baitchai [bɛtʃɛ] 🔊 n. m. (baitchet ; parfois écrit avec une majuscule)
1.◆ Charivari du Mardi gras, où un groupe de personnes déguisées déambule dans les rues
(essentiellement la nuit) en faisant de grands bruits discordants avec des instruments
hétéroclites. Faire baitchai ; un baitchai carnavalesque ; le traditionnel baitchai. ⇒ Brandons.
1 « [titre] 24 heures de Baitchai au Noirmont / Le coup d’envoi du Baitchai a commencé lundi à 17 h. par le charivari des enfants et le soir, la relève ne se
fit pas attendre, par la clique* du Baitchai, drapeau au vent. Le tintamarre dura donc toute la nuit par un temps froid. Malgré
la neige qui est tombée en fin de nuit, le Baitchai continua toute la journée et se termina le Mardi-Gras à 18 h. Les héros étaient fatigués… » Le Pays, 24 février 1982, p. 7.
2 « Gare au vieux barbon dont les richesses lui permettaient d’épouser une jouvencelle !
Quel “charivari” on lui servait la nuit venue… Notre baitchet carnavalesque n’est que brise légère comparée à cet ouragan évanoui dans la nuit
des temps. » BourquinPays, 1985, p. 31.
3 « Hier, à midi, trente gaillards rescapés d’une longue nuit ont provoqué l’ultime chambard
de bai-tchai 93, au beau milieu du carrefour de la Préfecture, à Saignelégier. Redoublant d’énergie
frappeuse, sur le tambour ou la scie circulaire, ils s’en sont ensuite remontés jusqu’à
la halle-cantine*, lieu-terminus du grand exorcisme. » Le Pays, 24 février 1993, p. 10.
4 « Puis vient le Baitchai, soit le charivari d’une bande en habits et bonnets blancs. » Le Matin, 6 février 1994, p. 13.
5 « Inquiétante nuit. Nuit tant attendue et pourtant si redoutée des enfants. Nuit de
baitchai aux Franches-Montagnes. » Le Quotidien Jurassien, 16 février 1994, p. 13.
2.◆ Sonner le baitchai loc. verb. Faire un bruit dissonant, comme un objet fêlé (se dit surtout d’une cloche).
6 « Ça fait longtemps que la cloche de la porte du Faubourg sonne le baitchai. » Femme âgée de 81 ans, 1991 (JU Porrentruy).
Localisation. Sens 1 : district des Franches-Montagnes ; sens 2 : 〈Canton du Jura (Jura Nord)〉.
Remarques. L’emploi classé sous 2 est vieilli. — Cf. encore le dérivé baitchaiteur n. m. “personne qui participe au Baitchai” « […] les fidèles ont bu le vin chaud comme à la sortie de la messe de minuit, tandis
que les mécréants bai-tchaiteurs, concentrés sur leurs cornes enrouées, leurs percussions diaboliques, se sont éloignés
par la tchaitnoure [= chatière, ouverture, passage] des songes. » Le Quotidien Jurassien, 16 février 1994, p. 13. Dans les deux autres districts du Jura Nord, cette coutume
se nomme le raitiaitiai*, terme également connu dans les Franches-Montagnes.
Commentaire. Dialectalisme, du patois jurassien bètchè̩ n. m. “cloche, vaisselle, poterie fêlée ; charivari de la veille du mardi gras ; tesson,
fragment de vaisselle”. Une hypothèse de Gauchat (citée dans GPSR) y voit un dérivé en ‑aceus du radical de NE-BE bètchi̩ǝ “sonner irrégulièrement la cloche, mal sonner”, lequel correspond à afr. bechier (< beccus et -are) ; mais les rédacteurs de l’article du GPSR (Tappolet et Jeanjaquet) montrent une
certaine réserve face à cette explication et donnent le mot comme « d’origine incertaine », suivis en cela par le FEW qui a classé Châten. baitchait n. m. “bruit de fêlé” dans les matériaux d’origine inconnue ou incertaine (FEW 23, 169a, fente). — Les attestations jurassiennes manquent dans FEW.
Bibliographie. GPSR 2, 361a s.v. bètchè̩ ; ChapuisMots, p. 40.
Simone QUENET
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