croûte dorée n. f.
◆ Tranche de pain trempée dans du lait et passée dans des œufs battus, rôtie ensuite
dans du beurre, et souvent saupoudrée de sucre et de cannelle. Croûtes dorées au sucre et à la cannelle. Des croûtes dorées pour souper*.
1 « On se réunissait dans un salon bas et propret, sur des chaises de paille, des groupes
de dames et des gamins bronchiteux jouaient aux cartes, les restes du souper* de croûtes dorées et de café au lait traînaient encore sous les lustres de la salle à manger vitrée. » J. Chessex, L’Ogre, 1973, p. 176.
2 « À ces aînés, la maîtresse conte une histoire merveilleuse où il est question de bijoux
en or, de diamants et, pour savoir si son auditoire est attentif, elle demande soudain :
– Qu’est-ce que l’on fait avec de l’or ? / – Des croûtes dorées ! s’écrie la minuscule Anne-Lise qui n’avait pas à se mêler de la leçon, mais qui
n’a pas pu se retenir plus longtemps… » A. Belperroud, Les toutes bonnes du syndic, 1973, p. 192-193.
3 « Les croûtes dorées sont faciles à préparer. » Enq. CD/II 1975-1981 (NE Le Landeron).
4 « Nous avons mangé de délicieuses croûtes dorées au sucre et à la cannelle. » Enq. CD/I, mars 1976 (NE Bôle).
5 « Faites fondre du beurre dans une poêle à frire. Trempez rapidement chaque tranche
de pain dans le lait bouillant (afin qu’elle ramollisse), puis dans les œufs. Faites
dorer des deux côtés dans le beurre. Pour obtenir de bonnes croûtes, ne lésinez pas sur celui-ci et ajoutez-en chaque fois que c’est nécessaire. Placez
les croûtes dorées au fur et à mesure dans un plat tenu au chaud et saupoudrez de sucre et de cannelle. » M. Vidoudez, J. Grangier, À la mode de chez nous, 1976, p. 171.
Remarques. Correspond au français de référence pain perdu ou pain doré (v. TLF s.v. pain A 2). Cf. encore les équivalents régionaux suivants : Ardennes soupe dorée n. f. (Vauchelet), Thiers id. (Bull. de la Soc. des Études Locales et du Musée de Thiers 9, p. 28), Livradois [Massif
central] soupes dorées n. f. pl. (Bizà Neirà 27, p. 27) ; Québec toast dorée n. f. (ALEC 200, points 7, 29 ; DFPlus 1988 ; DQA 1992), Acadie id. (ALEC 239x, point 151) ; Québec tranche dorée (ALEC 200, point 23), Gard tranches dorées n. f. pl. (L. Chaleil, La Mémoire du village, 1989, p. 87) ; v. FEW 25, 1032a, aurum II 6 b β.
Commentaire. Premières attestations : latin médiéval crostas deauratas (VD Yverdon 1481), crustas deauratas (VD Yverdon 1502), v. Pier ; frm. croûte dorée (1852, HumbGen). Innovation suisse romande, aussi attestée dans les patois (v. GPSR).
Le type croûte pour désigner une tranche de pain est abondamment documenté en français de SR chez
les glossairistes du xixe siècle (cf. croûte au beurre “beurrée” depuis DeveleyVaud 1808, n° 89) ; il survit dans la lexie croûte dorée, mais aussi dans croûte au fromage et croûte aux champignons ; ces deux derniers sont donnés sans marque régionale par TLF et GR 1985, mais il
faudrait peut-être les considérer comme des helvétismes de fréquence. — Manque à FEW 2, 1371b, crŬsta I 1 a, à côté de frm. croûte [n. f.] “tranche de pain frite dont on pare certains plats” (Monet 1635 ; DG).
Bibliographie. HumbGen 1852 s.v. croûte au beurre ; BonNeuch 1867 s.v. croûte dorée ; Pier s.v. croûte 2° ; PierSuppl ; GPSR 4, 614b-615a s.v. croûte 3° 1 ; IttCons 1970, p. 58 ; GPSR 5, 870a s.v. doré 4° ; Lengert 1994 (qui n’a pas consulté Pier) ; FEW 25, 1032a, aurum II 6 b β
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