bonnard adj. inv. (var. bonard)
1.◆ (inanimés) Bon, chouette, agréable. C’est bonnard, ici ! Il est bonnard, ce restau. Ce petit bar est super bonnard. C’était
vraiment bonnard, ces vacances.
1 « – Et pourquoi vous buviez ? – Ah, je bois parce que j’aime bien boire, je trouve ça
chouette, bonnard, quoi. » RSR, 7 mai 1976.
2 « Je pense toujours à mon quartier des Acacias pour organiser des courses*. C’est bonnard. » RSR, 9 octobre 1976.
3 « [publicité] C’est bonnard d’avoir un livret d’épargne-jeunesse à la banque cantonale*. » Nouvelliste et Feuille d’Avis du Valais, 28 octobre 1976, p. 9.
4 « C’est tout de même un monde ! C’te fille, elle est même pas chez elle, et voilà qu’elle
a le coin le plus bonnard de la cour !… » Tribune-Le Matin, 28 août 1977, p. 14.
2.◆ (animés) Sympathique, aimable, de bonne compagnie. C’est un mec bonnard, ce Steve. Il est bonnard, ton chien.
5 « Toute mention de termes rappelant, même indirectement, l’origine fédérale* d’un objet de scrutin sera désormais supprimée. Par exemple : ce ne sont pas les
services de M. Ch. qui proposent d’introduire la TVA, mais un chouette groupe de contribuables
bonards des Pâquis [texte humoristique]. » Tribune-Le Matin, 3 octobre 1976, p. 10.
Localisation. Particulièrement fréquent dans 〈Canton de Vaud〉, 〈Canton du Valais〉 et 〈Canton de Genève〉.
Remarques. Le féminin bonnarde est possible mais beaucoup plus rare. — Mot essentiellement usité dans la langue
parlée, non attesté dans la littérature ; en perte de vitesse depuis quelques années.
La graphie n’est pas fixée ; le français des dictionnaires (v. infra) connaît lui
aussi l’alternance bonnard / bonard, v. RobSuppl, TLF, GR ; les attestations de Frantext montrent elles aussi une hésitation,
avec toutefois une nette préférence statistique pour bonnard.
Commentaire. Dérivé de bon, suff. ‑ard. Régionalisme emblématique, mais d’apparition très récente dans les glossaires, et
attesté seulement depuis 1972 au fichier CD (K. Hitschler-Chapon, Sot, sot, sot, sommets des sottises de notre société, Paris, Debresse, 1972, p. 101 : « C’était vraiment pas bonard de faire venir tous ces griauts [= gamins] à l’école, alors que les parents faisaient
les Rues-Basses. » [à Genève]). Mot rare et argotique en français de France, attesté surtout avec les
sens de “crédule, dupe” ou “pris sur le fait” (v. EsnaultArg, CaradecArgot, ColinArgot) ; le sens de “bon” semble plus rare (« c’est bonnard, c’est une bonne chance, c’est bon » CellardRey 1980), ou est donné comme « rég. (notamment Sud de la France) » (GR 1985, qui donne aussi le sens de “beau, belle” pour les animés). Les attestations récentes dans Frantext (17 depuis 1950) sont concentrées
chez des auteurs dont le style emprunte beaucoup au registre argotique (B. Blier,
A. Boudard, J.-L. Degaudenzi, M. Embareck, A. Simonin, A. Vergne) et illustrent le
plus souvent le sens de “en très mauvaise position ; foutu, mal parti” (type être bonnard pour le cachot, avec ellipse fréquente du complément prépositionnel) ; on trouve cependant aussi
quelques exemples qui s’approchent davantage de l’emploi suisse romand, mais qui restent
toutefois péjoratifs (« cette Mme Loraga, qui par en dessous me surveillait, avec un regard que j’aimais pas, trop
bonard à mon goût » B. Blier, Les Valseuses, 1972, p. 32). La grande fréquence du mot dans l’usage familier en Suisse romande,
à tout le moins dans certains cantons, en fait de toute façon un régionalisme de statut.
— À classer dans FEW 1, 434a, bonus 1 auprès de Paris bonnard “bonasse”.
Bibliographie. ChuardVaud 1979 ; Had 1983 ; Nic 1987, 1990 ; StRobert 1993 ; ArèsParler 1994.
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