cocoler v. tr.
◆ Choyer, dorloter, câliner, chouchouter (animés) ; prendre grand soin de (inanimés). Cette grand-mère aime bien cocoler ses petits-enfants. Un propriétaire qui cocole
sa reine* à cornes. ⇒ gâtion ; gâtionner.
1 « Maman le prend dans ses bras, l’embrasse et le cocole. » MeijerEnq 1962, p. 173.
2 « En voilà un qui sait se faire cocoler par sa femme. » Enq. CD/II, 1975-1981 (FR La Roche).
3 « […] Fayçal n’avait quand même pu oublier, n’avait pu oublier qu’il était un Arabe,
un véritable Arabe du désert éblouissant, du désert des exigences roides, absolues,
des tentes claquant au vent, des chameaux bêlants, de la vieille histoire de cette
dynastie wahabite sortie des dunes, cocolée par les Français […]. » Nouvelliste et Feuille d’Avis du Valais, 26 mars 1975.
4 « Elle le lave, elle regarde s’il a des puces, elle le cocole ce chat ! » Témoin dans la septantaine, 1977 (NE Le Landeron).
5 « Moi j’ai pas été cocolée dans mon enfance. » Témoin dans la cinquantaine, 7 septembre 1977 (NE Bevaix).
6 « Je lui parlais. Il m’écoutait, les oreilles bien dressées, et je sais qu’il me comprenait.
“Évidemment, me disait son maître, nous n’avons pas autant de temps que vous pour le
cocoler…” » Tribune-Le Matin, 17 septembre 1977, p. 4.
7 « Une vigne, vous pouvez bien la cocoler, si y a pas de ceps y a pas de raisin. » Vigneron à la retraite, 26 octobre 1978 (NE Bevaix).
8 « Nous avons eu deux fils et aujourd’hui c’est deux petits-fils qui viennent se faire
“cocoler” ici dans notre maison construite entièrement de nos mains. » T. Rossier, Contes et légendes de Fribourg, 1984, p. 200.
9 « [titre] Cocolés chez Calvin / Les parlementaires comme des princes […] Ils étaient aussi tous de
bonne humeur. Il est vrai que les services du Parlement n’avaient rien négligé. Les
huissiers étaient là pour prendre en charge les parlementaires et les cocoler comme des princes. » Le Matin, 21 septembre 1993, p. 5.
10 « Les adolescentes qui pratiquent déjà l’équitation sont ravies de “cocoler” un cheval pendant quelques jours : “Elles le soignent bien. Elles lui mettent des perles dans la crinière, lui font des
tresses”, s’amuse G. C. » L’Express, 2 juillet 1997, p. 3.
Remarques. Cf. encore cocolet, cocolette n. m., f. “enfant gâté, que l’on cocole” (VD, FR, NE ; v. IttCons 1970, DFV 1972, Had 1983, Manno 1994, p. 212) ; cocoleur adj. “qui cocole” (« Ça n’a jamais été le père cocoleur » institutrice dans la cinquantaine, 12 mai 1976, NE Peseux).
Commentaire. Premières attestations : 1641, BE Courtelary (« les coqueloit et admadouoit comme la poulle fait des pousins » mat. manuscrits GPSR) ; 1811 (sous la forme moderne, v. Pier). Emprunt du français régional
au patois coquelá (FEW), cocola (Bridel), représentant d’un type dialectal attesté en Suisse romande, dans le Dauphiné
ainsi qu’à Agen (Lot-et-Garonne). Cf. Morez (Haut-Jura) cocoler v. tr. “traiter une personne avec tendresse”, Vourey (Dauphiné) se cocoler v. pron. “se ratatiner sur soi-même, à cause du froid” (v. TuaillonVourey, qui voudrait rattacher le mot à la famille de coquille), Lyon cocoler v. tr. “choyer, chérir, caresser” et Val d’Aoste cocoler, coqueler, coucouler “choyer, dorloter”. L’italien standard connaît coccolare v. tr. “chouchouter, dorloter” (v. DELI, qui rattache le mot à cocco n. m. “œuf”, d’origine onomatopéique). La base Frantext fournit deux attestations de cocoler “dorloter” chez Annie Ernaux (Ce qu’ils disent ou rien, 1977, p. 139 ; La femme gelée, 1981, p. 169) ; on ignore cependant l’origine de la romancière.
Bibliographie. GaudyGen 1820, 1827 ; PeterCacol 1842 ; HumbGen 1852 (> ConstDésSav 1902) ; CalletVaud
1861 ; Bridel ; BonNeuch 1867 ; GrangFrib 1868 ; PuitspeluLyon 1894 ; WisslerVolk
1909 ; OdinBlonay 1910, p. 266b ; Pier, PierSuppl ; FEW 2, 862a, kok- 7 g (et à tort 7, 110b, Nicolaus I 4) ; IttCons 1970 (> DFV 1972 ; CuenVaud 1991) ; DELI ; Alpha 1982 ; TuaillonVourey
1983 ; Had 1983 ; Pid 1983, 1984 ; MartinAost 1984 ; PLi depuis 1989 ; Manno 1994, p. 212 ; RobezMorez 1995 ; OffScrabble 1995 ; SalmonLyon 1995.
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