. » Nouvelliste et Feuille d’Avis du Valais, 15 septembre 1977, p. 39.
4 « Arriva l’Assomption […]. Nous allions ce jour-là suspendre nos petits paniers […]
au plafond d’une chapelle. Et nous étions toujours une bande de jeunes filles qui
descendions à Corin [VS] pour y trouver les tout premiers fruits. “Les raisins commencent à traluire, le 15 août”, disions-nous. » C. Bille, Deux passions, 1979, p. 151.
5 « Èves patientes, / Èves clémentes ! / je vous confie le petit raisin. / Il doit nouer,
/ il doit devenir le soleil. / Il gonflera, / il traluira, / il effacera les peines. / Allez ! Alléluia ! / Que la lumière soit ! / soupira
Dieu. » M. Chappaz, À rire et à mourir, 1983, p. 48.
6 « À l’est comme à l’ouest des coteaux neuchâtelois, les vignerons se montrent particulièrement
satisfaits. Une bonne partie des grains traluisent déjà – jolie expression du terroir pour désigner le moment où les baies de chasselas
deviennent translucides et celles du pinot noir se colorent – ce qui traduit une évolution
précoce. » L’Express, 27 août 1994, p. 17.
◇ (en contexte métaphorique)
7 « Le spectacle sera joué dans les rues, cet été. Avec un orchestre. Plusieurs villages
sont déjà intéressés à ce récit de veillée qu’ils veulent offrir à leurs habitants.
Un cadeau qui fera “traluire” les cœurs. » 24 heures, 20 mai 1976, p. 27.
Remarques. Cf. encore le dér. traluit n. m. “véraison du raisin” (« Le “traluit”, faut-il le rappeler, est cet instant décisif qui voit le grain opaque prendre jus,
devenir translucide et commencer une maturation qui se traduit dans de très bonnes
conditions, au mois d’août, par l’apport quotidien de 0,8 gramme en sucre par litre. » 24 heures, 14-15 août 1976, p. 7).
Commentaire. Première attestation : 1761 (traluisant, v. Pier). Spécialisation sémantique d’un type issu de trans + lŪc?re, déjà attesté en ancien et en moyen français sous la forme tre(s)luire, et bien représenté dans plusieurs parlers galloromans (de la Belgique à Toulouse),
le plus souvent avec le sens de “luire, briller” (v. FEW). Le sens de “devenir translucide (en parlant du raisin)” n’a été relevé qu’en SR, dans les patois comme en français régional
Bibliographie. CalletVaud 1861 ; « Chambéry traluire “reluire” » ConstDésSav 1902 ; WisslerVolk 1909 ; OdinBlonay 1910, p. 577 ; Pier ; FEW 5, 431a, lŪc ?re I 1 ; IttCons 1970 (> DFV 1972, CuenVaud 1991) ; PLi 1998.
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