coter [kɔte] 🔊 v. tr. (var. cotter)
1.◆ Étayer, soutenir avec un étai, une cote (v. rem. ci-dessous) ; consolider, stabiliser, bloquer, immobiliser. Coter une armoire, un mur, une barrière ; coter une porte avec une barre de bois ;
coter un arbre trop fragile avec un piquet. ⇒ cote.
1 « D’un coup de poing sec, il décale le “dordet” [= gros bâton] qui, du plafond, s’inclinait pour “cotter” la porte la nuit. » W. Dubois, En poussant nos clédars, 1959, p. 146.
2 « Soulevé par un souffle égal, le sein contre lequel il était coté le berçait. » D. Baud-Bovy, L’Homme à la femme de bois, 1970, p. 23.
3 « Le prunier est chargé de fruits : il faut coter les principales branches. » Enquête CD/I, 1976 (NE Le Landeron).
2.◆ Fermer à clef. N’oublie pas de coter la porte avant de partir ! Coter son vélo, verrouiller le système de protection anti-vol.
4 « T’as déjà coté la porte ? » Enq. CD/I, 1976 (NE Colombier).
5 « Oh, c’est coté. Comment on va faire pour entrer ? » Enq. CD/I, 1976 (NE Colombier).
6 « La seule fois qu’elle a oublié de coter son vélo, elle se l’est fait voler. » Témoin âgé de 40 ans, VD Yverdon, septembre 1997.
◇ (en emploi tr. abs.) As-tu coté ?
7 « Vous avez tout fermé, tout coté. » Jeune fille de 16 ans (VD Monts de Pully), 1976.
◇ (v. pron.) Se coter, s’enfermer. Ils se sont cotés à la maison (CuenVaud 1991).
3.◆ Border. Coter un lit.
4.◆ S’arrêter, hésiter en parlant ou en récitant un texte. Il a réussi à parler sans coter.
Localisation. Sens 1 : 〈Suisse romande〉. Sens 2 : 〈Canton de Vaud〉, 〈Canton de Fribourg〉, 〈Canton de Neuchâtel〉. Sens 3 : 〈Canton de Vaud〉, (surtout) 〈Canton de Genève〉, 〈Canton de Neuchâtel〉. Sens 4 : 〈Canton de Vaud〉, 〈Canton de Genève〉, 〈Canton de Neuchâtel〉.
Remarques. Cf. encore le dér. préfixal décot(t)er v. tr. “enlever les étais ou la barre de bois fermant une porte ; déverrouiller une porte ;
rendre débrouillard (un enfant p. ex.)”, “J’ai décoté la porte de la remise ; j’avais retrouvé la clef”, Enquête CD/I, 1976, NE Cortaillod, (BonNeuch 1867 ; OdinBlonay 1910, p. 98b ; Pier, PierSuppl ;
GPSR 5, 239a-240b s.v. dèkòtā̩ ; FEW 24, 91a, accŬbĬtare 2 b α ; ChuardVaud 1979 ; Had 1983 ; ArèsParler s.v. coter) et le déverbal cot(t)e n. f. “étai, cale, support”, “Il faut mettre une cotte sous le pied de cette armoire, pour l’équilibrer”, Enquête CD/I, 1976, BE Moutier, (DeveleyVaud 1808 n° 439 ; Dumaine 1810 ; DeveleyVaud 1824 ;
GuilleDial 1825, p. 57 ; PeterVoc 1828 ; HumbGen 1852 ; CalletVaud 1861, p. 43, 93 ;
GrangFrib 1864 s.v. coter ; BonNeuch 1867 ; OdinBlonay 1910, p. 275b ; Pier ; PierSuppl ; « kut “cale” » BoillotGrCombe 1929, p. 198 s.v. kutḗ ; IttCons 1970 > DFV 1972 ; Pid 1983, 1984 ; GrafBern 1987 ; Nic 1987, 1990).
Commentaire. Première attestation : 1540 (v. Pier). Dialectalisme ; emprunt au type kòtā̩, du lat. accŬbĬtare (qui a donné accoter en français général, terme aujourd’hui vieilli), avec chute du préfixe (⇒ cote). Dans les patois, on retrouve les types cotter et cotte avec les sens de base respectifs de “étayer” et de “étai” sur une bonne étendue du domaine galloroman : Jersey ; Poitou ; dans l’est : Moselle,
Aube, Côte-d’Or, toute la Franche-Comté (sous la forme couter), Savoie, Haute-Savoie, Ain, Rhône, Alpes ; dans le domaine d’oc : Hérault, Tarn,
Aveyron, Lot, Lot-et-Garonne, Gers, Pyrénées-Atlantiques (v. FEW). En français régional
de France, il est attesté aujourd’hui en Franche-Comté et en Savoie. — VS Savièse
ẹkotá “étayer” et dẹkotá “enlever les appuis” ont été classés par erreur sous *skŎt dans FEW 17, 128b ; v. GPSR 5, 240b.
Bibliographie. DeveleyVaud 1808, n° 439 ; Dumaine 1810 ; DeveleyVaud 1824 ; PeterVoc 1828 ; HumbGen
1852 ; CalletVaud 1861, p. 12, 43, 93, 98 ; GrangFrib 1864 ; BonNeuch 1867 ; Puitpelu
Lyon 1894 (cotte, cotter s.v. cotte) ; WisslerVolk 1909 ; OdinBlonay 1910, p. 275b ; Pier ; PierSuppl ; « kutœ̨̄́ “caler, arrêter une voiture au moyen d’une kut [cale]” » BoillotGrCombe 1929, p. 198 ; BiseHBroye 1939, p. 304 ; SnellGen 1960 ; MeijerEnq
1962 ; FEW 24, 91a, accŬbĬtare 2 a ; IttCons 1970 (> CuenVaud 1991) ; Pid 1983, 1984 ; « coter » DurafHJura 1986 ; GuichSavoy 1986 (coter) ; GrafBern 1987 ; « coute, couter » DromardFrComt 1991 ; « cote, coter » GagnySavoie 1993 ; ArèsParler 1994 ; « coter, coute » RobezMorez 1995 (avec fausse étymologie *skott [sic], v. ci-dessus) ; « cotter » OffScrabble 1995.
Simone QUENET
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