les citations
éd. 1999 radoux n. m.
◆ Radoucissement du temps ; temps doux, après un temps plus froid ; période caractérisée par ce temps. Une période de radoux. C’est le radoux. Il fait du radoux. Entre Noël et Nouvel-An, il y a toujours un radoux (GrafBern 1987).
1 « C’est une veille de Noël que la séance eut lieu. On avait été chercher le papa Émile par des chemins affreux, car c’était le radoux. » W. Dubois, En poussant. nos clédars, 1959, p. 14.
2 « Janvier fut un de ces gars comme d’Artagnan… et je te pique ici et je te transperce là, et je te ressaute en selle pour aller en surprendre plus loin… Neige, radoux, bourrasque, en veux-tu en voilà […]. » Op. cit., p. 191.
3 « Avec le radoux les avalanches menacent du haut des toits […] » L’Express, 5 février 1981, p. 9.
4 « Attention, à cause des grands vents et du “radoux”, le danger d’avalanches s’est étendu plus vite que d’habitude. » Le Nouveau Quotidien, 27 décembre 1993, p. 11.
5 « Quel radoux ! Entre le 22 janvier et le 5 février, les températures relevées à midi à Neuchâtel par l’Observatoire cantonal* étaient inférieures à zéro degré. Ces trois derniers jours, le thermomètre oscillait entre 11 et 13,4 degrés après le coucher du soleil ! […] Le radoux a provoqué une mini-débâcle sur les étangs de Coffrane qui étaient gelés. » L’Express, 18 février 1998, p. 2.
Localisation. Canton de Neuchâtel, Canton de Berne (Jura Sud), Canton du Jura (Jura Nord) ; Jura vaudois ; dans les autres régions, on dit plutôt redoux (v. commentaire historique ci-dessous).
Remarques. Correspond approximativement à radoucissement, qui met toutefois l’accent sur le procès, le changement d’état, alors que radoux désigne plutôt une période. Ainsi, l’on peut dire le radoucissement de la température, du temps, ce qui n’est pas le cas avec radoux.
Commentaire. Première attestation : 1885 (Combe, v. Pier). Déverbal de frm. radoucir “rendre le temps plus doux” (v. OdinBlonay 1910, p. 452a s.v. radouḥi̩ pour un emploi impersonnel de ce verbe) ; il est également connu en français régional de Franche-Comté (v. bibliographie ci-dessous ; cf. encore cet ex. d’un écrivain du Jura français : « Si les pluies cessaient, si en montagne le “radoux” s’atténuait, les habitants de la Sablonne en étaient quitte pour la peur. » A. Besson, Folle avoine, 1974, p. 124). Ce mot constitue une variante de redoux. Ce dernier est att. depuis 1820 (GaudyGen) ; il était jadis limité au centre-est galloroman (v. HumbGen 1852, CalletVaud 1861, OffnerGrenoble 1894, PuispeluLyon 1894, Pier, Mâcon 1926, FEW ; encore GononPoncins 1984), mais il s’est répandu comme terme non marqué en français général (« dialect. » Lexis 1975, 1992 ; « mot dialect. de la Bourgogne, du Jura, etc. » GLLF 1977 ; sans marque, Lar 1979 ; sans marque, PLi depuis 1980 ; « didact. » PR 1984 ; « régional, puis cour. » GR 1985 ; « mot dial. de la Bourgogne » Hachette 1987 ; sans marque, Hachette 1993 ; sans marque, NPR 1993), aux dépens de radoucissement, peut-être à travers la langue des bulletins météorologiques.
Bibliographie. BonNeuch 1867 ; BeauquierDoubs 1881 ; Pier ; CollinetPontarlier 1925 ; BoillotGrCombe 1929 ; FEW 3, 177a, DŬLCIS 3 ; « redoux, plus rarement radoux » Pid 1983, 1984 ; BourquinPays 1985, p. 69 ; GrafBern 1987 ; Nic 1990 ; « Massifs du Jura et des Alpes, Bourgogne, Lyonnais » TLF s.v. redoux ; DromardFrComt 1991 ; ColinParlComt 1992 ; RobezMorez 1995.
Michaela HEINZ
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