les citations
éd. 1999 queue (ne pas se prendre pour la - de la poire) loc. verb.
◆ Être prétentieux, imbu de soi-même, infatué de sa personne, se prendre pour quelqu’un d’important, avoir une très haute opinion de soi-même. ⇒ fend-l’air 3.
1 « Lorsque les Bourgeoises de Marly et environs montent sur scène, elles ne se prennent pas pour la queue de la poire et savent se vendre (16 francs l’entrée). » L’Objectif Fribourg, 7 octobre 1994, p. 17.
(exceptionnellement, en construction transitive) Prendre qn, qch pour la queue de la poire, pour une quantité négligeable.
2 « Même le Larousse, qu’on n’oserait prendre pour la queue de la poire, s’en est ému [du succès de la Williamine*]. » P. Thurre, P. Schaefer, Des arômes et des fruits, 1989, p. 40.
Localisation. D’après les résultats d’une enquête de vitalité (février 1998 ; 56 étudiants de l’Université de Neuchâtel), la locution semble très bien connue dans Canton de Vaud, Canton de Neuchâtel et Canton de Berne (Jura Sud). Quatre témoins jurassiens sur douze la connaissent, de même que les trois témoins genevois, le seul témoin valaisan et le seul témoin fribourgeois.
Remarques. Très rare à l’écrit, le mot jouit toutefois d’une bonne connaissance active chez les témoins interrogés. — Cf. l’équivalent du français de référence se croire sorti de la cuisse de Jupiter (v. par ex. NPR 1993).
Commentaire. Première attestation : 1931 (« On voit des gens qui s’adorent et se pâment devant leur nombril, tout en doutant d’eux-mêmes avec assez de sincérité. Certains inquiets, certains timides, se prennent si peu “pour la queue de la poire” qu’ils s’admirent d’oser discuter avec eux-mêmes. » J. Peitrequin, Les Mains dans les poches, p. 231). On a relevé en patois gruérien la variante chi chè prin pâ po na kuva dè pre byè, glosée par “celui-ci ne se prend pas pour une queue de poire blette” (DictPatGruér). Ne semble pas tout à fait inconnu en France ; v. BernetRézeau pour une variante isolée ne pas se prendre pour la queue d’une poire (1977, Lino Ventura dans Télé-7-Jours). Cf. encore, dans la même source, ne pas se prendre pour la queue d’une cerise (avec une att. de 1987 ; selon les auteurs, il s’agit d’une « locution […] peut-être plus usuelle en Provence qu’ailleurs », ce qui est confirmé par BouvMartExprProv 1987, p. 62 ; des témoins savoyards affirment aussi la connaître et l’employer). Ces locutions sont construites sur le même modèle que la locution plus fréquente (mais vulgaire) du français commun ne pas se prendre pour une / de la merde (v. par ex. NPR 1993). — Manque au FEW.
Bibliographie. BernetRézeau 1989 ; DictPatGruér 1992, p. 151 s.v. byè, byète.
Michaela HEINZ
Copyright © 2022, tous droits réservés