chen(e)au [ʃ(ə)no] 🔊 n. f.
◆ Canal fixé au bord inférieur des toits, ayant pour fonction de recueillir les eaux
de pluie ; tuyau de descente des eaux de pluie. La chen(e)au est bouchée.
1 « Il y a la chenau qui est bouchée, avec toutes ces feuilles. » Enq. CD/II, juillet 1976 (FR La Roche).
2 « Cette chenau est pourrie ; on en mettra une en cuivre. » Enq. CD/II, 1976 (NE Neuchâtel).
3 « En effet, les chenaux du vénérable édifice n’avaient pas été nettoyées depuis la fin de l’hiver et l’afflux
d’eau dû à la violence de l’orage en question a provoqué le débordement perturbateur. » Vevey-Riviera, 2 juin 1992.
◇ (par anal. de forme) Auge dans laquelle on lave le porc abattu lors de la boucherie*.
4 « Laver le cochon dans la cheneau, limer son cuir, arracher les soies avec la chaîne dans l’eau de soude, ça nous connaît. » J. Chessex, Portrait des Vaudois, 1969, p. 48.
Remarques. Le mot du français de référence, chéneau n. m., ne semble pas avoir réussi à s’imposer dans l’usage suisse romand ; il bénéficie
cependant d’une certaine connaissance passive. — Les plus anciennes attestations du
mot suisse romand ont ‑au à la finale ; les glossairistes du xixe s., ne voyant dans ce mot qu’une variante fautive de fr. chéneau n. m., ont préféré l’orthographier avec une finale ‑eau (qui ne se justifie pas davantage, étymologiquement, dans le cas de chéneau). L’analogie avec canal ou chenal, de même origine, et qui font leur pluriel régulièrement en ‑aux, explique sans doute la graphie chenau.
Commentaire. Première attestation : 1402, Lausanne (chinaul). Dialectalisme. Le genre féminin est attesté pour ce type lexical dans plusieurs
dialectes galloromans ; l’hésitation quant au genre remonte au latin. En France, dans
l’usage régional contemporain, on a relevé Vaux-en-Bugey (Ain) ch(e)nô n. f. “chéneau, chenal, tuyau de descente” ; Morez (Haut-Jura) cheneau n. f. “chéneau” ; Lyon cheneau n. m. “chéneau” ; Pilat, Velay, Auvergne, Ardèche cheneau n. f. “chéneau, gouttière” ; Roussillon cheneau n. m. ou f. “chéneau”. V. aussi DRF.
Bibliographie. DeveleyVaud 1808, n° 144 ; Dumaine 1810, p. 220 ; DeveleyVaud 1824 ; GuilleDial 1825,
p. 65 ; PeterCacol 1842 ; CalletVaud 1861 ; BonNeuch 1867 ; DupertuisVaud 1892 ; WisslerVolk
1909 ; Pier, PierSuppl ; BoillotGrCombe 1929 ; FEW 2, 169a, canĀlis I 3 a ; DurafVaux 1941 ; GPSR 3, 493-494 s.v. chenal ; ZumthorGingolph 1962, p. 256 ; BonnaudAuv 1976 ; GR 1985 ; BourquinPays 1985, p. 51 ;
GrafBern 1987 ; MartinPilat 1989 ; CampsRoussillon 1991 ; FréchetMartVelay 1993 ;
PotteAuvergne 1993 ; Lengert 1994 ; RobezMorez 1995 ; FréchetAnnonay 1995 ; SalmonLyon
1995 ; PLi 1998 ; DRF 2001(où la première datation en Suisse romande est à corriger ;
v. ci-dessus) ; GR 2001.
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