bringue n. f.
I.◆
1.◆ Chanson ou air trop souvent répétés qui agacent par leur monotonie ; discours ennuyeux ;
propos insistants et répétitifs ; rengaine, rabâ-chage. Vas-tu cesser avec tes bringues ? Cesse de répéter la même bringue. ⇒ bringuer 1 ; meule 1.
1 « Nous, on s’est mis à chanter aussi, alouette, la claire fontaine, les bringues de service militaire, et aussi quelques cochonneries que les types du coin entonnaient
tandis que les bonnes femmes hurlaient de rire. » J. Chessex, Portrait des Vaudois, 1969, p. 225.
2 « […] le président du parlement peut être un président qui n’a que de lointains rapports
avec la technique du droit, avec la science juridique. Alors, s’exprimant peut-être
d’une façon un peu moins académique quand il monologue que quand il s’adresse à ses
collègues députés, mais en bon Neuchâtelois, en ouvrant le pli, il dira : “Qu’est-ce que c’est que cette bringue.” » Bulletin officiel des délibérations du Grand Conseil, Neuchâtel, 10 octobre 1972, p. 679.
I. 2.◆ faire la bringue (à qn) loc. verb. Importuner, ennuyer, harceler (le plus souvent dans l’intention d’obtenir qch.). ⇒ meule 2.
4 « Le père se fatigue de son fils qui lui fait continuellement la bringue afin d’obtenir de l’argent. » Enq. CD/I, 1974 (NE Le Landeron).
5 « Et quand des amis ont appris que j’allais venir aux Auges, ils m’ont fait la “bringue” pour que j’ouvre une buvette. » Nouvelliste et Feuille d’Avis du Valais, 26 août 1994, p. 13.
I. 3.◆ (par ext.) Personne ennuyeuse ; raseur. Quelle bringue, celui-là ! Il nous ennuie avec ses histoires. ⇒ meule 3 ; piorne.
6 « Vous allez dire que je suis une vieille “bringue” et vous aurez raison ; mais au soir de ce merveilleux dimanche, il est tout de même
permis d’exprimer sa gratitude encore […]. » W. Dubois, En poussant nos clédars, 1959, p. 121.
II.◆ Querelle, noise, chicane. Il nous fait toujours des bringues quand on emprunte ses choses. Cherche pas des bringues ! ⇒ bringuer 2.
7 « Timidement, au bout d’une heure, la femme du pasteur téléphona aux gendarmes. Vite,
vite, père et fils payèrent mille francs […] pour éviter bringue et procès. » J. Chessex, Portrait des Vaudois, 1969, p. 36.
8 « – Il s’agit de ta femme, précisément. Avec elle, il t’arrive de te chipoter ? / – Comme
chaque mari. Lequel n’a pas ses petites bringues ? » A. Belperroud, Les toutes bonnes du syndic, 1973, p. 14.
9 « La famille des Oin-Oin est très unie. Jamais de disputes, jamais de bringues. » E. Gardaz, Oin-Oin et ses nouvelles histoires, 1973, p. 36.
10 « Il faut que leur communauté tourne, Maurice a besoin de la machine, on ne va pas tout
gripper pour si peu ; après tout ces histoires communales, ça ne vaut pas une bringue, pas cette fois […]. » A.-L. Grobéty, Zéro positif, 1975, p. 176.
11 « Et aussi cet ami A. Z, qui donne le coup d’épaule à Marius depuis 43 ans. Des amis !
Jamais une “bringue”. » Tribune-Le Matin, 21 décembre 1975, p. 17.
12 « Les “bringues” de voisins ou de ménage, à périodes plus ou moins régulières, occupent une place
privilégiée au sein de la justice… qui n’en demande pas tant ! » L’Express, 17 février 1977, p. 9.
13 « Au tribunal de police / Des “bringues” de palier à n’en plus finir… » L’Express, 16 novembre 1977, p. 6.
14 « L’autorité cantonale […] n’aurait-elle pas dû se montrer plus ferme ? […] Pour prendre
sa décision de septembre, elle devait tenir compte de l’état de la cour au début de
l’année, encore largement pavée. Mais quoi, nous sommes Vaudois ! Pas de bringues supplémentaires dans une commune qui en connaît déjà quelques-unes. » 24 heures, 2 mars 1982, p. 41.
15 « Entre la famille de ce dernier et l’exploitant de la ferme voisine, un Glânois* pure souche, la mésentente avait perduré, attisée encore par une bringue autour de la construction d’une halle* à volaille. » La Liberté, 10 décembre 1991.
16 « J’ai “remonté” [= reconstitué] le cheptel des chevreuils, ce qui m’a valu un tas de bringues avec les forestiers. » La Suisse, 4 avril 1993, p. 7.
17 « À la fin de sa scolarité, A. C. n’a guère de choix. C’est donc tout naturellement
qu’elle se met au service de sa famille d’accueil. “C’était des fois dur, quand il fallait défaire le fumier ou épandre le purin. Mais
j’étais bien nourrie et il n’y a jamais eu de bringue”, dit-elle. » La Liberté, 20 juillet 1994, p. 15.
18 « Les pages qui vont suivre ne sont pas une poubelle dans laquelle la mauvaise humeur,
les rancunes, les sales bringues, l’envie et tous les autres défauts pourront trouver place. » 24 heures, 6 mars 1995, p. 52.
◇ Être en bringue avec qn, être brouillé avec qn.
19 « Je suis en bringue avec mon voisin qui épie tous mes faits et gestes. » Enq. CD/II, 1975-1981 (NE Le Landeron).
20 « Oh i comprend bien ces affaires le curé, mais voyez, il est en bringue avec le pasteur, i s’voyent plus maintenant. » RSR, 3 juin 1976.
III.◆ Avoir ses bringues, avoir ses règles.
Remarques. Tous les emplois du mot sont familiers. — Les homonymes du français de référence (grande bringue n. f. “grande fille dégingandée” ; faire la bringue loc. verb. “faire la fête”) sont aussi connus en Suisse romande.
Commentaire. Première attestation en Suisse romande (avec le sens, aujourd’hui inusité, de “santé portée à qn”) : 1609 (v. GPSR). Appartient à la famille de mfr. frm. brinde n. “action de porter la santé de qn en buvant” (depuis 2e m. xvie s. ; « vieilli » depuis Ac 1740 ; v. FEW 15, I, 287b). Les représentants de cette famille sont restés particulièrement vivants en Suisse
romande, où ils ont développé des sémantismes particuliers.
Bibliographie. BGPSR 9, p. 50 ; TappoletAlem, p. 20 ; Pier ; FEW 1, 530a, *brĪnos III 1 (à tort) et 15, I, 287b, bring dirs I 1 ; GPSR 2, 794b-795b s.v. bringa ; ZumthorGingolph 1962, p. 251 ; SchüleNendaz 1963 ; TLF 4, 972b s.v. bringue2 ; PR depuis 1984 ; GR 1985 ; ChapuisMots 1988 ; PLi depuis 1989 ; NPR 1993 ; Lengert 1994 ; GR 2001.
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