commerce n. m.
1.◆ (fam.) Ensemble d’objets disparates et sans valeur. Range ton commerce ! ⇒ butin ; cheni.
1 « Du vin ? disait cette excellente personne, pour quoi faire ? Voyez, nous, on ne boit
que notre sirop, eh bien, avec un verre ou deux, on se sent gai, on voit la vie en
rose, on ne comprend pas du tout pourquoi il y a des gens qui peuvent boire du vin,
du schnaps et pis tout c’commerce ! » M. North, J. Montandon, Neuchâtel à table, 1973, p. 118-119.
2 « Il a laissé tout son commerce ici sur la table. » Enq. CD/II, 1975-1981 (FR La Roche).
3 « Notre tante Lucette, qui était la mijaurée de la famille, se faisait des masques de
beauté avec des carottes râpées et du jus de citron. On la laissait préparer son commerce et on le lui rupait* en cachette. » IttÇà, 1975, p. 119-120.
4 « Dans ces magasins, il y a un tel commerce, il faut se faufiler entre les gens. » Témoin dans la septantaine, institutrice à la retraite, 6 octobre 1976 (NE Dombresson).
5 « Le grand argentier communal, W. B., a avoué estimer inconcevable que la nouvelle classe
élise domicile au rez-de-chaussée, dans la salle habituellement dévolue à la musique
et aux votations* : “il y en a du commerce là-dedans”, a-t-il déclaré. » L’Express, 10 mai 1994, p. 13.
2.◆ (fam.) Désordre, confusion ; agitation, remue-ménage, branle-bas ; vacarme. Cessez ce commerce ! Quel commerce ! C’est bientôt fini ce commerce ?
6 « – Y paraît, bien sûr, avec tout ce commerce qu’on entend… » A.-L. Chappuis, L’Enfant d’une autre, 1975, p. 73.
7 « Ils [les parents] trouvaient qu’une fille avait assez à s’occuper. Ils disaient qu’il
y avait assez de commerce dans le ménage. » RSR, 24 novembre 1975.
8 « Une nouvelle mission s’imposait, urgente, impérative : retourner aux Ermites, retrouver
le bon père, le supplier d’intervenir auprès de la Vierge Noire “pour qu’elle arrête ce commerce” et que cesse la grâce. » B. Chapuis, Une de Bonfol, 1985, p. 74.
↪ V. encore s.v. encouble 2.
Remarques. Plutôt rare dans les sources littéraires des trente dernières années (mais toujours
courant à l’oral), le mot jouit cependant d’une fréquence très élevée chez certains
auteurs de la première moitié du xxe siècle (A. Ceresole, C.-F. Ramuz, B. Vallotton).
Commentaire. Première attestation : 1864 (U. Olivier, v. Pier). Évolution sémantique d’un mot du
français général, emprunté par les patois romands qui lui ont donné un grand nombre
de sens figurés (v. GPSR), dont quelques uns survivent en français régional (v. ci-dessus).
Cf. encore Anjou commerce n. m. “occupation, dans un sens péjoratif ; bruit insolite, bizarre” ; Franche-Comté commerce n. m. “désordre” (1914, 1983, v. Colin), “ravage, dégât, détérioration, fouillis” (v. Dromard) ; Morez (Haut-Jura) “démarches, inconvénients, bazar” ; Grand’Combe (Doubs) n. m. “toutes sortes de choses de nature indéterminée mais embarrassantes” ; Ain “travail, opération qui présente des difficultés” ; Saxel (Haute-Savoie) komèrse n. m. “désordre matériel ou moral” (mot patois) ; Velay commerce n. m. “démarches” ; Lyon faire un commerce loc. “faire du bruit” ; Québec commerce n. m. “désordre, tapage, embarras” (GPFC ; sens aujourd’hui désuet). V. encore DRF.
Bibliographie. PuitspeluLyon 1894 ; PludFranç 1897, p. 28 ; VerrOnillAnjou 1908 ; OdinBlonay 1910 ;
Pier ; BoillotGrCombe 1929, p. 193-194 ; GPFC 1930 ; FEW 2, 952a, commercium 1 et note 2 ; GPSR 4, 192a-193b ; DuprazSaxel 1969 ; IttCons 1970 ; CasaBevaix, p. 125 ;
Pid 1983, 1984 ; GR 1985 ; ChapuisMots 1988, p. 42 ; DromardFrComt 1991 ; DondaineMadProust
1991, p. 70 ; ColinParlComt 1992 ; FréchetMartVelay 1993 ; Lengert 1994 ; RobezMorez
1995 ; FréchetAin 1998 ; DRF 2001 ; GR 2001.
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