Dictionnaire suisse romand

les citations

courate n. f. (parfois couratte)

1.◆ Jeu de poursuite dans lequel le poursuivant touche de la main un de ses camarades qui devient poursuivant à son tour. Jouer à la courate.

1 « Et puis, on a fait des jeux, on a joué au furet, à la cache [= à cache-cache], à la courate, à la bague d’or. » MeijerEnq, 1962, p. 86.

2 « Pour rigoler avec, rien à faire. Pire qu’une fille qui a mis sa robe du dimanche. Va jouer à la courate avec un qui regarde par terre pour ne pas marcher dans une beuse [= bouse] ! » S. Chevallier, Ces Vaudois !, 1966, p. 43.

3 « À la corde, à la “courate”, au ballon, Jeanne reçoit les rôles de choix. » S. Deriex, L’Enfant et la mort, 1968, p. 305.

4 « Viens, on veut* jouer à la courate. » Enq. CD/I, mars 1976 (NE Colombier ; le témoin a ajouté : Vaud.)

5 « Les enfants, notamment, n’ont plus la possibilité de jouer au ballon ou “à la couratte” à proximité de l’appartement où ils vivent. » 24 heures, 13 septembre 1976, p. 16.

6 « Les premières années nous faisions la “courate” dans tout le village. On jouait beaucoup avec les enfants de notre âge. » M. Métrailler, La Poudre de sourire, 1980, p. 17.

2.◆ (loc. verb.) Avoir la courate, avoir la manie de se déplacer continuellement.

7 « Reste tranquille : tu as la courate ! » Enq. CD/II, 1975-1981 (JU Franches-Montagnes).

Localisation. 1 : 〈Canton de Vaud〉, 〈Canton du Valais〉, 〈Canton de Neuchâtel〉 ; 2 : 〈Canton de Vaud〉, 〈Canton de Genève〉, 〈Canton de Neuchâtel〉, 〈Canton du Jura (Jura Nord)〉 (Franches-Montagnes).

Remarques. En France, le jeu équivalent (1) s’appelle le chat ; au Québec, la tag.

Commentaire. Première attestation : 1910. Déverbal de courater (v. ce mot). En français régional de France, cf. Pontarlier, Grand’Combe (Haut-Jura), Haut-Jura courate “poursuite, jeu d’enfants” ; Mâcon (Saône-et-Loire) courate “personne qui est souvent hors de chez elle” ; Ain “personne qui ne reste pas en place ; femme peu sérieuse ; ouvrier qui bâcle son travail ; envie de bouger sans cesse ; diarrhée”, être à la courate “courir les filles” ; Pilat et Beaujolais “personne qui ne reste pas en place ; femme peu sérieuse ; ouvrier qui bâcle son travail” ; Pilat, Beaujolais, Velay avoir la courate “avoir envie de se déplacer, de voyager souvent” ; Lyon couratte “femme qui ne tient pas en place”, avoir la couratte “avoir la manie de courir sans cesse de droite à gauche” ; Poncins (Loire) courate “celui, celle qui aime courir de ci de là” ; Savoie être à la courate “être parti courir les filles” ; Annonay (Ardèche) avoir la courate “ne pas rester en place ; courir les filles ou les garçons”. V. encore DRF.

Bibliographie. OdinBlonay 1910, p. 299b ; Pier, PierSuppl ; CollinetPontarlier 1925 ; Mâcon 1926 ; BoillotGrCombe 1929, p. 198 ; FEW 2, 1569ab et 1570a, cŬrrĔre I 1 b β et c ; MeijerEnq 1962 ; GPSR 4, 426b-427a ; IttCons 1970 (> CuenVaud 1991) ; Had 1983 ; Pid 1983, 1984 ; GononPoncins 1984 ; DurafHJura 1986 ; GuichSavoy 1986 ; Nic 1987, 1990 ; MartinPilat 1989 ; DromardFrComt 1991 ; ColinParlComt 1992 ; VurpasMichelBeauj 1992 ; DQA 1992 ; FréchetMartVelay 1993 ; GagnySavoie 1993 ; Lengert 1994 ; RobezMorez 1995 ; FréchetAnnonay 1995 ; SalmonLyon 1995 ; FréchetAin 1998 ; DRF 2001.