les citations
morce n. f. (plus rarement morse)
◆ Ce qu’on peut mordre en une seule fois, enlever d’un seul coup de dents ; bouchée, morceau. Une morce de fromage, de saucisse. Allez, prenez-en encore une morce !
1 « Chez nous, on coupe un petit morceau de fromage et on le pose sur le pain, avec la pointe du couteau. Puis on met le pouce dessus pour l’empêcher de tomber, et on porte la morse à la bouche. » S. Chevallier, Le Silence de la terre, 1961, p. 127.
2 « Encore une mode qui nous vient des top models. À l’instar de cette pub pour une pizza ou l’on voit L. E. changer de couleur de cheveu[x] plus vite que son ombre : à chaque morse, clac, une nouvelle coupe. » Construire, 5 juin 1996, p. 33.
(par ext.) Petite quantité de nourriture. Manger, prendre, croquer une morce, consommer un en-cas, faire un petit repas sur le pouce.
3 « Même George, pensionné de la Légion, ne rechigne pas à aider un bistrotier ou à se balader au marché, le sac à provisions d’une ménagère nécessiteuse au coude. Pour un ou deux pichets de salvagnin* et une morce à midi, entendons-nous. » Lausanne-Information, 4 mai 1977, p. 16.
4 « Avec un groupe de copains, on est allés faire les bistrots de la ville, manger une morce quelque part. » F. Clément, Les Vaches enragées, 1993, p. 80.
5 « Bref, le soir venu, on mange, on boit et on drague, dans l’ordre. Sauf dans le canton* de Neuchâtel, qui a toujours brillé par sa différence. Les traditionnels cercles, privés en principe mais devenus aujourd’hui officiellement des restaurants nocturnes, y permettent des gestes inouïs : croquer une morse à quatre heures du matin, à un prix normal, autour d’une table agréablement éclairée, où on peut causer. » Le Nouveau Quotidien, 18 mai 1994, p. 2.
Remarques. On trouve dans Manno 1994 le mot morce au masculin chez un témoin neuchâtelois : une fois dans la loc. croquer un morce, traitée ci-dessus (et dans laquelle morce doit représenter une apocope de morceau, ce qui expliquerait le genre), et deux fois dans des loc. où morce semble plutôt équivaloir à “bouche” (s’en mettre plein le morce “manger beaucoup” et ouvrir son morse [sic] “parler beaucoup”) ; dans ce dernier cas, il semble qu’on ait plutôt affaire à des avatars du type morre n. m. “museau, gueule” (v. Pier).
Commentaire. Première attestation : 1861 (CalletVaud). Forme dérivée du type afr. mfr. mors n. m. “morceau (d’une chose à manger)”, bien attesté dans les parlers normands, lorrains, francs-comtois et romands (v. FEW), qui a aussi donné naissance à fr. morceau. Le type fém. morce connaît des correspondants dans les patois de Suisse romande (v. FEW) ; en France, on le relève une fois dans le Haut-Jura, mais marqué comme « patois, mot souvenir » (DurafHJura).
Bibliographie. CalletVaud 1861 ; GrangFrib 1868 ; WisslerVolk 1909 ; OdinBlonay 1910, p. 370a ; Pier ; FEW 6, III, 144b, mŎrsus 2 a ; IttCons 1970 (> CuenVaud 1991) ; DurafHJura 1986 s.v. morse ; Manno 1994, p. 214, 217 ; PLi 1998.
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