Dictionnaire suisse romand | grimpion, -ionne

les citations

grimpion, -ionne n. m., f.

1.◆ Personne ambitieuse, arriviste (dans la vie sociale, dans l’administration, dans l’armée, etc.). Ce politicien, un vrai grimpion !

1 « Celui-là, c’est un vrai grimpion, il ne manque pas une occasion ! » Enq. CD/II, 1975-1981 (NE Colombier).

2 « T. A. […] passe pour un grimpion. Il a tiré les ficelles pour aller au Conseil* des États et bien calé dans son fauteuil il a pu entreprendre et réussir l’ascension du Conseil* fédéral. » Les 3 d’blanc [journal de la Fête des vendanges], Neuchâtel, 1979.

3 « Si vous aimez les responsabilités, qu’elles vous fassent serviteurs des autres. C’est le seul remède à la tentation d’être “grimpion”. » Gazette de Lausanne, 13 août 1983.

4 « Et voici le slogan que j’avais trouvé et qui cernait la réalité de plus près : “Déjà grimpion !” ce qui signifie en bon vaudois, déjà prêt à toutes les escalades, mais par tous les moyens. » La Suisse, 13 octobre 1983.

5 « La politique grouille de grimpions. C’est une échelle de corde, avec des ouistitis qui se chahutent en bas et quelques gorilles se disputant le dernier échelon tout en haut ! » La Suisse, 4 avril 1993, p. 7.

6 « Il arrive que leurs administrés les “dégomment”. Les pauvres en font une maladie. Puis ils s’empressent de gravir ailleurs l’échelle des honneurs. Ces “grimpions” ont une qualité. C’est d’être toujours prêts à faire avec une satisfaction secrète la corvée qu’un autre refuse. » G. Glasson, La Vie d’un crayon de braise, 1993, p. 17.

2.◆ Petit enfant qui grimpe partout. Ce petit grimpion s’aguille* partout !

Localisation. 1. 〈Suisse romande〉. 2. 〈Canton de Berne (Jura Sud)〉, 〈Canton du Jura (Jura Nord)〉.

Remarques. Cf. encore les dér. grimpionner v. intr. “faire le grimpion” (« Plusieurs employés de cette usine grimpionnent afin de devenir chef » Enq. CD/II, 1975-1981, VD Arnex ; v. HumbGen 1852, Pier et Pid 1983, 1984 s.v. grimpion) et grimpionnage n. m. “action de grimpionner” (« Il fait du grimpionnage » Enq. CD/II, 1975-1981, NE Cortaillod), tous les deux moins bien attestés que le simple.

Commentaire. Premières attestations : 1820 (avec le sens de “grimpereau”) ; 1829. Les Grimpions est le titre d’une pièce de R. Töpffer (mars 1829) mettant en scène des personnages avides d’ascension sociale (v. R. Töpffer, Théâtre, Genève 1981, Société d’études töpffériennes). Dér. de grimper (suff. ‑ion) ; le mot désignait à l’origine une espèce d’oiseau grimpeur (le grimpereau). Cette acception est également connue dans les dialectes (v. Bridel).

Bibliographie. GaudyGen 1820, 1827 ; HumbGen 1852 ; Bridel s.v. greimpion, grimpion ; LittréSuppl 1877 ; Pier, PierSuppl ; FEW 16, 76b, *grîpan I 2 a ; IttCons 1970 (> CuenVaud 1991) ; PLi depuis 1989 ; OffScrabble 1995.