emmoder [ɑ̃mɔde] 🔊 v.
1.◆ (v. tr.) Mettre en branle, en marche, en mouvement, en train ; entreprendre ; encourager (qn à faire qch.). Emmoder une tâche, un travail. Emmoder sa voiture, démarrer. Les jeunes emmodent leur boguet*. Emmoder une luge, lui donner un élan. Emmoder un conteur, l’encourager à raconter. Être bien emmodé, être bien parti.
1 « Prior fut l’un des plus grands menteurs de son époque. Il racontait des histoires
tellement extraordinaires qu’il finissait par y croire et convaincre son entourage.
Pour quelques fois trois décis*, on l’emmodait et nous l’écoutions pendant des heures, ravis et silencieux. » IttCons, 1970, p. 245.
2 « Trois ou quatre fois l’an, les femmes entraient en transes. On emmodait [en italique dans le texte] la grande lessive. » IttÇà, 1975, p. 206.
◇ Emmoder une / la niaise, chercher noise, vouloir commencer à se chicaner.
3 « Du reste, ce n’est pas le syndic* qui a emmodé la niaise. C’est le Justin. Alors ! » S. Chevallier, Ces Vaudois !, 1966, p. 117.
◇ (v. tr. abs.) La musique emmode, la musique se met à jouer.
2.◆ s’emmoder v. pron. Se mettre en branle, en marche, en mouvement, en train ; commencer ; prendre son
élan. La locomotive s’est emmodée. La fanfare s’emmode. Le cortège va s’emmoder d’une minute
à l’autre. Emmode-toi !
4 « Le Vaudois n’est-il pas un peu Gascon ? C’est un conteur-né. Il prend son temps pour
s’emmoder [en italique dans le texte] et amener en artiste la chute de son récit, non sans broder un brin, enjoliver,
renchérir, mentir un peu, mais avec conviction. » IttÇà, 1975, p. 278.
Localisation. 〈Canton de Vaud〉, 〈Canton de Neuchâtel〉 ; 〈Canton du Valais〉, 〈Canton de Berne (Jura Sud)〉 spor.
Remarques. Dans la même famille mais devenus beaucoup plus rares dans l’usage contemporain, on
trouve aussi amoder (GPSR 1, 351ab s.v. amòdā̩) et émoder (GPSR 6, 299b-301a s.v. èmòdā̩).
Commentaire. Première attestation : enmodé (« xviiie s. ? » Pier). Dialectalisme ; type bien attesté dans les patois romands (v. FEW). Préfixé
(< in-) formé sur un représentant de latin vulgaire *mŎvĬtare “mouvoir, bouger”.
Bibliographie. BonNeuch 1867 s.v. émoder (s’) ; WisslerVolk 1909 ; OdinBlonay 1910, p. 172b ; Pier, PierSuppl s.v. émoder ; BiseHBroye 1939, p. 304 ; FEW 6, III, 172b, *mŎvĬtare 1 ; IttCons 1970 (> DFV 1972 ; CuenVaud 1991, p. 70).
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