sur prép.
1.◆ Sur le territoire de. Posséder un pied-à-terre sur France ; travailler sur Genève ; habiter sur Lausanne.
1 « On a une activité surtout sur Genève. » RSR, 4 novembre 1975.
2 « Prenez votre passeport avec vous, m’avait averti la bouillonnante Mme Douady : on se réunira […] dans une auberge typique, et pour y aller, on ne sait
jamais si les chemins sont sur Suisse ou sur l’Allemagne… » Bouquet, 25 août 1977, p. 28.
3 « Il a plu. Il vente. C’est le vent de la mer qui nous tourmente ! Je regarde comme
une promesse les immenses sapinières sur France. Plus serrées, plus âcres encore que les nôtres avec parfois une tuile rouge. » M. Chappaz, La Haute Route du Jura, 1977, p. 101.
4 « Aujourd’hui, dimanche, marché seule jusqu’au Crêt* de Varly, sur France, d’où l’on domine la large plaine que se partagent la Savoie et le canton* de Genève, des deux Salèves au Mont-de-Sion et au Jura. » A. Rivaz, Traces de vie, 1983, p. 139.
◇ (exemple métalinguistique)
5 « Avec ces deux implantations “sur France”, selon l’expression consacrée dans la cité de Calvin, M. souhaite mieux figurer face
aux grandes enseignes […] présentes depuis longtemps dans le Genevois français, où
elles ont su attirer une clientèle avantagée par les différentiels de taux de change. » Le Monde, 22-23 août 1993, p. 13.
Localisation. Surtout fréquent dans les régions limitrophes de la France.
Remarques. Emploi courant ; en revanche, les tournures sur moi, sur toi, sur M. X, sur chez Mme Y “sur ma (ta) propriété, mon (ton) terrain, sur le terrain de M. X, de Mme Y”, signalées par Pier et encore vivantes dans le Jura français (cf. RobezMorez 1995), ont vieilli. — Le syntagme sur la rue (v. par ex. Pier) a été interprété à tort comme un germanisme par plusieurs auteurs (sur cette
question, v. GrevisseGoosse13, § 1001 a 1°).
2.◆ (fig.) sur Soleure loc. Être sur Soleure, être casquette sur Soleure, rentrer sur Soleure, être, rentrer ivre ; aller, se mettre, partir, ramer sur Soleure, s’enivrer. ⇒ assommée 2 ; astiquée 3 ; caisse ; crattée ; fédérale ; gonfle2 3 ; gonflée ; lugée ; maillée ; papet II ; soûlon.
6 « La tête devient lourde, le porte-monnaie aussi. On se met gentiment* sur Soleure. Vers 3 heures, c’est les grandes théories. Chacun refait le monde, à travers ses
trois bouteilles. » Nouvelle Revue de Lausanne, 30 juin 1969, p. 7.
7 « Quelques anciens avaient donc pris l’excellente habitude de se retrouver chaque année.
On festoyait largement et le soir on rentrait joliment sur Soleure. » IttCons, 1970, p. 74.
8 « Sur Soleure bien avant l’heure qu’il avait tout d’abord programmée pour regagner ses appartements
boudrysans*, il se voit dans l’obligation, vu son manque d’équilibre, de prendre une grande décision. » Le Thé d’octobre (journal des vendanges régional, NE Boudry), octobre 1994, p. 4.
◇ (exemple métalinguistique)
9 « Dans le temps, on transportait nos vins par les lacs et les canaux, puis, par Yverdon,
on allait jusqu’à Soleure. Avec des vrilles, les convoyeurs perçaient les fustes,
et siphonnaient naturellement de temps en temps […]. On arrivait à Soleure très généralement
passablement blets. D’où l’expression “Être sur Soleure”. » IttCons, 1970, p. 196.
Commentaire. 1. Emploi part. de la préposition, attesté depuis 1711, d’abord dans la région genevoise (v. Pier).
Il est également signalé en Franche-Comté (BoillotGrCombe 1929 ; RobezMorez 1995),
et tend à se répandre ailleurs (cf. « sur Paris » dans une déclaration de J. Chirac de 1981, v. GrevisseGoosse13, 1021 a ; cf. encore « travailler sur le secteur de, sur Lunéville » TLF 15, 1137a s.v. sur I B 2). — Manque à FEW 12, 431b, sŬper 1 b. — Pier s.v. sur 3° ; Had 1983 s.v. France voisine et sur ; Nic 1987 s.v. sur ; Lengert 1994 (qui interprète à tort « nous redescendions sur Pragnin » comme un helvétisme ; cf. « (avec un verbe de mouvement) une voiture qui va sur Beaumont » dans GR 1985 9, 50b s.v. sur I 4). 2. La loc., d’abord attestée sous la forme avoir chargé pour Soleure (v. BonNeuch, Pier), s’explique par les transports fluviaux de tonneaux de vin que
l’on effectuait autrefois à destination de Soleure (cf.A. Schnegg et H. Sigrist, Neuchâtel et Soleure, 1968, p. 47), transports pendant lesquels les équipages ne se privaient pas de goûter
à la cargaison. — Manque à FEW 12, 431b, sŬper 1 b.
Bibliographie. BonNeuch 1867 s.v. Soleure ; Pier s.v. chargé ; IttCons 1970, p. 238 ; CuenVaud 1991, p. 154 ; StRobert 1993 ; Manno 1994, p. 219.
Pierre KNECHT
Copyright © 2022, tous droits réservés
|