channe n. f.
![]() ![]() 1.◆ Broc en étain, muni d’un couvercle, pour servir le vin. La capacité des channes peut aller de quelques décilitres à plusieurs litres et leur forme varie selon les
cantons. Une channe de vin rouge. Les channes fribourgeoises, valaisannes, vaudoises. Une channe
assortie d’un plateau et de gobelets pour le vin blanc.
1 « Au glorieux mur du “local” s’étalent les drapeaux verts et blancs des cortèges solennels et les fanions brodés
d’or de l’Amicale, dans les vitrines pèsent les channes, les chaînes, les gobelets d’étain aux devises exaltantes et magiques […]. » J. Chessex, Portrait des Vaudois, 1969, p. 168.
2 « La “channe”, récipient d’étain pour servir le vin, évoque immédiatement le Valais. Elle est l’équivalent
du pichet français, du pot anglais ou de la chope germanique. » Albert de Wolff, “La channe”, dans Les Propos de l’Ordre de la Channe, 17, 1972, p. 3.
3 « L’unité du Valais, elle est dans les caves sombres et fraîches, dans les carnotzets* et dans les coins à boire, dans le gobelet de bois et dans le verre de cave, dans
la bouteille et dans la channe. » J. Montandon, Le Valais à table, 1975, p. 7.
4 « Un exemple de cet enrichissement peu honnête : une channe d’un litre, neuve, en alliage, coûte une centaine de francs. Après un séjour dans
un tas de fumier – c’est malheureusement la vérité – la channe subira un traitement spécial de ponçage et sera revendue 300 à 400 francs. » 30 Jours, 3 mars 1976, p. 10.
5 « Fendant*… Le mot chante doux et clair comme le tintement d’une vraie channe en étain. » Coopération, 30 septembre 1976.
6 « Ce jour-là, tous les habitants d’un hameau et les touristes de passage reçoivent du
vin à discrétion. Ici, les gobelets en étain ont toujours cours. Là, il reste la channe dont on fait bâiller le couvercle avec le pouce appuyé sur les glands qui servent
de jointures. » J. Follonier et al., Vins du Valais, 1977, p. 190.
7 « Il y avait de toutes petites caves pour entreposer le vin. On le laissait vieillir,
le plus souvent dans des fûts de bois. Pour le boire, on allait le chercher dans des
channes en étain ; on le buvait dans des gobelets de bois, les jours de fête seulement. » M. Métrailler, La Poudre de sourire, 1980, p. 156.
◇ Récipient en bois, de forme et de fonction analogues.
8 « – Quelles sont les pièces tournées qui obtiennent le plus de succès ? / – Les channes ont un grand succès car, en plus du tournage, je vitrifie l’intérieur, ce qui empêche
la channe de se fendre au séchage et surtout après le lavage. » Nouvelliste et Feuille d’Avis du Valais, 6 juin 1975.
9 « J’ai vu, dans un village d’Anniviers, un Français acheter une channe en bois évidée au canif trois fois plus cher qu’une autre superbement polie, mais
reproduite au tour de l’artisan spécialisé. » 30 Jours, 3 mars 1976, p. 10.
◇ Les channes sont souvent offertes en guise de trophée, de prix, de récompense. Des channes seront accordées aux vainqueurs. Une channe gravée.
10 « De l’avis même d’A. M., qui accompagnait les concurrents avec son orchestre, les chanteurs
étaient tous très bons. Si bons, qu’il a été extrêmement difficile de décerner la
channe récompensant la meilleure production, à l’un ou à l’autre des artistes. » L’Express, 4 octobre 1976.
11 « Le summum de l’assemblée fut la remise d’une channe fribourgeoise aux grenadiers ayant passé le cap des cent prestations en uniforme
en cours d’année. » La Gruyère, 26 février 1977.
12 « Le président remit une belle channe en étain au premier, M. J. Ch. […]. » Le Pays, 5 avril 1977, p. 2.
13 « M. J.-Fr. Ch. […] vient de passer avec succès ses examens de mécanicien sur automobiles
avec la belle moyenne de 5,5, ce qui lui vaut le premier rang sur l’ensemble du Jura
et l’attribution de la channe décernée par l’UPSA [= Union professionnelle suisse de l’automobile]. » Le Pays, 10 juin 1977, p. 3.
↪ V. encore s.v. jubilaire.
Remarques. Le mot channe est pratiquement le seul employé en Suisse romande pour référer à cette réalité.
2.◆ Récipient en métal servant au transport d’autres liquides. ⇒ brante 2 ; boille. Une channe de lait.
14 « Cette part d’ouvrage c’est traire les vaches, travailler un domaine tout en côtes,
porter les lourdes channes de lait […]. » Le Sillon romand, 7 février 1975, p. 4.
Commentaire. Première attestation en Suisse romande : 1360 (v. Pier). Survivance d’un type largement
attesté en ancien et en moyen français (sous la forme canne ou channe). Dans l’usage contemporain, la forme channe est aussi attestée dans le Doubs, mais y désigne une mesure de capacité. — Correspond
à l’all. Kanne n. f. et au suissal. Channe [xanə] ou Chante [xantə], de même origine.
Bibliographie. ToubinJura 1869-70 ; Gdf 2, 52bc-53a ; SchwId 3, 373 ; Pier ; CollinetPontarlier 1925 ;
BoillotGrCombe 1929 ; FEW 2, 204, canna I 6 a α ; MüllerMarécottes 1961 ; SchüleNendaz 1963 ; TLF 5, 110b s.v. canne Rem. b ; SchüleListeLar 1978 ; Lar 1979 ; PLi depuis 1980 ; GR 1985 ; Lexis 1992 (sans marque régionale – à tort) ; OffScrabble 1995 ;
GR 2001.
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