lancée n. f.
1.◆ Accès de douleur brusque, aiguë, lancinante ; élancement. Avoir des lancées dans les reins. Son abcès lui donne des lancées. Faire des lancées, faire ressentir des élancements de douleur (d’un abcès, d’une inflammation, etc.).
⇒ débattue.
1 « Maintenant je revenais librement à la sagesse, c’est-à-dire à ma table à écrire, le
ventre un peu gargouillant du breuvage que je venais d’absorber. Mais qu’importe le
gargouillis – les bulles, les lancées, les brusques crispations de l’intestin – à qui se nettoie d’années d’erreur ! » J. Chessex, Les Yeux jaunes, 1979, p. 191.
2.◆ Accès, secousse, à-coup, poussée. Arriver en lancées, par lancées.
2 « J’ai des lancées de chaleur qui me collent dans l’humidité. Il faut que j’aille acheter quelque chose
pour dormir, des somnifères. » A.-L. Grobéty, Zéro positif, 1975, p. 330.
3 « Si, à cet instant-là, au centre de cette gare de larmes de fer et de rouille, dans
le ferraillement aigu des trains amenant et arrachant, si j’avais pu comprendre pleinement
le sens de ces lancées de remords, si j’avais su pleinement constater ce rejet, j’aurais sûrement évité
d’avoir à faire ce détour plein d’angoisse et de souffrances, ces trajets de bête
blessée qui tente d’aller de l’avant, de s’échapper. » A.-L. Grobéty, Infiniment plus, 1989, p. 94-95.
Commentaire. Première att. en France : 1803 (Molard) ; première att. en Suisse romande : 1825 (GuilleDial). Dans les dialectes, le type est attesté en
Lorraine, dans le Doubs, en Suisse romande, dans l’Isère, en Provence et en Béarn ;
en français régional, en plus des att. romandes, on l’a relevé dans le Doubs, à Lyon, dans l’Isère, dans l’Allier (France
Lagueunière, comm. pers., 10 juin 1997), dans l’Ardèche, à Marseille et dans le Midi pyrénéen. Le mot figure
à la nomenclature de plusieurs dictionnaires français (d’abord chez Littré), mais
comme technicisme peu usité ou vieilli (v. bibliographie ci-dessous) ; en fait, il
n’a jamais dû faire partie du français courant et commun, sauf dans les régions déjà
mentionnées. Part. passé fém. substantivé de lancer v. intr. “élancer, causer des élancements”, bien attesté en Suisse romande (Peter, Callet, Pier) mais aujourd’hui désuet ; type
aussi connu dans les régions où l’on relève le déverbal (v. FEW).
Bibliographie. MolardLyon 1803 s.v. lancer ; GuilleDial 1825, p. 82b ; PeterVoc 1828 ; PeterCacol 1842 ; CalletVaud 1861 ; GrangFrib
1864 ; BonNeuch 1867 ; « terme employé par quelques médecins comme synonyme d’élancement » Littré 1867 ; « n. f. pl. élancements douloureux qui se produisent dans une affection inflammatoire » Lar 1873–1948 ; PuitspeluLyon 1894 s.v. élancée ; OdinBlonay 1910, p. 311b ; Pier, PierSuppl ; BoillotGrCombe 1929, p. 206 ; BrunMars
1931 ; FEW 5, 156b, lanceare 3 ; « peu us. » Lar 1960 ; IttCons 1970 ; « vx » LarL 1975 ; « pathol. » TLF ; « pathol. » Lar 1984 ; « (méd.) vx » GR 1985, 2001 ; ChapuisMots 1988, p. 45 s.v. lancer ; GPSR 7, 45a s.v. faire 3° 1 a ; MazaMariac 1992 ; BoisgontierMidiPyr 1992 ; « usuel au-dessus de 40 ans, parfois encore employé à 30, connu au-dessous » BlancRouatVill 1993 ; Lengert 1994 ; SalmonLyon 1995 (att. de 1926).
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