chef (à -) loc. adv.
◆ (Entre dans la composition de deux loc. verbales :) Mener à chef, conduire à chef qch., achever, porter à conclusion, réaliser. Mener à chef un projet, une exposition, des réformes. ⇒ menée.
◇ mener à chef.
1 « Ainsi abandonnés dans l’herbe desséchée et jaunie, les bosquets défleuris ruisselant
d’eau, le brouillard et le vent, ils font songer à des débris mis au jour lors de
quelque fouille archéologique ou encore des tentatives de sculpture abstraite abandonnées
durant l’hiver et attendant le retour de la belle saison pour être menées à chef. » A. Rivaz, Jette ton pain, 1979, p. 165-166.
2 « POUR les exécutions fignolées, les besognes menées à chef, l’esprit de suite, les sobres massacres et les travaux de génie civil à côté desquels
le Louvre est un simple pâté, prière ici de s’adresser aux insectes. » N. Bouvier, Le Poisson-Scorpion, 1981, p. 129.
3 « L’avocate suisse […] ajoute en forme de réquisitoire : “Il est par ailleurs patent qu’en deux ans d’existence votre Tribunal n’a encore mené à chef aucun procès ni rendu aucun jugement […]”. » Diplomatie Judiciaire 2000, 24 novembre 1997, Archives (Internet).
4 « Afin de mener à chef le projet qui voit le jour aujourd’hui, la Fondation a mis en place une structure
à trois niveaux […] » Feuille d’Avis Officielle, Genève, 18 février 1998, Archives (Internet).
5 « Le bilan de M. J. G. est donc d’une rare qualité et seul un homme de sa trempe aura
pu mener à chef une tâche d’une telle ampleur politique avec, à la clé, un esprit de sacrifice reconnu
[…] » Profil Libéral Neuchâtel, 21 septembre 2000, Archives (Internet).
6 « [titre] La négociation a été menée à chef après des débats nourris. » Bureau d’information et de communication de l’État de Vaud, 16 décembre 2002, Archives (Internet).
◇ conduire à chef.
7 « […] il était avare d’éloges et il aimait à ramener à lui tout le mérite de ses travaux.
Alors que seul il était parfaitement incapable d’en conduire aucun à chef. Il fallait toujours qu’on le guide et qu’on le corrige sans qu’il s’en aperçoive. » J. Mercanton, L’Été des Sept-Dormants, 1974, p. 567.
8 « […] j’ai fait connaître à ce sujet ce que j’ai estimé bon, à savoir que le Seigneur
semble à présent conduire à chef son plan avec sa créature et que des mains humaines ne sauraient ni ne pourraient
rien changer à la réalité telle qu’elle est. » C. Bille, Deux Passions, 1979, p. 61.
9 « Cela me permet d’aborder, précisément pour arriver à cette coordination entre les
deux départements*, un thème que je voulais aborder il y a deux ans déjà et que nous pouvons maintenant
conduire à chef. » Conseil national* : Session d’été 1997, 10 juin 1997, Archives (Internet).
Remarques. Aujourd’hui, on trouve ces loc., qui se révèlent être d’authentiques régionalismes
inconscients, surtout dans la presse, avec une nette prédominance de mener à chef. — Le français de référence connaît les loc. équivalentes mener à bien, mener à (bonne) fin, mener / conduire à terme.
Commentaire. Archaïsme du fr. de la Renaissance. Aux xvie-xviie s., le syntagme à chef (de) “à bout, au bout (de)” était très courant et entrait dans la composition de plusieurs locutions prépositionnelles
et verbales : à chef de temps, à chef de pièce “au bout d’un certain temps”, mettre à chef qch. “accomplir”, venir à chef de qch. “venir à bout de, accomplir” (attesté déjà depuis le xiiie s.). Conduire à chef est attesté de 1572 à 1625, tandis que mener à chef apparaît en 1615 et en 1626 (Frantext). Ces deux dernières locutions ont dû survivre
plusieurs siècles en SR (peut-être dans des textes administratifs), mais n’ont guère
été remarquées parce que tenues pour du bon français. Notre documentation ne relève
mener à chef qu’en 1944 : « Nous avons à travailler à des choses très belles, très ardues, qu’il est bien difficile
de mener à chef dans la vie. » (M. Chappaz, La Grande Journée de Printemps, p. 30.) Quant à la loc. conduire à chef, elle apparaît chez J. Mercanton en 1974 (voir cit. ci-dessus). — La loc. mener à chef a été repérée sur un site bisontin en juin 2003 (« Quelques affaires menées à chef »). — Serait à ajouter à FEW 2, 337a, CAPUT I 2 a.
Bibliographie. StRobert 1993.
Pierre KNECHT
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