les citations
gaffer (se -) v. pron.
(fam.) Prendre garde, faire attention (à qn ou qch.). Gaffe-toi ou je te casse la gueule ! Attention, il faut se gaffer, ça glisse. ⇒ se veiller.
1 « – Gaffe-toi. – Je m’excuse, il fait si noir. » Y. Velan, Je, 1959, p. 237.
2 « Nous, toujours à l’affût du suspense, on le suivait, et tout d’un coup, cachés derrière une tombe, on criait : “Gaffe-toi, Pain de Seigle, y’a Gumy qui vient.” » Cl. Cotting, Un Bolze raconte ses souvenirs, 1977, p. 17.
3 « Le Jacques T. […] s’est fait retirer la permission de rouler même en bécane. Il était devenu un vrai danger public. Notre Jacques mécontent est allé se plaindre chez le R. de la Raiffeisen qui l’a mis en garde : – Gaffe-toi ! La prochaine fois, ils vont encore [= même] t’interdire de porter des godasses. » Le Rai-Tiai-Tiai aidjolat [journal de carnaval, JU Ajoie], n° 18, 1995, p. 3.
↪ V. encore s.v. épéclée 2.
(en construction transitive directe) Gaffe-toi les plates-bandes quand tu recules en voiture (ChevalleyListe).
(en construction transitive indirecte) Se gaffer de ne pas tomber.
4 « Le gigolo me tourne le dos ; il n’aime que les vieilles, il a raison, ça lui donne moins de travail dans l’intimité, quelques chatouillis sur le mont-de-vénus et elles sont déjà contentes ; pourtant il doit avoir du mal à les déshabiller, c’est plus très souple, ça crie aïe aïe à cause des rhumatismes, ça a facilement des palpitations ; et puis il faut se gaffer de ne pas trop s’enfoncer, c’est mou partout, quelques-uns de ces ventres doivent être de vrais sables mouvants. » A.-L. Grobéty, Zéro positif, 1975, p. 256.
5 « Bon, maintenant, c’est clair. J’ai fait ma révolte. Je ne pique plus rien. Je suis calme. Mais on s’emmerde toujours. Le décor n’a pas changé. Faut donc que je me gaffe de ne pas recommencer. » Construire, 28 septembre 1994, p. 31.
Remarques. La locution faire gaffe, de même sens, appartient au français de référence ; elle est courante en Suisse romande.
Commentaire. Première attestation : 1921. Innovation suisse romande ; dér. de fr. arg. gaffe n. m. “guet” ou emploi pronominal de fr. arg. gaffer v. intr. “guetter” (v. FEW). L’attestation de 1936 dans EsnaultArg (> ColinArgot), non marquée régionalement, provient de Céline, qui a vécu plusieurs années à Genève.
Bibliographie. RouxArgSold 1921 ; FEW 4, 19a, *gaffare (à tort) et 16, 6a, gaffer (double classement sans renvoi) ; EsnaultArg 1965 ; PLi depuis 1989 ; ChevalleyListe 1990 ; ColinArgot 1990 ; GPSR 8, 14ab.
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