les citations
dommage adj. inv.
(dans des tournures négatives) Qui a de la valeur et que l’on n’aimerait pas endommager. Il ne faut pas mettre des habits dommage pour repeindre sa chambre.
Pas dommage loc. adj. Dont la détérioration ou la perte ne serait pas sentie comme spécialement regrettable (choses). Avec des enfants, vaut mieux avoir des meubles pas dommage.
1 « Pour faire ce travail au jardin je te demande de porter un habit pas dommage. » Enq. CD/II, 1975-1981 (VD Arnex).
2 « Pour charrier du fumier ou du purin j’ai préparé des vêtements pas dommage. » Enq. CD/II, 1975-1981 (NE Le Landeron).
3 « Nous allons faire une torrée*. Vous mettrez des habits pas dommage. » Enq. CD/II, 1975-1981 (BE Moutier).
4 « Pour trafiquer autour de la maison, mon père porte une vieille culotte militaire pas dommage. » Enq. CD/II, 1975-1981 (JU Porrentruy).
5 « Profitez du week-end pour faire une balade en forêt afin d’en rapporter quelques belles branches de hêtre que vous ferez immédiatement tremper dans un bon demi-litre de glycérine anglaise […] que vous aurez versée dans un vase pas trop dommage. » 24 heures, 20 octobre 1976, p. 17.
6 « Avant même d’avoir enfilé les gants de chirurgien et le t-shirt “pas dommage”, vous ne savez plus où donner de la tête. » Le Nouveau Quotidien, 18 mars 1994, p. I (suppl.).
Que l’on ne souhaite pas ménager spécialement (personnes). On a mis les invités pas dommage dans le fond. Il n’est pas plus dommage que moi, qu’il travaille lui aussi ! C’est du vin pour les visites pas dommage.
7 « Madame-mère, en revanche, me répétait que des générations de femmes enceintes avaient fait les effeuilles*, qu’elles n’en étaient pas mortes, et que je n’étais pas plus dommage [en italique dans le texte] qu’elles. Je l’écoutais avec le respect qu’une bru doit à sa belle-mère. » R. Molliex, Chantevin, 1972, p. 36.
8 « À ce maître, on lui laisse les élèves pas dommage. » Enq. CD/II, 1975-1981 (NE Cortaillod).
9 « Votre serviteur, que les hasards de la vie ont mis naguère en situation de responsabilité avant que d’être sec derrière les oreilles, peut vous en faire la confidence : à 30 ans, si vous êtes chef, vous devez, pour obtenir quoi que ce soit, vous battre comme dix […]. Il est vrai qu’alors on est solide, et pas dommage. » La Suisse, 30 mars 1987.
10 « Pas besoin, pourtant, d’employer un super imparfait du subjonctif pour dire à Lorette qu’on a envie de se rouler dans les foins. […] “Tu viens, chérie ? Tu n’est [sic] pas plus dommage qu’une autre. C’est toujours ton père qui tient l’épicerie ?” » E. Gardaz, Construire, 26 janvier 1994, p. 30.
11 « En cas de refus […], vous en subirez les conséquences jusqu’aux prochaines vacances, du chef qui vous culpabilisera paternellement aux collègues qui vous feront comprendre que vous n’êtes pas plus dommage qu’un autre […]. » Contact, 10 novembre 1994.
Commentaire. Première attestation : 1885, M. de Riedmatten, Journal intime, t. I, p. 164 (v. GPSR). Innovation du français régional, attestée très sporadiquement dans les patois (VD Blonay et VS Savièse ; op. cit.), et qui pourrait bien représenter un calque de constructions allemandes très proches : cf. all. jemand / etwas ist für jemanden / etwas zu schade “jemand / etwas ist zu gut für jemanden / etwas” et sich für etwas zu schade sein “etwas als unter seiner Würde ansehen” (LangenscheidtGroß). — Ces emplois manquent dans FEW 3, 11a, damnum.
Bibliographie. PludFranç 1890, p. 25 ; OdinBlonay 1910, p. 85a ; Pier ; GPSR 5, 844a-846b.
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