les citations
abéquer v.
I.◆ (v. tr.) Mettre un objet dans une position élevée et souvent instable, précaire ou difficile d’accès ; jucher. ⇒ aguiller.
1 « La cruche est tombée, il l’avait abéquée au bord du tablard*. » Enq. CD/II, 1975-1981 (NE Fenin).
(en particulier) Abéquer des échalas, les planter provisoirement à la main dans la terre, avant de les enfoncer définitivement avec un piochard [= sorte de pioche destinée à cet effet].
II.◆ s’abéquer v. pron. Se jucher, grimper, monter.
2 « Les ouvriers se sont abéqués sur le clocher pour en nettoyer les tuiles. » CuenVaud 1991.
III.◆ abéqué, ‑ée part. passé-adj. Installé en équilibre instable sur le rebord d’une surface plane. Bouteilles abéquées sur le bord d’une tablette.
3 « Dans le chantier de la voirie, les triangles*, repeints à neuf, semblent tenir séance secrète sur le chômage qui les guette ; “abéqués” au bord du talus, leur nez humant l’herbe jaunie, ils attendent qu’un bon coup de vent leur fasse faire une glissade. » W. Dubois, En poussant nos clédars, 1959, p. 108.
4 « Avec sa remorque abéquée là, un coup de vent, elle est en bas. » Témoin de 65 ans, installateur à la retraite et vigneron, 19 mars 1978 (NE Bevaix).
◇ Accroché.
5 « Comment, ce jour-là, le bâton du fin haut s’est décroché pour entraîner dans sa chute tous les autres pendus au-dessous ? On ne le saura jamais ; les “chanets” [= chenets] étaient mal “abéqués”, a dit le grand-père ; […]. » W. Dubois, En poussant nos clédars, 1959, p. 174.
◇ Perché, juché ; assis d’une façon précaire. Gamin abéqué sur un arbre. Être abéqué sur un tabouret, sur un strapontin.
6 « Moi je prie beaucoup, ça me tranquillise. Avec mes hommes toujours abéqués [son mari et son fils sont couvreurs], je serais toujours en déguille*. » Témoin âgé de 60 ans, décembre 1979 (NE Bevaix).
7 « Ils étaient “abéqués” tant bien que mal sur des planches appuyées sur les traverses, ballottés par l’instabilité du triangle*. » M.-F. Schenk, Notre autrefois, 1993, p. 77.
↪ V. encore s.v. groise.
Localisation. Vaud, Neuchâtel ; III est aussi connu à Genève.
Remarques. Mot tendant à vieillir. Dans le même champ sémantique, aguiller est mieux attesté (v. ce mot). — Le dérivé abéquage n. m. “choses appuyées ou juchées plus ou moins en équilibre” est encore connu chez les témoins âgés de plus de soixante ans dans le canton de Neuchâtel (tous les districts sauf Val-de-Ruz ; v. AmezLex 1992). ⇒ aguillage 1.
Commentaire. Première attestation en français régional : 1820 (GaudyGen), sous la forme abéquer ; 1892, sous la forme abecqué (v. PierSuppl). Transposition d’un type connu dans les patois, v. GPSR 1, 45ab. Manque dans FEW 1, 308a, beccus ; serait à classer auprès de Blon. abẹtsi v. intr. “reposer à peine sur qch. et risquer de tomber”.
Bibliographie. GaudyGen 1820, 1827 ; BonNeuch 1867 ; Pier ; GPSR 1, 45ab s.v. abéka̩ ; IttCons 1970 ; AmezLex 1992.
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